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  • Writer's pictureSylvain Lupari

AIRSCULPTURE: Graveyard Shift (2014) (FR)

Updated: Jul 29, 2019

“Encore une fois, c'est l'art de l'improvisation à son mieux avec Adrian Beasley, John Christian et Peter Ruczynski”

1 Graveyard Shift (53:43)

2 Argent Engine (10:32)

(CD/DDL 64:15)

(Ambient, England School)

La musique d'AirSculpture n'est pas des plus accessibles, j'en conviens. Bien ancré dans un style musical qui flirte avec un Berlin School assaisonné des sombres ambiances chtoniennes anglaises, le trio expose en concert, et ce année après année, un genre musical basé sur l'improvisation. Il en résulte en de longues pièces de musique truffées d'ambiances énigmatiques et de tonalités hétéroclites qui lient des passages rythmiques forgés dans le minimalisme et de ses effets hypnotiques. Très prisé par le public américain toujours nostalgique des années 70 de Tangerine Dream, AirSculpture effectue régulièrement un voyage éclair dans le coin de la Pennsylvanie afin d'offrir une performance digne de sa réputation et où les improvisations siéent très bien aux ondes nocturnes du célèbre Star's End Radio Show et de son légendaire animateur Chuck van Zyl. C'est ainsi que GRAVEYARD SHIFT fut conçu par une froide nuit du 19 Novembre 2006. Et ça aurait pu être la nuit de l'Halloween que cela aurait été encore mieux. Voici pourquoi!

Des vents creux, imaginez des hurlements sans fin dans un monde désertique, ouvrent le premier mouvement abyssal de la pièce-titre. On y entend des tintements. Mais ce qui charme derechef sont ces lignes de synthé aux lents mouvements ailés qui planent sur une symphonie de brises ectoplasmiques et ces ronronnements de machines à nourrir la nuit d'angoisses. Comme des metteurs en scène, ou mieux des auteurs d'œuvres cabalistiques, Adrian Beasley, John Christian et Peter Ruczynski prennent le temps de bien étendre leurs ambiances amphigouriques où se greffe une subtile chorale chthonienne. Une ligne pulsatrice émerge. Et comme un spectre qui sautille mais clopine de ses jambes encore molles, elle bat une faible mesure irrégulière qui a la particularité de chasser les sombres ambiances pour faire place à des lignes de synthé qui flirtent avec une étrange approche de contemplativité. Une séquence se détache de ces ambiances pour jouer avec son ombre et tinter en parallèle à l'obscur mouvement pulsatoire qui peu à peu s'évade dans l'oubli. Il est tôt. La barre des 8 minutes caressent nos oreilles lorsque les lueurs du rythme se pointent pour gambader librement dans les cercles fumigènes de Graveyard Shift. Hypnotique, le rythme augmente autant sa force que sa cadence pour onduler dans de faibles cliquetis de cymbales, mais aussi dans les lourdes et résonnantes pulsations qui vrombissent comme une menace annihilatrice. C'est là que les solos planent. Moins menaçants que le rythme, ils dessinent des auréoles difformes qui flottent comme les paresseuses brises d'été poussant les vents chauds vers les corps humides. Et c'est là que la beauté du style libre prend toute sa place. Le rythme grenouille de ces taches ombragées qui en sur dimensionnent et son débit et sa lourdeur, alors que des arpèges aux tonalités de verre renfloué de métaux scintillent en parallèle. Les solos apportent alors une touche plus ombragée, plus menaçante avec de superbes lassos emmitouflants qui étreignent ce mouvement dont l'effet amplificateur perd son ampleur au profit de nouvelles ambiances qui cette fois-ci n'ont guère de repos. Percussions, batteries basses et séquences pulsatoires trament un rythme sournois où errent d'étranges harmonies tissées dans un synthé nasillard et dans les chants des spectres. Une belle ligne de flûte s'élève. Son chant apporte une dimension séraphique à cette 2ième partie de Graveyard Shift qui se nourrit des ambiances plus près des années Ricochet et Encore, de vous savez qui. Des brumes et des chants astraux recouvrent ce délicat rythme embaumé des harmonies flûtées, alors que des cerceaux tranchants en découpent la sérénité. Ambiant, le rythme anoblit sa lourdeur, qui fait contraste avec ces séquences papillonnantes, avec de bonnes frappes de percussions. Et ces synthés aux chants aussi angéliques que symphoniques! Délicieux qu'ils sont. Sauf que nous les oublions avec ce mouvement de séquences qui entassent ses ions. Des ions qui hoquètent, gesticulent et pestent contre les frappes de plus en plus accentuées des percussions électroniques. Mais le rythme reste toujours stationnaire, étalant sa beauté en colligeant ici et là tous les ingrédients pour fuir la redondance des improvisations. Sans doute la plus grande force d'AirSculpture qui conduit sa longue pièce-titre dans une finale infernale où on regrette de s'être laisser anesthésier par la sérénité de ce savoureux rythme hypnotique.

Argent Engine offre une intro très poisseuse avec des lignes aquatiques qui étendent leurs emprises soporifiques. Cet effet anesthésiant coiffe les 5 minutes lorsqu'une ligne de séquences et une 2ième plus lourde dansent en parallèle afin de créer l'illusion d'un canard qui déboule une pente sur ses pattes en regardant une nuée d'oiselets moqueurs. Le contraste harponne nos oreilles. Et de douces brises fantomatiques, ainsi que des harmonies clandestines, tentent d'harmoniser cette dissemblance. Sauf qu'une autre ligne sombre pulse avec plus d'éclat, faisant éclater une autre ligne de séquences qui en amène une autre. Dévoilant ainsi un superbe micmac de séquences qui forgent une audacieuse figure de rythme dont les ruades explosent dans des chants de synthés aux lignes plus destructrices que ce rythme totalement déjanté. WoW! Encore une fois du grand AirSculpture. Encore une fois, l'art de l'improvisation à son meilleur. Honnêtement? Je n'aurais jamais pensé que ça été composé et joué en 2006.

Sylvain Lupari (04/10/14) *****

Available at AirSculpture Bandcamp

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