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  • Writer's pictureSylvain Lupari

SERGE DEVADDER: Taxon (2018) (FR)

“C'est un album fascinant où les styles de Steve Roach et de Robert Rich vont de pair avec l'esprit plus sombre de Redshift et de Tangerine Dream”

1 Chimära 8:26 2 Salamander 8:22 3 Alraune 8:08 4 Nixen 6:14 5 Perlboot 4:42 6 Vipern 9:02 7 Conchilien 14:20 Groove | GR-260

(CD/DDL 59:11) (Ambient & Berlin School)

L'invasion Belge envahit de plus en plus mes goûts musicaux! Cette fois-ci c'est avec la musique de Serge Devadder qui passe via le label Groove Unlimited afin de nous offrir un étonnant album qui mérite notre attention. TAXON est le sixième album solo du musicien de Bruxelles et propose une musique influencée par des œuvres d'arts aux caractères particuliers, soit la zoologie et les toiles de la peintre allemande Birgit Schweimler qui a déjà réalisé les jaquettes des albums Cambrian, Ganda et puis de ce TAXON. Les œuvres du biologiste et philosophe Ernst Haeckel, le cabinet des curiosités du zoologiste et pharmacien Hollandais Albertus Seba et finalement du photographe américain Henry Horenstein et de ses illustrations de son livre Aquatics sont aussi aux nombres des influences qui ont aidé à concevoir les essences de cet étonnant album où nos oreilles découvriront un fascinant univers qui est étroitement lié à ces influences.

C'est par une valse de carillonnements que débute l'exploration de TAXON. Des cloches tibétaines trimballent leurs collections de timbres dans un mouvement ambiant qui ressemble à la démarche d'un pistorello déambulant la rue principale d'un nouveau village de l'Ouest sauvage. Des nappes de synthé recouvrent cette chorale de clochettes plutôt harmonique de Chimära qui sonne comme une fusion de Robert Rich et de Sensitive Chaos avec un peu de lubrifiant Loren Nerell pour ajouter une touche de drame à cette ballade pour une centaine de clochettes sous un ciel aux couleurs du désespoir. Il y a tout un monde d'imagination et de complexité derrière cette musique, ainsi que sur Nixen qui est beaucoup dans le même genre, mais en plus envoûtant. Salamander épouse un peu les ambiances houleuses, de par l'intensité des couleurs tonales, de Chimära. Le décor est par contre plus lugubre avec des implosions de lignes de basse qui s'écrasent comme des ondes sonores tout en créant un climat d'intrigue. Des courtes lignes de séquences émergent entre ces ombres sibyllines et font courir 3 à 4 ions qui vont et reviennent à intervalle régulier tout au long des 8 minutes de la pièce. Leurs présences se font plus entendre dans le dernier tiers de Salamander, tissant un décor de Berlin School. Parlant Berlin School, Alraune en est un lourd. Aussi lourd que ces séquences qui vibrent et palpitent avec des résonnances dans les univers de Redshift. Des tintements percussifs défilent entre les fentes de cette structure de rythme amphibien qui crache des nappes de synthé aussi rauques et lugubres que des barrissements d'éléphants encerclés d'un troupeau de lionnes géantes. C'est un titre très intense, mais il y a plus! Vipern par exemple qui est un solide Berlin School. Les séquences sont nerveuses et papillonnent sur place dans des tonalités basses qui restituent une trame d'ambiances ténébreuses, un peu dans le genre Near Dark de Tangerine Dream. Ces titres sont des monuments du genre. Après deux minutes d'ambiances à la Steve Roach, Perlboot secoue sa torpeur tonale avec des séquences qui dansent comme des carillons en folie, mais sans tonalité, dans des légers coussins de synthé qui me rappellent vaguement le décor de Silver Scale de Tangerine Dream. Conchilien est le titre le plus tranquille, le plus méditatif de TAXON. Les nappes de synthé, ou les brises de grosses flûtes, sonnent comme des murmures de bateau alors que les ambiances chuchotent ces eaux qui se fracassent sur des rochers.

J'ai bien aimé découvrir l'univers de TAXON. Malgré les styles, on sent la signature tonale très esthétiquement sombre de Serge Devadder qui réussit à tisser les toiles d'un univers à la fois mystérieux et attirant. La balance entre les structures de rythme et les phases d’ambiances est juste parfaite, quoique ces dernières ont un petit quelque chose de très séduisant. Un très bel album étonnement poétique qui prend toute sa dimension au fil des écoutes.

Sylvain Lupari (14/02/19) ***¾**

Disponible au Groove nl

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