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  • Writer's pictureSylvain Lupari

SYNTH. NL: Apollo (2011) (FR)

Synth réussit à tisser un univers musical où les paradoxes s'harmonisent avec Apollo

1 LaunchPad 6:46

2 Apollo 7 4:23

3 Staging 5:23

4 Apollo 8 6:56

5 Orbit 8:23

6 Apollo 9 6:16

7 Docking 6:56

8 Apollo 11 5:46

9 EarthRise 4:33

10 Apollo 13 5:19

11 ReEntry 5:00

12 SplashDown 4:57

(CD/DDL 70:29)

(E-Rock, EDM, JMJarre)

C'est dans une toile musicale fortement inspirée par Jean-Michel Jarre, époque Rendez-Vous, que baigne les rythmes et ambiances du 4ième opus en solo de Synth NL. Étonnement comme le Rendez-Vous du musicien français! Mais le légendaire synthésiste de France n'est pas la seule source d'inspiration qui a guidée Michel van Osenbruggen dans la réalisation de APOLLO. Né en 1969, soit la même année que Neil Armstrong soit devenu le premier être humain à fouler le sol lunaire, le synthésiste Hollandais a toujours entretenu de solides connections et de vives émotions vis-à-vis les missions d'Apollo et autres expéditions spatiales. Et c'est dans ce contexte qu'il nous propose APOLLO, un solide opus où les voix narratrices historiques et les effets sonores de la NASA envahissent les rythmes et ambiances dissemblables qui entourent 12 titres aux fortes réminiscences de l'univers cosmique et rythmique de Rendez-Vous.

Des grésillements et bruits cosmiques ouvrent l'ambiante introduction de LaunchPad. Une sombre onde de synthé pulse et étend ses sonorités jusqu'aux pulsations ondulantes d'une ligne de basse, conduisant à des échantillonnages vocales qui décrivent une tragédie spatiale. Des ondes de synthé balaient l'atmosphère, telles des phares giratoires éclairant les débris éclatant d'une couleur ignée sous le poids des pulsations devenues plus menaçantes et insistantes. Et c'est sous le discours historique de John Kennedy que LaunchPad décolle lentement avec un rythme incertain lié aux lourdes pulsations et nappé de beaux solos torsadés qui déchirent les voiles circulaires d'un synthé aux visions cosmiques. Cette tendance rythmique un peu ambivalente nourrie la grande majorité des titres de APOLLO. Ainsi, Apollo 7 peine à décoller de son intro aux pulsations rondes qui font du surplace sur de nappes de synthé à peine mobiles. Encore une fois, des échantillonnages vocaux de ce qui semble être les pupitres de la NASA envahissent une belle structure rythmique qui éclot plus clairement avec des percussions papillonnant en contresens sur un rythme planant. Et j'aime bien l'effet stéréo qu'elles projettent dans nos oreilles avec un mid-tempo légèrement groovy qui commande d'autres écoutes pour mieux assimiler. Une belle ligne séquencée trace le parcours sphérique de Staging. Le rythme s'installe. Il est franc et sec! Et surtout mitraillé par des pulsations qui palpitent frénétiquement avant de se souder aux séquences introductives et de danser sur un synthé dont les accords mélodieux s'échappent des solos houleux et des ondes cosmiques. Apollo 8 ressemble à s'y méprendre à du JMJarre. Le rythme est discret et langoureux, un peu comme les valses intersidérales de Oxygene, et s'appuie sur un délicat jeu de percussions dont les échos de bois sont ensevelis par des couches d'un synthé cosmique rempli de doux solos planants et prismatiques. Le synthé prend une tonalité de guitare et dessine une fine approche teintée de mélancolie qui flotte parmi des vents et effets sonores cosmiques, alors qu'une fine ligne du séquenceur stroboscopique ceinture d'une approche saccadée cette envoûtante dualité cosmique et sensuelle qui submerge Apollo 8. C'est un très beau titre tout comme Orbit qui présente tout un cocktail musical aux antipodes d'une émotivité ambivalente avec une intense intro apocalyptique. Des percussions métalliques s'entrechoquent lourdement, des séquences voltigent frénétiquement et des cerceaux de synthé s'entrecroisent dans un tintamarre infernal, conduisant à une lourde implosion spatiale. Là où des chœurs célestes fredonnent des harmonies libératrices et des accords d'une guitare synthétisée flottent et structurent une ode à la sérénité. Le rythme s'émoustille vers la 4ième minute. Conservant son cachet mélodieux il ira en progressant, se dandinant doucement sur les effets d'écho de bonnes percussions, de belles pulsations lourdes, et des riffs de synthé dont les accords légers flottent parmi de fins cercles saccadés et de superbes ondes de synthé aux sonorités de vieil orgue. C'est très beau et aussi assez émouvant.

