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Writer's pictureSylvain Lupari

ANDREAS MEYER: Irrgarten II (2016) (FR)

Si vous avez apprécié les sentiers minimalistes d'Irrgarten, celui-ci vous enchantera aussi. C'est aussi bon avec du parfums d'éther

1 Die verzauberte Nacht 16:34 2 Licht am See 15:21 3 Wellen 13:09 4 Spiegebild 13:13

Nord Music (DDL 58:18) (V.F.) (New Berlin School)

Des nappes flottantes étendent un parfum de tonalités de vieil orgue, permettant même à des éléments soniques de gazouiller tandis que des accords d'un faux piano gambadent discrètement sous les caresses d'un synthé et de ses solos qui rampent dans les airs teintés aux fragrances des années analogues. Les oreilles en alerte et les sens ravis par cette approche totalement insoupçonnée d'Andreas Meyer, l'introduction de Die verzauberte Nacht porte à merveille le sceau de sa signification. Nous sommes dans les jardins de nuits enchantées de Klaus Schulze, qui porte définitivement le pouvoir de ses influences sur la musique du musicien de Dusseldorf, avec cette approche très éthérée où les parfums d'éther flottent comme à la belle époque sur la première partie de Die verzauberte Nacht. Un mouvement de séquences fait activement papillonner ses ions un peu après la barre des 8 minutes. Les ions scintillent de leurs tonalités limpides. Et le nuage de leurs radiances tracent un délicat mouvement ondulatoire que de vives pulsations basses et de sobres percussions électroniques redressent en un mouvement de rythme verticale. Comme ces technos morphiques où les bras restent aussi mous que les jambes qui sautillent d'un pas à l'autre dans un état anesthésiant. Une autre ligne de séquences fait chanter ses ions dans une formule d'harmonies saccadées, forgeant un chœur de rossignol qui jacassent sans entendre l'autre. Et comme un maître qui connait par cœur les rudiments de la musique minimaliste, Andreas Meyer assaisonne sa structure de ces doux solos et de ces nappes de voix empruntés au grenier de Klaus Schulze, toujours dans sa période In Blue. Réalisé quelque 2 mois après son premier volet de sa saga sonique sur les labyrinthes, IRRGARTEN 2 nous amène tout doucement vers une autre facette de l'univers Andreas Meyer. Toujours cramponné à son style minimaliste, celui qui avait séduit les internautes avec son premier album Elektronische Erinnerungen, réalisé en septembre 2015, ne semble pas trop souffrir de la note blanche en réalisant un troisième album en l'espace de 5 mois. Mais est-ce qu'une production de masse rime avec qualité? Rime avec originalité? Rime avec la passion de faufiler ses émotions des oreilles de l'auditeur à son âme? J'ai mes doutes, mais allons entendre!

Une des grandes différences entre les deux volets est cette ambiance très éthérée qui enveloppe la musique de IRRGARTEN 2. Le délicat mouvement circulaire de séquences dans l'ouverture de Licht am See est nappé de ces nappes de synthé aux harmonies très sédatives. Peu à peu se greffent des battements rebelles. Comme des billes qui virevoltent sur un convoyeur, ces gouttelettes cristallines sautillent en désharmonie avec cette structure de rythme gravitationnel ambiant qui reste lové dans ces nappes aux subtiles tonalités de vieil orgue. Et contrairement à ses bonnes vieilles habitudes, Andreas Meyer déjoue notre certitude avec une bonne structure de rythme cérébral qui palpite de ses innombrables sources de battements sous l'emprise indélogeable de ces nappes de synthé aux parfums de conquête et de chloroformisation. C'est un très bon titre que je colle dans mon iPod à côté du magistral Das Labyrinth. L'art de la séduction par les fils de l'envoûtement! Andreas Meyer le maîtrise à la perfection. Wellen offre une base somme toute assez simpliste; une ritournelle de 7 accords qui ondule dans des larmes de synthé et de violentes vagues soniques qui s'écrasent sur les berges du néant. Cette séquence harmoniques étampe notre cerveau du sceau de la servitude. Graduellement Sztakics István Attila, (oui oui vous avez bien lu; Andreas Meyer est Nord et Nord est Sztakics István Attila) augmente la vélocité et la force du rythme avec des pulsations sourdes et d'autres séquences qui clignotent vivement comme des lucioles stationnés dans des vents fous. Les percussions qui s'ajoutent augmentent la vigueur du rythme qui reste par contre toujours assez ambiant avec ces nappes endormitoires qui roucoulent, flottent et enveloppent notre subconscient en déployant leurs ailes orchestrales, comme astrales. Ce doux rythme hypnotique retrouve son confort embryonnaire avec une finale qui retourne au berceau de son introduction. Sans trop grande originalité, mais avec une ouverture qui respire la tourmente cosmique Spiegebild s'appuie sur le même modèle que Wellen, mais dans une approche plus éthérée et plus ambiante, et Die verzauberte Nacht pour la floraison de sa structure de down-tempo.

Maintenant! Est-ce qu'une production de masse rime avec qualité? Oui! Rime avec originalité? Non! Rime avec la passion de faufiler ses émotions des oreilles de l'auditeur à son âme? Peut-être! Ça dépend si on aime la musique minimaliste et tous ces petits trésors qui s'y rajoutent sans jamais vraiment paver la voie de la monotonie. Moi j'ai bien aimé IRRGARTEN 2, sauf que je suis du genre que la musique minimaliste enchante, subjugue. Et Andreas Meyer est très bon dans ce domaine. C'est un bel album, avec une vision assez différente du premier volet et où les labyrinthes d'Andreas Meyer sont nettement plus entourés de mystère.

Sylvain Lupari (15/02/16) ***½**

Available at Nord Bandcamp

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