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  • Writer's pictureSylvain Lupari

AES DANA: Pollen (2012) (FR)

Pollen coule dans nos oreilles avec des structures de rythmes nés dans l'indécision et dans une immense faune de tons psybient

1 Jetlag Corporation 5:44 2 Borderline 6:10 3 Conditioned (album edit) 7:49 4 Tree.Some 7:13 5 A Carmine Day 8:50 6 101 Clouds 7:44 7 Riven 7:24 8 The Meeting Point 7:07 9 Horizontal Rain 8:28 10 Low Tide Explorations 11:06 UltimaeRecords | inre055

(CD/DDL 77:41)

(Psybient and Psytrance)

Encore une fois je me suis laissé séduire par une autre aventure musicale proposée par le label Lyonnais Ultimae Records. C'était la toute première fois que mes oreilles apprivoisaient l'étonnant, je dois dire, univers d'Aes Dana. Nappé dans des ambiances calcifiées par une avalanche de couches de synthés aux souffles de métal nordique, POLLEN coule dans nos oreilles avec des structures où les rythmes embrassent l'indécision. Des rythmes caressés puis abandonnés par un maillage de pulsations statiques et de percussions aux claquements cuivrés qui à leurs tours sont abandonnés par un bassin de mélodies divisées dans un faune sonore inexplorée. Du down-tempo, du trance habillement revu et corrigé et de la dance music intelligente (IDM) s'entrelacent dans un univers sonore organique où tout devient possible…même la solidification d'ambiances spectrales et extraterrestres qui est le fer de lance d'un univers que peu osent aborder. Un univers où Vincent Villuis et Sandrine Gryson (Mahiane) règnent en maîtres absolus et où POLLEN se laisse séduire avec ses brises, wooshh et waashh qui soufflent dans des sens contraires.

Un peu comme des caresses sur une chevelure aux crins de métal fin, de flottantes ondes spectrales flottent dans un abysse ocré et forcent le nuage de brume radioactive qui nourrit l'intro de Jetlag Corporation. L'ambiance est d'éther et le rythme éclot avec de vives percussions aux tonalités de claquements de mains qui palpitent dans un univers de fusion lavique. C'est un rythme fluide et saccadé qui tambourine de ses peaux argentées sur une structure éthérée où des voix à la Tangerine Dream (A Cage in Search of a Bird) nourrissent une dualité entre les percussions/pulsations grégaires et des couches de synthé qui flottent en harmonie avec des voix d'anges d'Aphrodite. Borderline enchaîne avec ce maillage de cliquetis percussifs et de palpitations frigorifiées qui se perd dans les courbes d'une enivrante ligne de basse et dans les lignes d'un synthé qui mélange ses sombres harmonies avec de discrets souffles vocaux. Encore là le rythme est fragile et ondule par fragments, épousant les vices d'un down-tempo lunaire qui s'abreuve de percussions plus intenses. On perçoit des voix. Ce sont des souffles de métal gris qui épousent les sinueuses courbes des synthés, moulant des souffles de passion abstraite sur des rythmes à la recherche d'une forme plus soutenue. Bienvenue dans POLLEN et ces rythmes constamment ancrés dans des ambiances partagées entre une douceur onirique et une froideur grésillante, suivant un lent crescendo pulsatoire. Et l'implosion rythmique passe par Conditioned qui module son intro sur des cerceaux de vapeurs nébuleuses qui s'empilent autour d'un métronome et de ses cliquetis métalliques. Grésillements, murmures cloîtrés, percussions/pulsations aléatoires et cymbales tsitt-tsitt cernent ce rythme fragilisé par l'ombre d'une imposante faune sonore qui fini par marteler un lourd rythme de plomb, amenant Conditioned vers Tree.Some et son rythme technoïde qui déverse vers une ambiance psychédélique avant de se nicher dans d'énormes pulsations vrombissantes. Les cognements sont lourds et puissants. Suivant le délire hypnotique des planchers de danse, ils cognent avec une telle lourdeur que les cerceaux de métal s'en liquéfient. Ce rythme sourd et martelant trouve une quiétude asile dans l'intro psychédélicosmique de A Carmine Day. Mais comme un pollen barouetté par des bourrasques linéales, l'ascension rythmique de POLLEN a atteint sa vitesse de croisière et celui de A Carmine Day postillonne de ses percussions nerveuses qui claquent dans des échos sériels sur les hoquets d'une belle ligne stroboscopique qui défile tout au long d'un rythme lourd, pulsatoire et hypnotique, soulevant les harmonies d'une ondulante ballade roucoulant dans un étonnant univers de psychill.

