“Un album plus accessible, même dans son enveloppe progressive expérimentale”
1 Quantum World 8:41
2 Conscious Machines 4:19
3 Brain to Brain 7:58
4 Extended Life 6:27
5 Living with Robots 5:00
6 Interstellar Travel 7:07
7 Time Manipulation 5:22
(CD Digipack/DDL 44:57)
(Prog-experimental E-Rock)
Prenant le soin de mûrir philosophiquement et artistiquement ses albums, Zanov a toujours distancé ses opus par une période variant de 2 à 4 ans. Ainsi, la sonorité de ses œuvres évolue avec la modernité des nouveaux instruments pour créer la musique électronique (MÉ). Dans un fouillis sonore qui égale les frontières de Chaos Islands, le claviériste de France repousse ses limites en insufflant à sa musique une touche cosmique industrielle qui est à la dimension de sa propension à provoquer les oreilles. Zanov cherche à stimuler notre écoute tout en étant capable de façonner des mélodies qui se logent comme des vers d'oreilles dans le fond des tympans. LOST IN THE FUTURE est un album de MÉ progressive qui flirte avec cet aspect expérimental-mélodieux de Pierre Zalkazanov. Tel que stipulé par l'artiste, son nouvel album explore l'idée d'être immergé dans le monde futur, suggérant un sentiment d'aventure, d'incertitude et la nature énigmatique de ce qui nous attend. Honnêtement, je ne pouvais trouver une meilleure façon de présenter ce LOST IN THE FUTURE.
La séquence de basses pulsations sautille avec force, étalant une irradiation qui vibrionne pour un sauvage rock électronique qui initie cette dernière œuvre de Zanov à nos oreilles. Quantum World va droit au but avec une ouverture enflammée qui nous amène à une structure vivante et harmonieuse de par les harmonies du synthé. Des percussions, des séquences sautant par ensemble de 3 et des pads orchestraux découpés par saccades sont d'autres éléments qui aident à solidifier ce rythme qui dépasse le stade de faire danser nos neurones avec ses élans spontanés qui sont ralentis légèrement pour faire entendre des solos de synthé mélodieux, même dans leurs timbres de mélancolie. Pierre Z. joue beaucoup sur les possibilités tonales du séquenceur, histoire de lui donner plus de punch et de profondeur à ce fougueux rock électronique qui justifierait sa place dans un party Rave. Surtout qu'il a une ambiance assez industrielle, post-apocalyptique à la MiDi-Bitch. Il y a une courte phase de réinitialisation dépassée la 3ième minute, mais pour le reste, le rythme est soutenu et nous met le feu aux pieds. L'ouverture de Conscious Machines est du genre futurisme et sci-fi. Le rythme qui s'en dégage est du type sautillant dans le genre à faire plus clopiner que danser. Il prend une tangente plus animée lorsque 2 lignes du séquenceurs font alterner leurs bonds, créant une séquence de rythme minimaliste sous un synthé divin qui illumine les oreilles avec un mélange d'orchestrations, de textures industrielles et d'effets sonores intergalactiques. On entend mieux cette séquence un peu avant la 3ième minute. Il est lourd et modéré dans une enveloppe sonore toujours près du Cosmos et de ses aléas. Brain to Brain suit avec une ouverture assez expérimentale qui est typique à l’univers de Zanov. Des filaments sonores torsadés, des accords de clavier aux timbres d'orgue et des claquements métalliques successifs sont des éléments qui composent cette ouverture éclectique d'où émerge une splendide mélodie du synthé fredonnée sous les étoiles. Ça fait très cinématographique. Imaginez Vangelis dans les studios de Pierre Zalkazanov…!
Extended Life poursuit ce périple dans les frontières expérimentales de Zanov. L'ouverture est bercée par des pads de synthé dans la texture onirique est bousculée par des poussées d’effets sonores bourdonnants. On dirait une procession sur une passerelle cosmique perturbée par des vents rageurs. Zanov y couche une belle approche mélodieuse qui tinte et chante sur 2 claviers. Des accords cadencés se mettent à sauter partout après un passage atmosphérique, juste avant que le séquenceur crache une ligne de rythme enlevante. Le synthé balance des solos mélodieux sur ce court passage dont la férocité est absorbée par une lente finale lourde de sons et plutôt atmosphérique, genre musique cinématographique cosmique. Baignant dans cette texture de procession cosmique, le rythme qui initie paisiblement Living with Robots semble flotter avec ses basses séquences qui sautent avec un état d'apesanteur. La texture des ions cadencés est faite de caoutchouc créé à partir d'une souche organique. Le synthé fredonne, sifflote une mélodie qui est en symbiose avec la procession délicatement cadencée. Le décor tonal est lourd et toujours riche des milles et unes capacités des synthés et autres équipements de musique électronique qui remplissent les studios du musicien-synthésiste Français. Sorties d'une nuée de woosshh, les percussions alourdissent cette procession. Donnant à Living with Robots l'essence de son titre avec une structure de plus en plus mécanisée qui entoure son évolution. Interstellar Travel possède la vision artistique de son titre avec un environnement statique où une légion de pulsations et d'oscillations entrecroisent leurs lourdeurs vibratoires dans un mécanisme à la fois stroboscopique comme linéaire. Le synthé fredonne un air spectrale du Cosmos tout en effilochant une gamme d'effets sonores cosmiques qui est propre aux années analogues. Des essais des premiers tritureurs de sons! Les arrangements, ces vents mugissants des banques de sons, un tintamarre percussifs et bien d'autres éléments ornent la progression d'un titre majoritairement sans rythme. Time Manipulation clôture LOST IN THE FUTURE comme Quantum World l'a débuté. Un étrange rock électronique matraqué par de solides percussions et une ligne de séquences noires et juteuses qui roulent à contresens de l'harmonie cadencée du clavier. Du Zanov dans toute sa splendeur!
Illusionniste des sons. Architecte de multi structures alambiquées qui convergent en symbiose. Désigner d'une MÉ progressive et expérimentale revêtue d'un étrange parfum d'harmonie envahissante. Zanov est aussi génial que les paramètres de sa musique sont complexes. Un peu à l'image de Synergy, notamment ses 3 premiers albums, Pierre Zalkazanov a plutôt l'habitude de concevoir des albums qui demande quelques écoutes. Mais pas avec LOST IN THE FUTURE qui se divise entre sa portion rythmique très enlevante et ses quelques épisodes de flottaison qui ne font que démontrer sa propension à innover…pour le plaisir de nos oreilles. Toujours pour cet unique plaisir!
Sylvain Lupari (20/12/23) ****½*
Disponible chez Zanov Music
(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)
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