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  • Writer's pictureSylvain Lupari

BESSELL & BOYLE: Imaginator (2022) (FR)

Une rencontre entre ces deux gars doit donner une œuvre qu'il faut prendre le temps de goûter

1 The Future Belongs to Dreamers 7:20

2 The Bells hum in one Radiance 7:10

3 The Deconstruction of the old World 7:46

4 Procession 5:12

5 Servant of Doors 7:19

6 Beauty in Infinity 6:04

7 Voice Horizon 5:34

8 Seventh Window 6:28

9 Widescreen 4:56

(CD/DDL 57:52)

(Art for Ears, cinema, eerie themes)

Une rencontre entre Dave Bessell et le trop méconnu Liam Boyle se doit de donner une œuvre qu'il faut prendre le temps de déguster. Et suivez les conseils de votre chroniquer préféré, car nous avons ici une perle qui continuera à se développer au fil de chaque écoute. Les deux musiciens se sont connus au milieu des années 2010 alors que Liam Boyle ajoutait sa griffe sur Theme One du superbe Black Horses of the Sun de Dave Bessell. Les deux musiciens s'étaient promis de collaborer plus tard, dès qu'une fenêtre de disponibilité s'ouvrirait. Ce qui s'est produit en 2020, amenant à nos oreilles ce IMAGINATOR offert en CD manufacturé et distribué par le label Hollandais Groove nl. On connait le membre du groupe Anglais Node, Dave Bessell pour ses albums solos dont le dernier, Reality Engine fut un des bons CD en 2020. Liam Boyle est plus méconnu. Il compose de la musique de films, pour du cinéma indépendant, où les genres musicaux se croisent dans de belles compositions qui se laissent amadouer assez bien. Sa musique à un fond dystopique, mais il faut parcourir sa page car il produit quantité de singles et de E.P. Ces deux musiciens ont des amarres créatrices assez solides pour nous faire passer un agréable 58 minutes de musique électronique (MÉ) sans frontières. Et dans les genres et dans les façons de composer…

Un gros bourdonnement couche son rayon de réverbérations qui accueille une ligne de synthé acuité, possiblement que la guitare de DB y est pour quelque chose, ondoyant avec une forme de langage tonal d'attachée à ses formes bouclées. The Future Belongs to Dreamers prend forme avec de lourdes nappes de synthé qui se sont greffées à cette introduction dont les délicats effets caméléons de guitare résonnent comme sur un ressort. Il n'y a pas 2 minutes d'écoulées que le séquenceur sculpte un mouvement linéaire où les ions sauteurs sont aussi discrets qu’une colonie de pas feutrés mais pressés. Le décor change avec ces filaments spectraux qui se dissipent alors qu'une brume métallisée déploie ses ailes musicales, accompagnant ce rythme devenu plus fluide de The Future Belongs to Dreamers. Le duo d'un CD amène des variances à l'intonation rythmique en même temps que la guitare crache un dialecte improbable qui enchante une oreille remarquant à peine les subtiles mutations rythmiques qui remorquent un titre qui nous charme dès la première écoute. Oui, nous entendons des cloches tinter et résonner sur un rythme grouillant de multiples palpitations en ouverture de The Bells hum in one Radiance. Cette introduction nous plonge dans un univers surnaturel avec des voix fantomatiques affolées courant entre les multiples tintements qui pavent les premières minutes du titre. Nos oreilles captent les signaux de ce sordide univers où le rythme se morcelle peu à peu mais où l'étrange, le surnaturel subsiste sous des nappes de synthé philarmonique. Une structure de rythme, plus mélodieuse qu'animée, donne un second élan à The Bells hum in one Radiance après la 4ième minute. Et tout devient plus musical, on dirait une rythme mélodique avec un accent oriental, mais avec cette enveloppe d'étrangeté qui recouvre toujours les 7 minutes d'un titre dont les charmes deviennent discernables à mesure que les minutes se fanent. Excellent! Thème pour un film sombre, The Deconstruction of the old World nous visse carrément à nos écouteurs. Le scénario musicale de ses 3 premières minutes me commande d'écouter ce magnifique album de Remy, Exhibition of Dreams. Et comme dans un cauchemar, tout tourne au ralenti. Le piano est obsédant parmi ces voix étranges qui foutent la trouille alors que peu à peu des pads de synthé austères remplacent le piano. C'est le moment où le titre change de bout en bout avec un rythme né de pulsations frénétiques et de percussions en mode galop, chevauchant les plaines lucifériennes pour accompagner cette délicieuse mélodie jetée quelque part après la 4ième minute. Une excellente musique pour film de peur. Les textures de ces 3 premiers titres sont d'un esthétisme musical à faire plaisir au mélomane qui dort en nous. Elles sont l'apanage des autres titres de IMAGINATOR qui porte définitivement bien son nom.

Ainsi, la musique de Procession épouse à merveille le sens de son titre avec une lente avancée nourrie de tonalités issues des interstices de synthés modulaires. Il y a même une texture de musique ambiante industrielle qui se greffe à une procession plus animée rendue à ce point. Le surnaturel envahit les premiers instants de Servant of Doors qui se développe avec des salves de lents staccatos dans une atmosphère de profonde terreur. À ne pas écouter passé minuit 😉. Beauty in Infinity atterrit entre les oreilles avec un concerto pour arpèges en verre. Les sons pétillent en tout bord avec un mellotron fluté. La musique coule de façon très agréable, comme d'une façon plus alambiquée que des nappes de violons amènent à un autre niveau d'introspection. Il y a un peu de la Belle et la Bête dans ce titre où les extrêmes s'échangent de beaux duels sur des gammes déroutantes. Voice Horizon est du genre expérimental et propose une structure d'ambiances qui se collent vaguement à The Deconstruction of the old World. Le tandem reprend ce langage musical qui interpellait nos sens avec The Future Belongs to Dreamers. Sauf qu'ici, le mouvement ambiant est plus étrange et plus difficile à apprivoiser. Intense et orchestral, Seventh Window propose un fascinant voyage dans le romantisme spectral avec une belle approche d'une ballade ambiante poussée par les ailes de bonnes orchestrations pour finalement atterrir sur un bon downtempo. Un rythme plus propice à ce genre de ballade peaufinée dans une texture où fantômes et âmes au purgatoire peuvent vivre d'espoir. Il y a toujours un petit côté où l'étrange flirte allégrement avec les 9 structures de IMAGINATOR et Widescreen, avec sa somptueuse musique de film à la Vangelis n'y échappe pas. Hormis l'aspect étrange, la musique respire ces élans orchestraux avec mélodie, fracas et une trop belle voix pour qu'elle existe. Un cocktail qui charme et nous fait sursauter en même temps.

IMAGINATOR est dans la continuité des œuvres solos de Dave Bessell, même qu'un peu plus expérimentale j'ajouterais. Si la première partie place bien ses pièges à séduction, la seconde demande une ouverture d'esprit proportionnelle au niveau de créativité du nouveau duo Anglais. On sent bien la présence de Liam Boyle avec ses structures de musique pour films. Et comme j'écrivais en ouverture de cet article, une rencontre entre ces deux musiciens bien au fait des différents courants musicaux actuels se doit de donner une œuvre qu'il faut prendre le temps de déguster.

Sylvain Lupari (10/01/22) *****

Disponible chez Groove nl

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