101 Clouds calme la donne et ouvre une savoureuse deuxième partie de l'album avec un suave down-tempo cosmique qui palpite avec langueur sur un douillet lit de tonalités futuristes. Le tempo est doux, par moments absents, voire sensuel, et d'autres moments plus autoritaire, donnant libre cours à une fusion de tonalités biscornues qui épousent à merveille l'approche psybient de POLLEN. C'est un très bon moment sur cet album qui prend une tendance cadencée mais à l'inverse avec des rythmes plus souples qui sont noyés dans des ambiances encore plus psychofréniques, comme dans Riven et ses clapotis rythmiques qui s'arriment à des segments pulsatoires d'un rythme perdu dans ces ambiances psychédélicosmiques et éthérées. Si la floraison rythmique est en décroissance, elle n'en demeure pas moins percutante. Comme sur The Meeting Point qui est un splendide down-tempo allumé avec des frappes sensuelles fragmentées dans une faune musicale organique dont les brins harmoniques envahissent nos deux hémisphères. S'extirpant d’une fontaine de grésillements statiques, Horizontal Rain offre une rythmique fracturée dans les entre-temps de sinueuses strates d'un synthé aux brises argentées. Une pulsation sourde gronde avec incertitude, débauchant des cognements hébétées qui s'accrochent à des cliquetis de cymbales. Les harmonies sont suaves et dessinées par des ondes de synthé aux tonalités éclectiques qui fuient l'hypocrisie du rythme et des accords d'une guitare nébuleuse. Ces harmonies jaugent de leurs airs incertains cette structure rythmique qui tantôt éclate et tantôt meurt à travers les lignes fracturées d'un mouvement stroboscopique qui se perd dans des percussions tantôt sobres et tantôt anarchiques. C'est un titre assez déroutant qui nous amène vers l'énigmatique Low Tide Explorations et son intro paradisiaque nocturne où les rayons de la lune embrassent des vagues tranquillisées par les douces brises de Morphée. Sauf que les rythmes évanescents de POLLEN palpitent toujours de derniers soubresauts, réanimant des mélodies forgées dans des souffles de cristal. Des mélodies aussi fugaces et perspicaces que les rythmes qui cernent les ambiances psychédélicosmiques et bipolaires d'un album aussi enchanteur que déroutant qui nous amène vers un genre d'extase contemplatif avec une écoute attentive, les oreilles prisonnières d'une paire d'écouteurs.

Si les premières écoutes de POLLEN m'ont laissé perplexes, j'en suis profondément tombé sous son charme dès que ça cliqué. Et ça n'a pas pris de temps! Cet album d'Aes Dana est comme une rencontre auditive avec une nouvelle forme de vie musicale intelligente. C'est une MÉ qui vit recluse dans ses fugitifs brouhahas rythmiques et ses mélodies tissées dans des délires psychédélicosmiques pour se fusionner en une étrange symbiose harmonique qui nous fait bouger autant que rêver. Vivant? Absolument! Mais vivant comme du pollen qui se fait butiner par un essaim d'abeilles anarchiques. Tout simplement délectable!

Sylvain Lupari (17/01/13) *****

Disponible chez Ultimae Records

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