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  • Writer's pictureSylvain Lupari

BINAR: Solipsism (2004) (FR)

Updated: Dec 30, 2019

“C'est un album à se procurer si on aime les choses différentes qui sont tout de même dans un pattern que l'on reconnait aisément”

1 L'infernal (12:50)

2 The Return of The Kirg (9:15)

3 Picochet (9:11)

4 Rumours from The Evacuole (10:11)

5 Not As It Seems (6:34)

6 Doctor Weed (8:23)

7 The Haunted Doobie (14:03)

Paul Nagle Music (DDL 70:31)

(Berlin & England Schools)

(C'est une de mes premières chroniques) Le solipsisme désigne, d'une part, l'attitude du sujet pensant pour qui sa conscience propre est l'unique réalité. Binar est sans contredit l'un des groupes (duo dans ce cas-ci) de MÉ Anglais qui affiche autant ses couleurs sociales. Andy Pickford et Paul Nagle ne font pas les choses à moitié. Ils sont entiers et déplaisent tant pour leurs prises de position politiques que sur les événements à caractère socioculturels. Autant leurs personnalités ont une profondeur, autant leur musique ressemble à leurs personnalités. Vous l'aurez deviné, j'aime bien Binar. Tant pour la musique que pour la personnalité. SOLIPSISM est la première partie, à tout le moins pour les titres 1 à 6, de leur prestation du 27 Septembre 2003 au National Space Center à Leicester en Angleterre. Et ça chauffe, ça bouge énormément. Pickford et Nagle aime entourer leur musique d'une aura cosmique et/ou psychédélique avec échantillonnages multiples, alliant divers effets sonores à des voix difformes et des rythmes soutenus qui parfois frisent le techno.

L'intro de L'infernal décrit fort bien le cycle créatif de Binar. Ça démarre avec des effets sonores où le cosmos borde les confins de l'Enfer. Un bout de phrase de Tony Blair, sur l'intelligence Irakienne, se fait entendre en sourdine sur une bonne ligne de basses séquences dont le bout des tonalités est un brin organique. Solide, cette séquence est traversée par une ambiance cosmique et par un synthé soyeux qui devient plus nerveux. Le rythme casse! L'étau sur le synthé se resserre avec des effets de boucles cosmiques qui le conduisent vers un superbe solo aux allures d'une six-cordes. Les riffs sont pesants et tranchants sur un beat soutenu. L'infernal s'apaise et nous introduit en douce sur The Return of The Kirg. Un univers fascinant nous y attend. Le séquenceur roule un tempo déroutant, un peu comme un gars qui a trop bu, sur des tablas venus d'un monde sous-marin. La basse, le rythme et les effets sonores s'unissent pour donner un tempo qui colle à l'ouïe. J'aime bien l'effet film d’épouvante qui anime ce titre sur sa longueur. Picochet ou Ricochet? C'est tellement évident. Mais attention! Derrière la ligne de séquence rythmique à la Ricochet se cache une atmosphère cauchemardesque et une ligne encore plus basse, plus dramatique qui explose sur des juteux solos de synthé et une bonne utilisation des nappe des voix chthoniennes. Un vrai gros rock électronique qui est diaboliquement savoureux. Et j'aime bien l'illusion! Du Tangerine Dream bien revisité.

Rumours from The Evacuole laisse filtrer une intro très atmosphérique où les flûtes règnent sur une pulsation qui s'accroît. Des notes de synthé viennent danser discrètement et une bonne séquence en boucle s'enroule avec des grosses notes basses et juteuses, style Tangerine Dream. Une excellente pièce qui tourne sur un beat frôlant la paranoïa de la techno, sans vraiment s'y engouffrer. Les notes qui vont et viennent s'abattent comme des coups de hache d'où fusent des solos de synthé aux airs de guitare qui nous rappellent encore plus l'univers de Tangerine Dream dans les années 70. Not As It Seems nous offre un léger piano comme introduction. Une séquence pulsative tourne autour, sans vraiment élaborer. Le tempo se corse avec une courte agitation pour revenir à son débit initial. Cette finale nous amène au Doctor Weed; un homme profondément religieux qui bouge sur un rythme bouclé de nappes de synthé très dense. Un titre atmosphérique entrecoupé des bons échanges de synthétiseurs qui termine cette première partie de concert de Leicester. La deuxième partie étant Binary Motion! Titre fait en studio, The Haunted Doobie est un long couloir musical qui serpente sur une ligne pulsative minimaliste très basse où d'étranges voix se lamentent, donnant ainsi une lourde atmosphère inquiétante. Surplombée d'un synthé spectral, le titre assouplit ses ambiances avec un léger piano rêvasseur qui échange ses accords avec un autre souffle du synthé. Au final, c'est une très belle mélodie nébuleuse qui se termine dans les ombres d'une six-cordes et d'un lourd vent atmosphérique, transportant les vestiges vocaux d'une sombre civilisation disparue.

J'ai adoré ce SOLIPSISM! Un superbe CD à la hauteur des attentes que l'on peut avoir pour Andy Pickford et Paul Nagle. Ces deux artistes extrêmement ambivalents ont réussi à faire une MÉ avant-gardiste qui respecte les visions de la Berlin School tout en y développant une approche plus contemporaine et qui est aux limites de techno ou d'un vague trance psychédélique modéré. À mon avis, c'est un album à se procurer si on aime les choses différentes qui sont tout de même dans un pattern que l'on reconnait aisément, comme la grande majorité des œuvres de Binar et Spank the Dark Monkey. Quoique ce dernier projet soit plus dans le domaine des improvisations expérimentales.

Sylvain Lupari (01/06/06) *****

Disponible au Paul Nagle Bandcamp

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