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  • Writer's pictureSylvain Lupari

BROEKHUIS, KELLER & SCHONWALDER: Direction Green (2014) (FR)

Encore un splendide opus de MÉ minimaliste qui pétille de fraîcheur par ce trio qui traverse les âges sans rides

1 Direction Green Part I & II 42:17 Manikin Records | MRCD 8003

(EP 42:17) (V.F.) (Minimalist New Berlin School)

Le rythme vient de loin. Il fourmille comme le galop d'une cavalerie que nos oreilles captent au ralenti. Les lignes de synthé tracent des brouillards électroniques, un peu comme lorsque nos doigts effleurent la surface des nuages. Et les accords dansent dans des spirales stroboscopiques légèrement ébréchées. Nous sommes en route vers Green; le prochain album du duo Keller & Schönwälder qui est prévu pour le printemps 2015. Les fans sont impatients et attendent les oreilles déjà trop fortement dilatées pour la suite de cette pentalogie sur les couleurs que le duo Allemand amorçait avec Noir en 2003. Les structures musicales de cette symphonie électronique sur les teintes et coloris visuelles ont toujours rencontrées leurs équivalences auriculaires avec de longues structures minimalistes qui mélangent à merveille les ambiances dormitives à de doux rythmes morphiques. Et à ce niveau DIRECTION GREEN saura charmer, mais avec un petit quelque chose en plus.

Les percussions de bois claquent avec discrétion et la ligne de basse perd ses pulsations dans des coups de percussions basses. Les 15 premières minutes offrent un rythme sautillant qui ondule et chevrote dans un genre de limon musical où les vagues soniques s'entrechoquent en de fascinants clapotis organiques. L'effet crée un genre de staccato statique. Les ambiances sont farcies de lignes stroboscopiques évanescentes et de séquences organiques qui sur dimensionnent les teintes de vert. Les solos sont enchanteurs. Parfois rêveurs et tantôt sombres, on dirait une étrange guitare organique, ils traînent de longilignes mélodies ambiantes qui fragmentent leurs airs dans un continuel remous agité de saccades et de filaments stroboscopiques. Étonnement, j'entends du Vangelis. Direction Green Part I & II change de peau un peu après la 15ième minute. Le rythme devient vaporeusement funky avec une bonne ligne de basse qui gargouille autant qu'elle bat, supportant les harmonies difformes des ondes spectrales et ces accords maquillés en riffs qui découpent de brèves harmonies tranchantes. Après un court passage ambiosonique où les lignes pulsent en de longs filets saccadés, Direction Green Part I & II épouse cette structure de techno morphique si chère au répertoire de Keller, Schönwälder et Broekhuis. C'est tranquille. On dirait un techno dans un état d'apesanteur. Mais l'univers sonique tout entier grouille comme une mare inondée de krills. Et les solos font fi de ces cliquetis de percussions, de ces séquences organiques et de ces ondoyantes lignes de synthé qui déroulent des nuages stroboscopiques. Pleurant des larmes de saphir dans de douces brumes aux teintes de l'émeraude, ils glissent si tendrement qu'ils nous enveloppent d'une couette de sérénité. Un nouveau chapitre se créé à 34:50 alors que Direction Green Part II embrasse nos oreilles avec des nappes de synthé qui flottent comme des nuages soporifiques et des harmonies solitaires, présentées par une tonalité de saxophone très près des sérénades mélancoliques de Vangelis, sur une structure ambiante où de faibles tam-tams, et des percussions hétéroclites, nous ramènent aux ambiances des déserts tel que dépeint par Steve Roach. Très bon!

DIRECTION GREEN est une savoureuse entrée, en attendant Green! Peu importe les époques, la musique de Keller & Schönwälder voyage à travers les décennies avec une telle grâce qu'il nous est impossible de ne pas tomber sous ces charmes hypnotisants. Cette musique délicieusement minimaliste n'a plus aucun secret pour ce duo Allemand, fortement appuyé par le brillant jeu du percussionniste de Bas Broekhuis (il ne faut pas l'écarter de l'équation Keller/Schönwälder celui-là), qui illumine constamment l'ouïe avec de superbes décorations soniques. Le secret réside dans le Memotron et ces autres instruments électroniques que Manikin a su développer au fil des ans, donnant un 3ième souffle à un art dont on interrogerait la pertinence sans l'apport de musiciens de ce calibre.

Sylvain Lupari (01/11/14) *****

Disponible au Manikin's Bandcamp

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