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  • Writer's pictureSylvain Lupari

99.9: Silex (2018) (FR)

“C'est un album intéressant, chargé de profondes ambiances et de structures rythmiques de la Berlin School, qui a besoin de beaucoup d'amour pour être pleinement apprivoisé”

1 Origin & Dissolution 26:54

2 Naked Sand 24:55

3 Corrosion 24:22

4 Erosion 13:42

(CD/DDL 89:07)

(Atmospheric, néo-classical,

Berlin School)

Amateurs de MÉ de nature analogue et de synthétiseurs modulaires, Nothing But Noise est une valeur sûre. Le duo Belge propose des gros trains séquenceurs qui défoncent nos tympans, ou mieux font trembler nos étagères, dans des structures lourdes qui n'ont rien à envier à Redshift ou Arc. 99.9 c'est la moitié de NBN. C'est un projet de Daniel B(ressanutti) qui s'associe au violoniste Edwin Vanvinckenroye dans un double album dont les styles voyagent entre du néo-classique à du Berlin School, à cause d'un séquenceur lourd et pesant, tout en ayant une approche très avant-gardiste et dont la facture totale sied à des ambiances cinématographiques d'un film d'horreur série B que l'on tourne dans notre tête. Un album qui voyage aussi entre des phases plus faciles à amadouer et d'autres plus complexes et créatives qui demandent beaucoup d'amour. Ne vous en faites pas, vos oreilles seront récompensées par 2 méga structures. Et ça débute sans hésitations avec Origin & Dissolution, le gros titre de SILEX.

Une onde juteuse gorgée de résonances statiques étend une ombre qui grossit comme une enflure à l'entrée de nos oreilles. Des séquences aux tonalités des années vintage se mettent à tituber et structurer une ligne de rythme zigzagante, emportant dans son errance momentané une superbe mélodie flûtée. Vampirique, cette mélodie obsédera nos sens en évoluant dans quelques savoureux changements de peau tout au long de Origin & Dissolution ainsi que de SILEX. Le décor des ambiances est approfondi par des nappes de synthé qui reprennent les airs de cette mélodie, tout en lui insufflant des apparences troublantes. Pour l'amateur du Berlin School en moi, le mouvement de Origin & Dissolution est tout simplement divin. Entre du Jim Kirkwood et du Redshift, il est lourd et toujours entre deux vitesses, déjouant nos attentes en prenant une tangente cinématographique et en revenant sur les sentiers du mouvement Allemand des années 70. Et il y a toujours cette mélodie qui va et vient, modifiant son apparence afin de mieux tisser sa toile magnétisante. Par moments, comme autour des 9 minutes, elle est seule et se lamente avec ses complaintes et distorsions dans des duels violon/guitare versus synthé. Ce premier passage à vide redonne un élan au rythme de Origin & Dissolution qui est devenu beaucoup plus fluide et élégant. De subtils effets d'écho, dans les ondes réverbérantes, et des filaments de psybient s'agrippent à cette structure ascendante alors que le mélodie envahissante reprend peu à peu son dynamisme. Évoluant dans un pattern de 27 minutes, Origin & Dissolution se défait très bien de l'emprise de son temps de vie en évoluant comme une vrai trame sonore d'un film lugubre avec des arrangements en staccato qui épousent à merveille les flux du séquenceur. Le titre enchante avec ses nombreux changements de phases, en me plongeant constamment dans des ambiances qui me font revivre mes meilleurs moments passés à regarder des films d'horreur et d'angoisse. Très bon et trop fort pour débuter une œuvre comme SILEX. Trop fort puisque son ossature est revisitée dans les 2 titres suivants avec des visions pour des atmosphères plus troublantes et surtout très présentes. Naked Sand est l'envers de son décor. C'est un titre plus avant-gardiste dont les nombreuses mutations peuvent avoir cette tendance à déconnecter nos oreilles. Edwin Vanvinckenroye est plus présent ici et son violon tisse des arrangements aussi noirs que les idées de Daniel B. Entre ses phases d'ambiances, qui sont toujours assez lugubres, et ses rythmes ambiants défilent des moments qui séduisent alors que d'autres appartiennent au cinéma. C'est un genre de collage d'idées, comme une librairie musicale, qui vont et partent dans une structure lente mais en mouvement continuel. C'est ce genre de titre qui demande beaucoup d'écoutes, d'amour et de patience avant de nous envahir. La seule façon de l'aborder est d'écouter attentivement ces enchaînements de phases qui sont tous reliées par ce fil mélodieux qui coulait dans Origin & Dissolution.

Le CD 2 de ce duel Daniel B. vs Edwin Vanvinckenroye débute avec Corrosion qui est construit sur le même principe que Naked Sand mais avec une plus grande appartenance à Origin & Dissolution. Edwin Vanvinckenroye prend ses aises ici avec une présence qui se fait sentir au niveau des arrangements, allant même jusqu'à initier des structures de rythmes inattendues qui sont aussi lourdes qu'hypnotiques. La structure épuise ses 25 minutes avec des changements de phases qui sont aussi longues que dans le séduisant titre d'ouverture tout en présentant des effets sonores qui évoluent toujours un peu plus à mesure que nos oreilles acceptent les défis de SILEX. Et ils sont extrêmement séduisants dans la première moitié de Corrosion. Ses 15 premières minutes sont les plus accessibles (sic!) en nous faisant voyager entre des arrangements du genre Philip Glass et des mouvements de la Berlin School. Le violon danse sur des arpèges limpides ou flotte dans des ambiances méphistophéliques où se greffe un piano et ses troublantes notes mélancoliques. Ces minutes tergiversent entre rythme et ambiance avant d'éclore dans un fabuleux Berlin School lourd et lent qui termine son voyage dans de stupéfiants arrangements du violon. La seconde partie de Corrosion demande une plus grande ouverture de l'auditeur qui est confronté à un échange piano/violon dans une ambiance digne du cinéma d'horreur des années sans mot du 7ième art. Erosion porte son titre à merveille avec son approche déconstructive. La musique est plus ambiante et quasiment sans rythme, sauf pour la finale. Les grandes lignes de SILEX s'effritent peu à peu et se fanent dans un finale dont le rythme lent est tout aussi asséché.

Un peu comme les œuvres de Nothing but Noise, ce SILEX n'est effectivement pas pour toutes les oreilles. Origin & Dissolution est un petit bijou qui porte ombrage aux 3 autres titres, mais qui est nécessaire afin de s'aventurer dans les corridors audacieux d'un album qui gagne à être découvert. La mélodie vampirique qui erre dans tous les recoins de cet album facilite aussi la transition entre les différents styles de ce double CD de Daniel B et Edwin Vanvinckenroye qui a plus de moments forts que de moments faibles.

Sylvain Lupari (10/09/19) ***½**

Disponible au db2fluctuation Bandcamp

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