“Voici un festin de musique ambiante où nos oreilles deviennent les yeux fixant la nuit et ses étoiles”
1 Ondes Intergalactiques Part I 17:38 2 Ondes Intergalactiques Part II 13:28 3 Ondes Intergalactiques Part III 15:11 4 Störtebecker (Encore) 7:15 5 Extension on an Early Sketch 20:00 Bruckner&Brüssel Music
(CD-r/DVD-r/DDL 73:34) (Ambient cosmic EM)
Les internautes et les amateurs de MÉ, surtout ambiante, découvrent de plus en plus l'extrême polyvalence de Michael Brückner. Le musicien/synthésiste Allemand forme aussi un duo assez particulier avec Mathias Brüssel qui se nomme La Mansarde Hermetique. Et c'est avec ce dernier, qui est un spécialiste des échantillonnages divers avec une forte propension pour ceux qui sont cosmiques, qu'il fut invité à participer au Cosmic Nights Festival de 2015. Les deux complices annexent leur créativité dans le cadre ce festival qui s'est tenu au planétarium de Belgique le 29 Mai 2015. Et comme Michael ne fait jamais rien à moitié, le duo offre un coffret CD/DVD qui regroupe tant une présentation vidéo du concert que toutes les pièces pratiquées et interprétées lors de cet événement qui s'adresse principalement aux amateurs de musique ambiante et cosmique. Et c'est basé sur les mouvements improvisés que le duo Brückner/Brüssel ont pénétrés les ONDES INTERGALACTIQUES de ce festival qui gagne de plus en plus en notoriété.
Qui dit improvisation dit mouvement parfois long à établir une connexion entre 2 musiciens qui unissent leurs visions cosmiques pour une première fois. C'est sans doute ce qui explique la longue introduction, j'aurais passé outre les applaudissements, de Ondes Intergalactiques Part I où bruits de fritures, pulsations laconiques et bruits électroniques autant hétéroclites que de sci-fi inondent une lourde ouverture brodée dans un tintamarre ambiant. On y entend des bourdonnements de gong, de même que d'autres frappements sur une enclume intergalactique, et des voix cosmiques décrire un compte à rebours. Des cerceaux échoïques et des séquences unissent leurs harmonies en un filet stroboscopique déréglé, tandis que des ondes de synthé, des solos rêveurs et des voix cosmiques s'agglutinent sur une toile de fond immensément imprégné d'une approche cosmique. On dérive dans le cosmos avec une précision inouïe pour un banquet sonique improvisé. Une forme de rythme ambiant émerge un peu après la barre des 7 minutes. On entend l'écho des ombres des séquences tissées un rythme statique qui fait palpiter son aura organique dans de denses, et le mot est faible, larmes de synthé nouées par de superbes orchestrations cosmiques. Il n'y a pas à dire; Michael Brückner et Mathias Brüssel ont su adapter rapidement leurs styles dans un contexte d'improvisation de musique intergalactique. Des arpèges sautillent en troupeaux dans un dense magma sonique où coulent toujours des larmes de synthé et fusent leurs ombres écarlates avec des lamentations acérées. On dirait des chants de fantômes aromatisés par des Ondes Martenot. Moi j'aime bien. C'est ambiant et intense. On y entend les astres dominés des étoiles qui défilent comme des flammes allégoriques alors que le titre éponge ses sueurs dans une finale très ambiosphérique. Ondes Intergalactiques Part II propose une introduction tout en sons où se sauve une ligne de séquence fluide et musicale qui serpente un univers maquillé de voix sombres. C'est un mouvement qui me ramène dans les esprits de Tangerine Dream, années Phaedra et Rubycon. Des arpèges de verre font miroiter leurs couleurs astrales tandis qu'une ligne de flûte charme un rythme qui peu à peu étend son emprise avec un mouvement plus vif et aussi plus lourd. Le mouvement est sphéroïdal et détache ses boucles minimalistes qui ondulent dans de belles et subtiles impulsions d'une ligne de basse et dont les ombres dessinent des couloirs d'intensité qui hantent le chant des reflets des astres. Ondes Intergalactiques Part II consume ses dernières séquences qui s'enfuient dans l'ouverture de Ondes Intergalactiques Part III où elles palpitent furieusement en faisant danser leurs ombres organiques sous les chants d'un synthé qui aborde toujours ONDES INTERGALACTIQUES avec un esprit d'expérimentation sonore. C'est un bon rock électronique, comme dans les années vintage, qui conclut un solide 46 minutes de musique cosmique improvisée.
De ce que je comprends, Störtebecker est un encore que le duo Brückner/Brüssel a pratiqué quatre fois avant de le présenter au festival dans sa forme actuelle. C'est une musique très ambiante et aussi très intense avec une nuée de lignes de synthé qui s'agglutinent dans une masse d'ondes galactiques très compacte. Et derrière ce rideau, des filaments un brin nasillard se forme un mouvement de séquences dont les touches limpides rappellent l'univers de Software. Les percussions tombent et Störtebecker dévoile les charmes d'un bon, et surprenant, down-tempo. Un down-tempo cosmique qui interrompra son envoûtante, c'est le cas de le décrire, cadence dans des ambiances où l'approche psychédélique n'est pas vraiment loin des tentatives de Software afin de créer une musique plus expérimentale. C'est très bon! Je vous invite à l'écouter sur le site de Michael Brückner et Mathias Brüssel. Et lorsque l'on parle d'expérimentations sonores, les 20 minutes de Extension on an Early Sketch en étale toute la dimension dans une structure ambiante assez intense où flânent de paresseuses et brèves structures de rythmes. C'est plus ou moins un titre en prime pour les amateurs du duo qui reviendra en force dans la peau de La Mansarde Hermetique.
Je sais que ONDES INTERGALACTIQUES est un album de Michael Brückner et Mathias Brüssel, mais je dois insister pour souligner tout le travail de Michael Brückner. Peu importe où il niche et ce qu'il fait, il en ressort toujours une MÉ d'une solide efficacité. Et c'est exactement le cas avec cet album et sa musique d'ambiance cosmique, ses lentes nappes ambiosphériques ainsi que ses rythmes graduelles et magnétisants qui sont les prémices d'un décor sonique où nos oreilles deviennent les yeux qui fixent la nuit et ses étoiles.
Sylvain Lupari (26 Juillet 2015) *****
Disponible au Brückner & Brüssels Bandcamp
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