Un peu dans le genre down-tempo fragmenté, Apollo 9 est nourri de séquences rondes et pulsatrices ainsi que de claquements de mains et percussions échoïques qui perdent leur rythme dans de belles phases ambiantes et lunaires. Le synthé est lyrique et dessine de belles structures autant mélodieuses que planantes et des approches aussi célestes que mélodramatiques. Docking est une noire complainte cosmique où la solitude transpire l'inconfort sur un doux rythme un peu jazzy qui ondule lentement dans un beau bassin d'effets sonores galactiques. Nettement plus rythmé Apollo 11 se déchaîne dans une approche rythmique plutôt synth-pop, à la limite technoïde. Le rythme est ceinturé par une ligne stroboscopique et nourrie d'échantillonnages vocaux alors que le synthé lance de mélodieuses couches morphiques sur des rythmes qui sont à la croisée des titres énergiques de Jarre et Element 4. C'est vivant, comme ReEntry qui est par contre plus lourd et sec et qui offre un beau solo de synthé. Avec son approche légère et mélancolique, EarthRise me fait penser à Snowflakes are Dancing interprété par Tomita. Les couches de synthé flottent, voltigent et s'entrecroisent dans un vent symétrique alors que de fines pulsations nourrissent un rythme lent et que de délicats arpèges isolés tracent une sombre mélodie. Les solos sont la pierre angulaire du lourd et langoureux Apollo 13, de loin le titre qui accroche le plus vite dans APOLLO. Le synthé y forge de belles mélodies qui s'échappent de ces solos tortueux alors que l'approche rythmique est structurée par des semonces de percussions. Il y a quelque chose d'intensément poétique et dramatique dans SplashDown qui clôture en beauté ce 4ième CD de Synth NL. C'est une belle ballade électronique qui sonne étrangement comme une chevauchée intersidérale. Entre l'univers de Jarre et Thierry Fervant, les séquences ondulent dans une sphère bourrée de résonnances, alors que le rythme fuit comme un cowboy fuyant une mythique horde de poussières. Je trouve ça génial et j'aime ce lent crescendo qui augmente sensiblement la cadence sous des solos aux réverbérations caustiques, épousant à merveille les résonnances qui bouffent les harmonies des séquences.

APOLLO est sans doute l'œuvre la plus complète de Synth. NL. En s'appuyant toujours sur des structures à la fois complexes et mélodieuses Michel van Osenbruggen réussit à tisser un univers musical où les paradoxes s'harmonisent avec le concept de APOLLO. Si j'ai un bémol c'est au niveau des échantillonnages vocaux qui prennent trop de place et agacent à la longue. Ça serait mieux à petite dose et sur 2 ou 3 titres, pas plus. Mais peu importe, c'est une question de choix et ça n'altère la qualité de cet album qui cache de très belles perles. Lui qui commence à les collectionner depuis AtmoSphere.

Sylvain Lupari (25/11/11) ***½**

Disponible chez Groove nl

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