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  • Writer's pictureSylvain Lupari

BOOTS & WHITLAND: Three Day Week (2019) (FR)

Updated: Feb 21, 2021

“Il y a de gros bijoux sur ce Three Day Week qui est focussé sur les séquenceurs…juste les séquenceurs et et à une excellente batterie”

1 Fish 34:01

2 Alpaca 9:10

3 Eagle 29:20

(CD/DDL 72:30)

(Improvised Berlin School)

Prenez deux musiciens! Deux vétérans aux visions contraires, et enfermez-les dans une chambre chauffée par des séquenceurs et synthétiseurs avec le défi de créer des rythmes sans solos de synthé, même pas de Stephan Whitlan, et vous obtiendrez un album comme THREE DAY WEEK. La connexion entre les idées de Ron Boots et Stephan Whitlan a fait ses preuves avec Substitutes. Les deux musiciens, appuyés de Harald Van der Heijden à la batterie, avaient rempli une heure d'attente dans un pur élan d'improvisation lors du E-Day 2018. D'où Substitutes qui avait été très bien accueilli par les fans de Ron Boots, du label Groove et de la presse spécialisée en MÉ. Et c'est justement après le festival E-Day 2019 que les deux musiciens ont décidé de renouer leurs idées dans un contexte de pure improvisation. Boots & Whitland se sont concentré sur l'aspect séquenceur. Et c'est le fruit de ces sessions d'improvisations qui a guidé la réalisation de THREE DAY WEEK. Cet album repose sur les parties des séquenceurs jouées lors de cette journée d'Avril 2019. Les deux musiciens ont jugé ces parties suffisamment intéressantes pour être proposées aux fans du modèle Berlin School avec des visions Hollandaises et Anglaises. Les parties des harmonies et des solos, de même que la batterie, qui est totalement incroyable sur Eagle, ont été rajoutés afin de finaliser un album fait dans la détente mais avec l'idée de faire exploser nos haut-parleurs.

Fish débute dans la douceur. Des ombres de synthé dessinent des arches qui flottent dans le noir, entraînant des particules qui se désagrègent en laissant leurs empreintes s'évaporer tout doucement. Teintées par le mysticisme, les ambiances se mettent à respirer après la porte des 5 minutes. Une pulsation fait tinter ses résonances qui se multiplient en secret afin d'amorcer une levée rythmique qui siégera pour les 27 prochaines minutes. Des arpèges moirés et des séquences discrètes, coulant comme des ruisselets en suspension, sont à l'origine de cette structure qui est soyeusement enveloppée de nappes de brume et des voix d'une chorale absente. Exploitant avec tact l'approche minimaliste de Fish, le duo Boots & Whitland ajoute des particules de rythme qui donnent du poids sonore à ce long titre conçu pour recevoir un gros inventaire de séquences et d'éléments percussifs. Parmi les arpèges dansants, certains ont un niveau plus harmonieux et tracent ces mélodies évasives qui ornent si bien ces structures serties des boucles magnétisantes. Fish progresse dans ce décor où des percussions, batifolant comme un noyau de libellules figés dans le temps, ajoutent aux charmes de cet essor rhythmique qui tenaille ses ambiances. Sans exploser, mais accumulant sans cesse une vigueur qui restera contenu dans son espace-temps, le rythme passif de Fish nous amène à une finale qui se vide de ses éléments percussifs. Au final, Fish c'est 34 minutes de rythmes croissant en volume et en intensité dans un couloir tubulaire en plexiglas qui s'élargit peu à peu de l'intérieur. Un peu long, mais son intensité fait que ça passe assez vite!

Mon coup-de-cœur est bien cette ode à la sérénité spatiale qu'est Alpaca. Le mouvement est céleste avec 4 accords qui marchent tranquillement sur le bord d'un océan cosmique, avec comme compagnon de voyage une ligne de basse moins docile à l'idée de marcher 9 minutes. Ces arpèges se rassemblent par endroits afin de nous souffler une très belle mélodie qui m'a fait lever le poils des bras par moments. Surtout avec ces ombres des synthé qui sont comme des caresses maternelles. Plus hypnotique que minimaliste, cette procession astrale est ornée de vapeurs d'éther, ainsi que des chuchotements et de bruits camouflés par la distance. Moi j'ai adoré. C'est la mon iPod, section; minutes pour rêvasser et m'endormir! Je pense toujours être dans Alpaca lorsque les ambiances de Eagle sont portées à mes oreilles. Son introduction est bigarrée de textures sonores qui vont et viennent sur un oblong mouvement circulaire du séquenceur. Des vents acides, des lamentations sonores et des réverbérations torsadées affluent sur cette ouverture qui a déjà épuisée 11 minutes en éléments ambiosoniques et ambiosphériques, lorsque finalement Harald Van der Heijden vient prêter ses mains à deux séquenceurs qui s'éveillent. Eagle s'envole! Son rythme est vif, à cause la batterie, et spasmodique, à cause les séquenceurs. Il est surtout très invitant avec un maillage acoustique-électronique dont le seul gagnant est mes oreilles. En fait, il ne manque que des solos de synthé pour rendre le tout parfait. Ce qui n'était pas prévu dans ce THREE DAY WEEK concentré sur les séquenceurs et leurs dimensions qui ne sont pas toujours rythmiques.

En dépit de certaines longueurs, ce dernier opus de Ron Boots et Stephan Whitlan possède tous les atouts pour plaire aux amateurs de MÉ. On y entend trois structures différentes qui ont chacune leurs charmes; minimaliste, mélodieux et rythmes ambiants autant qu'entraînants avec un Eagle qui casse effectivement la baraque. J'ai apprécié sa découverte un peu plus avec mes écouteurs, quoique le mastering permet son écoute sur haut-parleurs, et ça remplie ma salle d'écoute avec puissance et précision. Une très belle réalisation de Groove nl.

Sylvain Lupari (19/10/19) ***½**

Disponible chez Groove nl.

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