“Les deux mondes de Binar et d.Andy Pickford sont révélés dans cet Another Day in La-La-Land avec du psybient et de la musique dansante”
1 Transcendental Space Goat 12:11 2 Another Day in La-La-Land 10:49 3 Dimanches 10:26 4 Byzantium 11:32 5 Planet Shopping 12:29 6 And the Dancing Seaweed 11:24 7 Forget the Sun 6:37 Binar Music (DDL 75:32) (Unclassified EM and synth-dance music)
C'est comme une bouteille sous pression dont on retire le bouchon et qu'une avalanche de sons s'étrangle au goulot. Un cri et des trémolos rauques d'un genre shamanique finissent par passer, de même qu'une ombre de basse vampirique et de sobres percussions. Des séquences clignotent vivement, embrassant des teintes et des formes qui se conjuguent alors que de subtils riffs adhèrent maintenant à une ligne de basse qui monte et descend comme dans un bon rock sans batteries. Le festin sonique de ANOTHER DAY IN LA-LA-LAND vient d'être lancé. Et Transcendental Space Goat lance le bal avec une bonne dose d'EDM et de psychédélisme. Le rythme est vivant et entraînant avec des filets stroboscopiques qui nous fouettent les pieds. Les voix, ces charmes indélébiles des 3 premiers opus du duo Anglais, restent toujours entre la normalité et la déformation, on entend même une chèvre râler, et inondent les rythmes avec des remarques autant engagées et outrancières, forçant une écoute attentive qui transcende la musique. ANOTHER DAY IN LA-LA-LAND ramène Binar à ses racines avec une extravaganza sonique, et musicale, qui respire les belles années de Project Poltergeist. Normale vous allez dire puisque la musique fut composée à la même époque, soit en 2006. Andy Pickford a découvert ces sessions récemment et s'est amusé à les refondre dans une enveloppe contemporaine. Et le résultat est aussi inattendu que délicieux avec un album hybride où la première partie respire le Binar et la seconde, Andy Pickford.
La pièce-titre s'ouvre avec une floraison de tonalités cosmiques, une autre des surprenantes essences de cet album, avant que le rythme ne s'installe. Il est soutenu, comme un bon rock, avec de bonnes percussions entraînantes et orné de petits filaments saccadés de même que de séquences avec un teint organique. Si le rythme et ses parures attisent l'ouïe, les voix sont ici plus envoûtantes avec un discours qui expliquent la mise en garde de Binar quant au contenu possiblement offensant des textes. À noter le beau petit clavier très harmonique qui tisse aisément un ver- d'oreille. Chaque titre ici est une foire sonique, une boîte à surprises qui séduit. Tant pour la nature de ses rythmes, tous très dansables en passant, que par la couleur de la musique et des effets. Dimanches reste dans les même thèmes cosmiques mais présente une rythmique aussi vivante et technoïde que Transcendental Space Goat. Les râles longs et agonisants abondent autant que les charmes insidieux des séquences pluri-phasiques. Andy Pickford effectue un travail remarquable en collant 7 titres perdus qui s'étendent dans un magma de sons et de voix d'outre-monde et donnent une couleur irréelle aux 33 premières minutes de l'album. Par la suite nous pénétrons dans le monde plus harmonique et plus synth danse d'Andy Pickford. La basse, la mélodie et les effets très Le Parc de Tangerine Dream vous souffleront les oreilles dans la ballade extra-terrestre, ou intra-schizophrénique, qu'est Byzantium. On accroche à la première écoute sur ce titre , ainsi que le très beau Forget the Sun, où les effets sont moins dominants que la vicieuse ligne de basse et ces effets de nappes flûtées qui brodent une mélodie misanthrope. Très bon! Chaque titre se colle avec des approches totalement opposées, comme le très danse et transe Planet Shopping. Là aussi la musique resplendit plus que les effets de voix et les effets psychédéliques. Et c'est la même chose avec le farouche et indomptable And the Dancing Seaweed qui est vraiment dans le répertoire Andy Pickford.
Du royaume complexe de Binar à l'univers plus accessible d'Andy Pickford, ANOTHER DAY IN LA-LA-LAND est l'album parfait qui s'adresse à ceux qui veulent découvrir les dessous d'artistes engagés qui refusent tout compromis. Et ce même dans une approche plus commerciale, comme la 2ième partie de cet album qui est ornée de 2 superbes joyaux mélodiques. Les fans de Binar, et d'Andy Pickford ne sont pas en reste avec cet album qui nous redonne le goût de redécouvrir les premières œuvres de Binar et d'Andy Pickford.
Sylvain Lupari (23/05/16) ****¼*
Disponible au Andy Pickford Bandcamp
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