“C’est un bon album qui plaira à tous ceux qui ont pris leur pied au tournant des années 70 avec une musique inspirée qui nous a amenés à des territoires inconnus”
1 Infinity Halt (46:30)
2 Vanishing Point (46:48)
3 The Main and Great Proposition (16:32)
(CD/DDL 109:50)
(Berlin School, England School)
La musique d'AirSculpture est le parfait exemple d'une musique qu'il faut écouter et non entendre. Sinon, on rate toute sorte de détails. Comme cette ouverture de Infinity Halt et son délicat mouvement pulsatoire qui s'échappe du magnétisme d'une chorale astrale. Si des notes de piano, assez nostalgiques, accompagnent ces chants séraphiques, la quiétude du mouvement nous enveloppe d'une paire d'ailes endormitoires. Il ne faut pas lutter contre ces instants puisqu'une série de légers battements soude nos sens en attente. Le mouvement dévie et une brise flûtée embrasse une quiétude rythmique qui se perd dans des champs d'éther un peu avant la barre des 15 minutes. Infinity Halt tombe alors dans une intense phase ambiosonique où les vents grondent et mugissent dans une sorte de tempête magnétique avec des arrangements qui rappelleront à certains ces ambiances claustrophobiques dans The Fall of the House of Usher d'Alan Parsons Project. Durant près d’une quinzaine de minutes, cette phase d'ambiances pour esprits torturés débouche vers une bonne structure de boucles de rythme ascendant dont les échos ainsi que des séquences adjacentes forgent une structure minimaliste continue qui sautille avec ses bonds imparfaits et saccadés dans ces soyeuses nappes d'éther. Des larves de synthé accouchent de belles harmonies séraphiques qui sonnent comme ces lointains parfums de Tangerine Dream, ère Baumann, alors que le rythme accentue vitesse et puissance vers une savoureuse finale d'hypnose avec des pulsations technoïdes et des effets de percussions qui nous rappelle pourquoi il faut écouter, et non entendre, les charmes d'AirSculpture. Après plusieurs mois de délais, voici la suite tant attendue de Vanishing Point Vol.1! VANISHING POINT Vol.2 suit un peu les prémices de son petit frère de sons avec une autre collection de titres performés uniquement aux USA dans le cadre des Gathering Concerts de Novembre 2011. Et contrairement au premier volume, ce VANISHING POINT Vol.2 exploite 2 très longs titres qui démontrent toujours comment Adrian Beasley, John Christian et Pete Ruczynski sont toujours sur la même page, année après année. On réchauffe les équipements et on met le public, très enthousiasme en passant, dans les ambiances avec de longues introductions bourrées de tonalités électroniques qui sont l'apanage des longs titres improvisés.
Mais les moteurs sont déjà réchauffés pour Vanishing Point, sans doute le titre le plus homogène du trio anglais que j'ai entendu. La musique se déracine de ces tonalités, ainsi que d'une poussée de vents creux et de pulsations glauques, afin de faire clopiner des accords qui sonnent comme ces figures de rythme incertains à la Klaus Schulze dans son ère contemporaine. Des larmes de synthé pleurnichent avec d'élégants voiles éthérés alors que la structure titube toujours. Des cognements s'ajoutent. Ils accentuent l'écart entre une structure de rythme ambiant et une autre plus pugnace. C'est de cette façon que se déroule les 40 autres minutes de Vanishing Point, longuement évolutif avec une relative combativité dans son évolution. Les couches de synthé sont comme ces mirages d'une valse des nuages alors que le trio achemine continuellement d'autres séquences qui scintillent, sautillent et clopinent dans un énorme montage sonique magnétisant. La structure devient plus vintage autour des 23 minutes avec un très bon mouvement du séquenceur qui décale à merveille la mesure entre chaque pas, amenant Vanishing Point vers une finale aussi enlevante que Infinity Halt. L'attente valait le coup! En autant qu'on aime ces longues structures hypnotiques et évolutives… et que l'on soit un fan d'AirSculpture.
The Main and Great Proposition banni le principe d'introduction tissée dans les ambiances et les interstices indécises des équipements de MÉ! Le rythme décolle aussitôt qu'une séquence sautillante est capable de se défaire de son saut solitaire afin de répandre une lignée de séquences et de pulsations résonnantes qui structurent son rythme plutôt atypique. La musique plonge dans la lourdeur d'un bon rock électronique du style England School et est enveloppé de bons effets et de non moins splendides solos de synthé qui couronnent cette rythmique tissée dans le désordre. Du très grand AirSculpture qui conclut un très bon album qui fera plaisir à tous ceux qui prenaient leur pied au tournant des années 70 avec une musique inspirée qui nous amenait là où nous ne connaissions pas encore les territoires.
Sylvain Lupari (24/01/17) *****
Available on AirSculpture Bandcamp
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