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  • Writer's pictureSylvain Lupari

SYNERGY: Cords (1978) (FR)

Updated: Sep 3, 2019

“Cords de Synergy est un véritable chef-d'œuvre et un opus incontournable de la MÉ moderne qui fait partie de ma Top 10 à vie”

1 On Presuming to be Modern 3:06 2 Phobos and Deimos go to Mars: Phobos 3:45 3 Phobos and Deimos go to Mars: Deimos 3:29 4 Sketches of Mythical Beasts 3:32 5 Disruption in World Communications 4:18 6 On Presuming to be Modern II 2:58 7 A Small Collection of Chords 1:25 8 Full Moon Flyer 7:43 9 Terra Incognita 3:50 10 Trellis 3:38 11 On Presuming to be Modern III 3:25

12 Phobos and Deimos-Radio Edit 4:12 (Bonus track) Voiceprint | VP297CD

(CD 45:36) (Modern EM)

Ça faisait longtemps que je voulais vous parler de Synergy; l'un des plus importants bastions de la MÉ moderne. Et j'ai décidé d'enfoncer le clou lorsque j'ai écouté, par ennui pour ces doux jours oubliés dans le coin de ma mémoire, l'édition remasterisée de CORDS offerte par Polydor. Et comme en 1978, je suis tombé sur le cul! La musique ici est un intense voyage entre l'abstrait et les perversions atmosphériques d'un univers sonique où les maîtres de l'époque n'avaient osé encore aller. CORDS est une symphonie électronique où les sons, les gargouillements, les crissements et les lamentations des machines forment une étonnante symbiose. Et Larry Fast dissèque cette ossature harmonique qu'est le voyage de Phobos et Deimos en multitude de petits segments qui au final peuvent se ressembler mais ont juste ce qu'il faut dans les tons et les nuances pour se distancer et offrir un panorama musical dont l'évolution instaure un climat de hantise qui s'accroche à chaque fibres de nos tympans. Et peu importe les histoires qui entourent cet album, lorsque nous avons les oreilles immergées dans sa musique nous savons que nous sommes dans le cœur de sa bête aux milles fils et boutons: le Moog et le Oberheim.

En 1978, le vinyle est blanc. Et lorsque le bras Itok le percute doucement, c'est un étrange filet de bruits blancs qui émerge des haut-parleurs. Et tombent les strates de synthé dont les arabesques surfent sur les roulements de grosses caisses. On Presuming to be Modern transcende les approches symphoniques des deux premières œuvres de Synergy sur cette ouverture de CORDS. Les couches de synthé sont oblongues et leur descente est vertigineuse. Déjà le monde métaphysique de CORDS s'étend et s'entend dans nos oreilles avec une foule de bruits suspects, dont des murmures absents, qui suintent parmi les grosses frappes de percussions et les chants des oiselets éraillés. L’ambiance? Tétanisante! Entre l'euphonie et les crissements des synthés, l'angoisse (ou l'émotion?) étendra son piège de cristal qui graduellement tiendra nos deux hémisphères en alerte d'une écoute hallucinante. Bienvenue dans CORDS! Et Phobos and Deimos go to Mars percute nos oreilles avec une bataille de touches de séquenceur qui s'entrechoquent dans leurs tonalités les plus disparates, forgeant un puissant et étonnant rock électronique qui n'a jamais été égalé à ce jour. Faut entendre cette ligne de basse, hargneuse et vicieuse, mordre tout sur son passage. Que ce soit la douceur des strates qui tentent d'étendre des filets harmoniques sur ce rythme débridé ou ces séquences qui éclatent comme des frappes de dactylos prises dans un tsunami, la ligne de basse reste furieuse et imite à merveille les courses effrénées que Tony Levin fait sur son manche. Elle court et grimpe sur un rythme lourd et dont la superbe transition avec le voyage de Deimos est un des points les plus percutants de CORDS qui tempère à coup de chagrin la fureur de son rythme endiablé dans les bourrasques des solos torsadés d'un Moog qui se lamente comme un nourrisson en manque. Stupéfiant! Phobos and Deimos go to Mars est, à mes oreilles, le titre le plus percutant et incisif de l'histoire de la MÉ moderne. Des accords isolés tombent comme des flocons de neige noire et les synthés étendent leurs strates philharmoniques, entraînant Sketches of Mythical Beasts dans une lente valse où tout tourne dans des cercles saccadés et érodés. Sournoises et ondulantes, les lignes de basse grommellent un dialecte de bête agonisant dans les méandres du filage d'un Moog qui multiplie des lignes aux odes contradictoire, fusionnant mélodies Straussiennes et lamentations utérines dans un canevas musical devenu de plus en plus angoissant. Spectrale, les délicates notes qui ouvrent Disruption in World Communications font penser à une ritournelle pour gamins gambadant dans des corridors où dort justement la bête aux milles fils et boutons. Un très beau clavecin amplifie cette approche d'innocence qu'un lourd mouvement de synthé croque de ses cris démentiels qui tournent en cercles dans un intense et bruyant décor musical.

A Small Collection of Chords ouvrait la face B avec de fines notes carillonnées qui sont dessinées dans la candeur d'un clavecin. Elles chantonnent avec naïveté sur une belle structure harmonique. Nous entrons dans le volet plus atmosphérique de CORDS. On plonge dans les ambiances baroques du temps des vampires (Le Bal des Vampires) avec cette courte mélodie qui asperge de son innocence les pans de Full Moon Flyer dont l'intro est aussi envoûtante qu'un concerto pour cors et violons. Mais la bête sort de son œuvre. Elle sort avec des roulements de tambour pour gémir dans un dialogue organique où les gargouillements se mêlent à de véritables pleurs d'un synthé qui alimente cette scène dramatique avec des coups de strates qui valsent comme des tombées de feuille dans un automne sec. C'est abominablement intense et poignant. Et c'est superbement tissé dans la hantise la plus viscérale. La finale inonde nos oreilles de sirènes hurlantes, qui couvrent les harmonies d'une orgue oubliée dans ce décor surréaliste et empiètent sur le festin des lamentations qu'est Terra Incognita. L'intro de Trellis tombe dans nos oreilles avec sa grosse ligne de basse et ses morsures gémissantes qui roucoulent lourdement dans de amples oscillations. Tout est de folie dans ce court titre qui tente une percée mélodieuse dans ce bouillon instable qui finit dans un tintamarre somme toute assez harmonieux. On Presuming to be Modern III diffère de ses deux petits frères avec une approche plus sombre et théâtrale. C'est une finale imprégnée des rythmes et ambiances, finement disséqués, d'une œuvre qui vous poursuivra toute votre vie. Cette édition remasterisée offre la version radio de Phobos and Deimos qui est ici plus axée sur son rythme endiablé. Avec ses rythmes et ses ambiances aux diapasons de leurs démences CORDS explique à lui seul toute les possibilités d'une forme musicale dont l'arrivée du numérique a tué dans l'œuf ses innombrables possibilités. Lorsque nous entrons dans CORDS, nous savons que nous sommes dans un endroit unique. C'est un peu comme si nous étions littéralement dans le cœur d'une immense bête musicale et que nous l'entendons lutter pour sa survie et dont ses larmes et gémissements se cristallisent avec toute ses émotions en forme musicale dans l'air ambiant. C'est un chef d'œuvre et un incontournable de la MÉ moderne qui fait parti de mon top 10 à vie. Chapeau Larry Fast! Sylvain Lupari (26/03/13) *****

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