“Un excellent mélange de New Berlin School, de musique cosmique, de rythmes ambiants et d'IDM qui ravira vos oreilles avec une riche palette de tons”
1 Xterminator 17 10:25 2 Chrome 5:57 3 Am Morgen 5:45 4 Evening Lights 8:32 5 Ambios 1 1:55 6 Sleeping Madness 11:58 7 The Grind 12:47 8 Ambios 2 2:59 9 The Heist 11:58 10 Requiem 7:10 SynGate | CD-r ANSD01
(CD/DDL 79:32) (Mix of New Berlin School, ambient beats and IDM)
Une note de piano résonne. Un peu comme figée dans le temps, elle accroche son rayonnement dans des lignes de synthé aux couleurs azures qui ondoient comme des filaments que l’on tasse du bout des doigts. Xterminator 17 s'accroche à nos oreilles avec un synthé pleureur qui affiche autant de morosité que ce piano et son accord esseulé dans les lentes caresses de nappes de synthé aux parfums d'un gros orgue ténébreux. Deux minutes plus tard, les ambiances introductives de Xterminator 17 troquent cette enveloppe bourrée de mélancolie pour une approche de boom-boom-klang-klang. Le ton est donné! On comprend de quoi sera fait ACCELERATOR. Sauf que nous ne surferons pas dans des ambiances de techno simplistes. Le martèlement des basses pulsations et percussions fouettent des séquences qui clignotent comme deux abeilles devant l'attaque d'un gros ours, alors que d'autres effets de percussions et de voix ainsi que des saccades de violon digne des bons moments de la disco des années 70, des voix d'astronautes et de bons effets électroniques ornent le rythme semi-vif de Xterminator 17 d'éléments électroniques qui le différenciera des albums de ce genre.
Les amateurs de MÉ étaient très curieux face à cette collaboration entre Wolfgang Barkowski et Stan Dart; un artiste qui est plutôt reconnu pour faire de l'Électronica et du Chill avec le concept de Cinematic Electronic Chill Art. Qu'allait donner cette fusion entre le rock électronique cosmique de Alien Nature, dont le splendide The Airtight Garage of Jerry Cornelius avait amené Wolfgang Barkowski à un autre niveau, et les rythmes de l'Électronica de Stan Dart? Eh bien le résultat est une fascinante fusion entre deux univers qui se respectent mutuellement. Structuré dans une mosaïque sonique de 80 minutes bourrée de rythmes explosifs, tantôt ambiants et parfois très entraînants, éparpillées sur 10 titres qui arriment leurs structures de danse cosmique en une longue fresque continuelle, ACCELERATOR est une agréable surprise remplie de trucs qui accrochent. Il y a de merveilleux refrains électroniques, sculpté dans de bons mouvements de séquences, qui hantent les oreilles ici et des rythmes robotiques qui martèlent leurs empreintes dans notre cerveau où le synth-pop des années 70 et 80, le Chill, le techno morphique et le rock électronique n'ont jamais si bien parus ensemble. Chrome est un bel exemple où la titubante marche sournoise épouse graduellement les armoiries du synth-pop. Les percussions robotiques des années 70 sont aussi agréables qu'inattendues et forcent un rythme bondissant. Un genre de hip-hop emmitouflé dans des solos de synthé sinueux qui sont très présents dans cet album. Des solos ou harmonies, parfois plaintifs sinon criards et aussi très vaporeux, qu'un piano agrémente avec une mélodie aussi mélancolique que ces larmes du synthé. Le tout se poursuit jusqu'aux portes de Am Morgen qui propose une longue structure ambiosphérique où le clavier ramasse ses notes afin de proposer un intéressant duel avec des séquences pulsatrices. Le rythme devient lourd avec des élans de percussions dont les brèves attaques saccadées se chamaillent avec des effets de claquements de mains et ces notes qui sont devenues des filets de séquences qui scintillent vivement dans une structure de rythme sans issue.
Evening Lights épouse un peu le même pattern que Xterminator 17, la structure y est aussi riche et vive, sauf que le rythme est plus électronique, plus fluide, moins minimaliste et plus entraînant. Très bon! Ça fait circuler le sang. Les ambiances de Ambios 1 nous amène à Sleeping Madness, un solide titre très technoïde avec de bons effets électroniques. Ça fait très Jarre. Le rythme est lourd, sec et sautillant avec de belles variances qui étoffent une approche harmonieuse qui fait vibrer nos oreilles. Mais pas autant qu'avec The Grind qui va vous enfoncer une mélodie séquencée qui va rouler en boucle toute la journée dans votre tête. Simpliste avec 8 notes de séquences qui volètent dans une riche enveloppe cosmique, la mélodie est appuyée par de solides orchestrations. Le rythme évapore ses ambiances technoïdes robotiques dans une approche de transe collectif digne des planchers de rave. C'est un petit bijou obsessionnel! C'est du Moonbooter mais dans du plus lourd. Après le petit pont ambiocosmique de Ambios 2, The Heist reprend cette structure de rythme infernal avec un vif mouvement pulsatoire où se greffent des percussions martelées sur du bois mou et des chapelets de séquences qui décrivent des filaments stroboscopiques. Le genre de fusion entre la musique de danse et la techno me rappelle les structures de Visage dans son album éponyme de même que celles de Jean-Michel Jarre dans Teo & Tea mais dans une vision nettement plus vigoureuse. Requiem conclut ACCELERATOR avec une approche théâtrale qui se développe au fil de ses minutes en un bon rock électronique symphonique. Un piano et un clavier échangent des notes mélancoliques en ouverture, tissant une mélodie sombre qui peu à peu troque ses ambiances mortuaires pour un rythme qui croisse graduellement dans des caresses orchestrales pour atteindre un lent staccato câliné par les lentes caresses de violons, transpercé par des solos de synthé très envahissants et transporté par des boom-boom assourdissants. C'est la signature de ACCELERATOR.
Lorsque le nom de Wolfgang Barkowski apparaît quelque part, il faut toujours faire preuve d'ouverture car ses œuvres sont majoritairement de beaux petits bijoux qui ont ce don d'amener l'artiste à un autre niveau. Et c'est exactement le cas avec ce projet-ci. ACCELERATOR est un percutant album d'une MÉ qui joue constamment entre les frontières du modèle de la New Berlin School et la IDM (ou EMD c'est selon) où le rock électronique et symphonique de Alien Nature cohabite sans ombrage avec l'approche Électronica de Stan Dart. C'est très bon! Et au risque de me répéter; les effets électroniques et les arrangements sont à couper le souffle!
Sylvain Lupari (04/12/15) ****¼*
Available at SynGate's Bandcamp
Comments