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  • Writer's pictureSylvain Lupari

APEIRON: Imagic (1993) (FR)

Updated: Aug 8, 2019

“Imagic est un solide album de MÉ qui dévoile une assez bonne gamme de sous-genres à partir d'un style musical qui a littéralement révolutionné cet art”

1 Way To Paradise 5:59 2 Imagic 14:17 3 Vortex 8:20 4 Head-land 14:36 5 Roomless 12:37 6 75 Dreams 3:59 Spheric Music | SMCD2001

(CD 60:09)

(Progressive Berlin School)

J'aime partir à la découverte de ces albums et de ces artistes que le temps a enfoui loin dans l'oubli. À l'heure où le genre Berlin School se métamorphosait avec l'implantation de la technologie MIDI et l'utilisation massive des échantillonnages, un mouvement de résistance faisait rage dans le milieu underground Allemand. Les grands labels écrémaient le genre, gardant les noms les plus connus et favorisant la réponse américaine à la MÉ Allemande; le New Age et le Easy Listening. Des artistes tels que Lambert Ringlage, Stephen Parsick, Klaus Schulze (avec IC), Robert Schroëder et Mario Schönwalder, pour ne nommer que ceux-là, restaient les chiens de garde d'un mouvement qui devenait un peu plus progressif et qui parallèlement allait aussi donner naissance au New Berlin School. C'est dans cette foulée que Spheric Music fut mis sur pied. Ce label de Lambert Ringlage allait produire une série d'albums qui respecteraient les tangentes du mouvement Allemand, tout en dénichant une pléiade de talents locaux. Apeiron est l'un de ces noms. Andreas Konrad est l'homme derrière Apeiron. IMAGIC est son 3ième album à paraître sur le label de Lambert et regroupe un surprenant éventail d'un genre qui a littéralement révolutionné l'art musical.

Way to Paradise chatouille notre ouïe avec une lignée d'étoiles scintillantes qui pétillent comme des coups de baguettes sur un xylophone de cristal. Une nappe de voix s'invite tout doucement dans cette chorégraphie astrale, à laquelle s'ajoute aussi des roulements d'eau céleste. Entre un sordide hymne à l'Halloween et les ambiances séraphiques de Legend, Way to Paradise accoste notre écoute avec un rythme lourd et lent où le synthé nous balance une mélodie aiguë très New Age que des percussions font frémir avec de solides frappes. L'approche se militarise, comme beaucoup de structures sur IMAGIC, avec des roulements de tambour, tandis que le synthé reste de soie avec cette splendide mélodie qui se tortille dans une série de solos dont nos oreilles en avaient tant oublié les charmes. C'est très beau, à la limite du lyrisme, ça accroche notre attention de go et c'est et savoureusement musical. Et puis ça se termine assez sec! La pièce-titre démarre avec de petits tintements qui semblent être trappés dans des vents dont les dissonances biscornues entortillent le néant. Des percussions, genre manuelles, tambourinent un schéma de rythme absent alors que tout doucement Imagic trouve sa forme. Une forme sphéroïdale dont les contours restent flous. De belles séquences juteuses se joignent à ce mouvement brouillon qui tournoie dans une ouate astrale. Le synthé revient balancer ces fameux solos qui sont le cœur de IMAGIC alors que le titre, visiblement inspiré par un Tangerine Dream des années 80, égare ses battements dans un passage astral où une série de séquences à la Poland restructure une approche plus progressive dont les essences du Krautrock transpirent au travers une nuée de superbes solos harmonieux. Et tout doucement, les battements et les séquences, aux voltiges aléatoirement si séduisantes, s'estompent alors que Imagic évapore ses derniers moments de musique dans de sinueuses lignes aux acoustiques résonnantes. Ça prend du temps à aimer, mais une fois que l'on a tombé dedans, on en sort difficilement.

Cette remarque s'applique à l'ensemble de l'œuvre qui a une nette tendance un peu plus progressive avec des rythmes, parfois immobiles, qui changent constamment de directions. Et ce même si Way to Paradise séduit d'emblée et que Vortex dégage un rythme harmonique qui trouve niche entre nos oreilles. L'approche est toujours aussi brouillonne avec une intro bourrée de bruits hétéroclites qui pétillent sur le dos de vagues cosmiques. On y entend même des chants de baleines stellaires. Une structure de rythme émerge avec la complicité de deux segments de séquences, l'une mélodique et l'autre organique, qui sautillent et palpitent dans une symbiose un peu hésitante. Andreas Konrad recouvre cette tactique de rythme à contour circulaire un peu brouillonne avec de beaux solos, tant torsadés que mélodieux, tandis que le rythme gagne en vélocité avec d'autres séquences qui scintillent comme une figure de nage aquatique synchronisée. Ce schéma s'applique autant à Head-land et Roomless, à quelques variances près! Après quelques coups de carillons, Head-land sort des limbes avec un ingénieux mouvement de séquences où les sauts entrecroisés des ions s'épanouissent dans des tonalités bigarrées. Encore là les percussions électroniques martèlent et roulent dans l'ombre d'une ligne plus harmonique qui trace un mince filet stroboscopique. Quoique cosmique, Head-land crache un rythme soutenu. Le rythme devient plus lourd et plus vivant avec un maillage de séquences et percussions dont le lit très animé recueille ces fabuleux solos qui parfument les ambiances hybrides de IMAGIC de chants astraux. Après une intro très ambiosphérique, Roomless attaque la quiétude avec un beau serpentin séquencé qui se détache des ambiances morphiques. Les ions sautillent en cascades. Pilant dans la fragilité de leurs ombres, elles tournoient dans des lignes de synthé vaporeuses qui rappellent les ambiances du Dream. Malgré les attaques des séquences et les morsures des percussions, Roomless reste statique et tournoie comme un cerceau stroboscopique abîmé dans un micmac de séquences et de percussions qui peinent à bien structurer un rythme sauvage mais tout de même assez stationnaire. Et ce malgré toutes ces séquences qui volètent et clignent ici et là, harmonisant leurs chants rythmiques avec des solos de synthé toujours aussi lyriques alors que les percussions échappent leurs derniers battements dans une structure agonisante. Du rock cosmique difficile d'accès mais qui au final ravive assez bien les flammes du passé. 75 Dreams termine IMAGIC comme Way to Paradise l'avait débuté; en douceur et harmonie. Les accords me rappellent la mélodie de Heart and Soul, mais dans un savoureux élan plus lent. Les synthés sont toujours aussi magnétisants et inondent nos oreilles de ces chants si séraphiques qui ensorcellent toutes ces structures un brin compliqués d'un bel album oublié sur le comptoir du temps et que cette chronique, je l'espère, vous donnera un peu le goût de faire un vrai beau détour à une époque où le Berlin School était en pleine transformation.

Sylvain Lupari (19/10/14) ***½**

SynthSequences.com

Disponible au Spheric Music

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