top of page
  • Writer's pictureSylvain Lupari

CHRISTOPHER ALVARADO: Ancient Doors (2013) (FR)

Une aventure sonore époustouflante qui mêle le psybient, l'ambiant et les rythmes tribaux dans une texture dense de ses effets

1 Andromeda at Dawn 5:55

2 Civilizations 4:09

3 The Lock of Past 4:48

4 Dakini (Sky Goer) 4:32

5 Dunes 5:23

6 Jewel of the Jackal 4:48

7 Lady of the Skirt of Snakes 5:48

8 Dunes (Drifting Waves Mix) 5:23

9 Pixiu with Fortune 4:16

10 Adhene 4:30

11 Sculpture of the Yali 5:15

12 Andromeda at Dusk 6:00

(DDL/CD 60:50)

(Psybient and dark industrial)

Faire de la musique pour un film qui n'existe pas. Un film qui se déroule dans notre tête mais que l'on voudrait montrer à tout le monde. À tout le moins, à plus de monde possible. Tel est la vision de label Aural Music. Tel est aussi le défi de Christopher Alvarado sur son album qui se veut un voyage sonique dans les frontières spirituelles ancestrales des Aztèques. ANCIENT DOORS est aussi déroutant que fascinant. C'est un album puissant de ses innombrables impulsions synthétisées qui paralysent des rythmes implosifs. C'est aussi un album très intense où les couches de synthés aux tonalités irisées camouflent moult voix surréalistes, où les percussions indécises tissent des rythmes approximatifs, où les arrangements orchestraux ornent des ambiances cinématographiques, où les voix spectrales dessinent des chorégraphies spirituelles et où les bruits industrielles prennent des teintes ésotériques. Mais c'est avant tout un album insaisissable qui va plaire aux maniaques d'ambiances noires et aux amateurs de MÉ psybient et abstraite.

Andromeda at Dawn débute l'aventure sonique avec des accords hésitants qui sont bercés par une enveloppante aura de mystère. Des râles ectoplasmiques, des cognements dérangeants et des souffles flûtés décorent une intro où les ambiances sont aussi patibulaires qu'enchanteurs. Des percussions tracent le débit d'un galop. Le lent débit d'un métronome fantôme qui pulse et s'évanouit dans de denses nappes abstraites aux couleurs de poudre bleu. Ce rythme absent qui donne constamment l'impression d'exploser mais implose est la source de charme de cet album. Les rythmes y sont évasifs et ensevelis sous de denses couches de synthé aux arômes plus psychédéliques qu'harmonieuses. On a la vague impression de flotter dans un brûlant magma sonique et que ces frappes de percussions incertaines tissent une route imaginaire vers un monde irréel. Si l’avalanche sonique perturbe un peu les passions, Civilizations nous réconcilie avec ses belles percussions bédouines qui tambourinent un hypnotique rythme clanique. J'entends du Mike Batt avec ces gargouillis d'une vicieuse ligne de basse. Cette délicate intro onirique est violemment happée par une nuée de tonalités éclectiques qui dessinent un imposant canevas industriel gothique, notamment avec ces tintements de chaînes et ces voix perdus qui tentent d'enrober Civilizations d'une approche angélique. C'est un bon titre très magnétisant. The Lock of Past est un intense titre ambiant avec l'approche tribal d'une tribu vivant sous des ruines de béton. Et c'est un peu le paradoxe de ANCIENT DOORS. Si Christopher Alvarado veut imposer des structures musicales d'un vieux peuple ancestral, il greffe à sa musique tellement de particules soniques que le tout dégénère en un imposant magma de métal en fusion. Ceinturées dans des structures de psybient, les approches rythmiques sont séduisantes et leurs attraits résident dans cette intense fusion des sons, tons et bruits qui en ralentit la cadence. Prenons exemple le froid et très acide Dakini (Sky Goer); son ossature de rythme abstrait fige dans un bruyant carrousel industriel animé par des croassements hachurés.

Les ambiances sont riches. On n'a pas assez de nos deux oreilles pour assimiler toute cette énergie sonique qui déborde à chaque titre. Dunes et ses belles orchestrations qui emmitouflent des voix délirantes et aussi l'intrigant Lady of the Skirt of Snakes sont aussi attirants que dérangeants. Cette enveloppe morphique est séduisante parce qu'Alvarado sait jouer avec ses rythmes et ses ambiances. Ainsi le très bon Jewel of the Jackal dévie vers un suave down-tempo organique. Le sitar relève les ambiances tordues qui pullulent comme des spectres industriels dans une forêt vierge. C'est très bon, surtout quand le rythme s'anime de lourdeur. J'entends du Death in Vegas. Dunes (Drifting Waves Mix) est un autre bel exemple avec un très bon down-tempo aux airs tribaux du Moyen-Orient. Et le sitar…un vrai petit délice pour pimenter les ambiances. Noir et très para-psychédélique, Pixiu with Fortune renferme un cachet claustrophobique où des percussions disjonctées résonnent comme des gouttes d'eau dans une grotte. L'aventure musical devient de plus en plus imprégnée d'un voile de psychédélisme. Après une lente et imposant intro, Adhene explose d'une folie sonique contagieuse qui risque de faire sauter vos haut-parleurs. Sculpture of the Yali nous plonge dans un univers d'horreur avec son rythme organique qui pulse sous d'innombrables voix de sorcières en chasse. Andromeda at Dusk calme un peu le jeu avec une approche plus clémente où le rythme se tait dans un immense magma sonique immersif. C'est toujours bruyant, c'est toujours intense mais c'est un peu moins sauvage que le reste de ANCIENT DOORS qui est un redoutable album où la musique ambiante industrielle croise des rythmes noirs. Ce n'est pas pour toutes les oreilles, sauf que ça demeure extrêmement fascinant. À écouter avec la même ouverture d'esprit que Christopher Alvarado.

Sylvain Lupari (26/10/13) ***½**

Available at Aural Music Bandcamp

3 views0 comments

Recent Posts

See All
bottom of page