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Writer's pictureSylvain Lupari

Subdream Nameless Constellations (2023) (FR)

La musique flirte entre le Dark Ambient et le Psychill cosmique

1 Approaching Gaia 8:10

2 Sanguine Sunset 8:40

3 An Eerie Night 8:56

4 The Crystal Meadow 8:12

5 Nameless Constellations 8:38

6 Prismatic Forest 9:15

7 This is Home 8:03

(DDL 62:49)

(Dark ambient Psychill)

Second album de Subdream sur Exosphere Music, NAMELESS CONSTELLATIONS est dans la même veine que A Tale of Distant Stars. Effet de surprise en moins! Michael Schubert a pigé dans le répertoire de son premier album afin de tisser les grandes toiles d'un album de structures minimalistes où chaque titre prend soin de se développer lentement avec l'ajout de couches de bourdonnements, d'orchestrations, de voix astrales et de mélodies embryonnaires toujours aussi secrètes. La musique flirte entre les origines de la musique d'ambiances ténébreuses, avec des ondes de réverbérations nébuleuses qui vibrent tout en multipliant ces élans sourds qui sont la source de rythmes aussi lents qu'ambiants, et le psychill cosmique riche de son décor d'inusités sonores. Et il n'y a pas juste les titres qui se développent avec lenteur! L'album au complet suit cette tangente pour atteindre un pinacle d'émotivité avec la très belle pièce-titre dont les charmes allument les rythmes pour les derniers titres de ce très bon second effort de Subdream sur le label californien.

Un coussinet de synthé étend son éclat dans l'ouverture bourdonnante de Approaching Gaia. Linéaire, cette onde de drone donne une texture ténébreuse que la diffraction des pads rend un peu plus astrale avec leurs lents déploiements empreints de sérénité. On entend, très discrètement, une ligne d'arpèges séquencés papillonner derrière une chorale stellaire. Si la masse de drones vit sur de sourds élans, cette séquence ressort tranquillement pour structurer un rythme passif dans un panorama où chantent quelques étoiles scintillantes. On reconnait assez aisément dans ce premier titre de NAMELESS CONSTELLATIONS cette touche de mélodie secrète que le musicien-synthésiste Allemand dissimulait avec lyrisme dans l'univers A Tale of Distant Stars. Sanguine Sunset suit avec une onde qui s'élève vers une lourde nappe de drones. Des arpèges tintent ici et là, alors qu'une chorale astrale infiltre nos oreilles avec un fredonnement paisible. À l'image de Approaching Gaia, un nuage d'arpèges se forme et sculpte les mouvements rotatoires d'une nuée de lucioles qui volètent et papillonnent en formant des cercles lumineux. La basse tombe avec lourdeur, créant une intense approche dramatique sous cette folle danse des lucioles musicales qui rappelleront sans doute à quelques-uns d'entre vous cette danse de flocons de neige de Tomita dans la pièce-titre de Snowflakes Are Dancing. La nappe de basse et les arrangements donnent un très bon moment poignant dans l'album. Avec ses arpèges qui tintent de façon aléatoire sur une lourde nappe de bourdonnements, les ambiances de An Eerie Night sont conformes à l'idée musicale qu'on peut se faire du titre. La basse synthétisée sculpte encore ces élans sourds qui forgent un lent rythme ambiant avançant avec nonchalance. Le luisant des arpèges ajoutent vraiment une touche inquiétante à ces ambiances. Les orchestrations et autres effets de dialogue de robots ou d'insectes extraterrestres ajoutent une dimension psychill cinématographique au titre.

Secrète est aussi la mélodie qui survit au tumulte des drones dans The Crystal Meadow. Nous sommes au royaume de l'ambiant ténébreux avec cette masse de bourdonnements qui dérive entre nos oreilles. Le mouvement est atone, sans élans. Seuls quelques filaments d'orchestrations s'échappent ou encore des lamentations, des soupirs. Une ligne d'arpèges volètent secrètement dans ce décor, et son mouvement spasmodique tisse une vague mélodie cadencée qui s'inspire de cette voltige des lucioles dans Sanguine Sunset. Le séquenceur active son rythme ascendant dès l'ouverture de Nameless Constellations. Son mouvement de slalom vertical pétille entre nos oreilles et surfe sur cette mer de drones d'où proviennent aussi les chants mornes d'une chorale chtonienne. Le titre plonge dans une phase de réinitialisation autour de la 3ième minute. Des arpèges ayant une texture plus mélancolique éclosent. Tranquillement, ils forment une mélodie scintillante dont les notes plus hautes, plus aigues transforment notre sang en sérum à larmes. Un superbe moment dans cet album, un pinacle même, où j'ai rencontré quelques difficultés à contenir certains élans de nostalgie. On retrouve les saveurs du psychill avec le rythme ondulatoire de Prismatic Forest et de ses effets organiques qui couinent sur un genre de groove ambiant cosmique. La texture caoutchouteuse de la basse vibrionne dans cet espace où une lointaine tribu de pygmées organise une fête tribale dans une forêt de prismes qui interchangent leurs éclats dans autour d'arbres polyèdres. This is Home est le titre le plus près du New Berlin School dans NAMELESS CONSTELLATIONS. Le séquenceur fait tinter des arpèges qui sautillent maladroitement dans une ouverture remplie de brume. Une brume qui étend son pouvoir dramatique à force d'impacter la puissance de ses réverbérations. Une seconde ligne du séquenceur active une chorégraphie virevoltante avec des séquences aux timbres aussi nuancés que la mathématique du rythme. Les élans sourds de la basse du synthé et ceux du séquenceur convergent en un mouvement complice où les harmonies enneigées de Sanguine Sunset se faufilent dans ce chapelet d'arpèges chatoyant qui défilent avec une illusion de canon musical. Il y a du Steve Roach dans ce très bon titre qui conclut un album de Subdream qu'il faut se donner le temps d'écouter de bout en bout. Titre par titre. Juste pour se faire plaisir…

Sylvain Lupari (11/12/23) ****½*

Disponible au Exosphere Bandcamp

(NB : Les mots en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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