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  • Writer's pictureSylvain Lupari

CRAIG PADILLA: Discovery of Meaning (2022) (FR)

La première écoute séduit, la suivante devient une histoire d'obsession, etc...

1 Perception Stream 12:26

2 Discovery of Meaning 4:27

3 Continuum, Part 1 5:13

4 Continuum, Part 2 10:20

5 Adrift in Memory 6:21

6 Cottonwood 20:49

7 Festive Awakening 12:02

(CD/DDL 71:38)

(EM Diverse pallets of styles)

Comme un doigt touchant la surface d'une eau calme, Perception Stream étend ses rayons dans une motion de quiétude. Les ondes se multiplient, certaines ayant une sonorité plus menaçantes, mais leur bouclier ne peut parer ces accords anodins dont la faible nitescence est témoin de ces battements arythmiques qui se font entendre autour de la 2ième minute. La quiétude est déjà chose du passé! Les rayons de synthé deviennent des cerceaux sonores compactes qui vont et viennent dans un effet de DJ sur un rythme accélérant graduellement la cadence. On y danse pas, mais on y rêve pas non plus! Le mouvement étend ses tentacules saccadées alors que l'ossature rythmique est en pleine mutation. Bruits blancs et effets de psybient s'attachent à ce rythme pulsatoire où se greffent de bonnes percussions électroniques. Le synthé lance sa dose d'effets sonores et des solos dont les charmes restent en suspension au-dessus de cette mer de sons et de rythmes agités. La masse sonore se densifie à mesure que le rythme perd son contrôle, amenant Perception Stream dans une phase spasmodique où graduellement Craig Padilla dompte sa ténacité pour offrir une belle ligne d'arpèges scintillant et clignotant de moins en moins vite après la 9ième minute, amenant ce premier titre de DISCOVERY OF MEANING dans une finale qui s'abreuve des souvenirs de son ouverture. Ce nouvel album du musicien-synthésiste californien a pris racine dans l'Oregon alors qu'il travaillait sur la conception de synthétiseurs modulaires Mattson qui ont servis à la création de cet album qui vous étonnera pour plusieurs raisons. En premier, il y a cette palette des sons et des rythmes qui couvrent la vaste étendue de la carrière de Padilla. Et surtout ces structures de composition qui sont évolutives et nous promènent d'un extrême à l'autre dans une richesse sonore d'une qualité exceptionnelle. Ce que vous entendrez ici est aussi unique que magnifique. Un album qu'il qualifie d'intimiste, parce qu'il s'agit d'une célébration de la vie malgré ses déboires sanitaires, DISCOVERY OF MEANING est une production sans failles du label Spotted Peccary et met en relief un musicien aguerri qui n'a jamais craint de sortir de sa zone de confort. La première écoute séduit, la suivante devient une histoire d'obsession qui grandira à chaque nouvelle écoute. Eh que la musique est belle! La pièce-titre propose une berceuse lumineuse avec un léger zest de drame dans le ton. Le musicien de Redding illumine nos oreilles avec un magnifique carrousel d'arpèges miroitant qui illumine nos oreilles, un peu comme si nos tympans entendaient à travers un prisme. C'est avec ce kaléidoscope musical que nous voyageons avec nos rêves. Mais pas pour longtemps! On atteint pas la barre des 2 minutes que la structure vire à l'envers afin d'offrir un rythme nerveux qui devient vite une saccade pulsatoire où le Trance flirte avec une ambiance Rave sur une distance de 90 secondes avant que la finale ne revienne sur la raison qui a fait germer Discovery of Meaning.

Continuum est tout un joyau du style Berlin School. La conception origine d'une demande de l'animateur du Star's End Radio, Chuck Van Zyl, qui a demandé à Padilla de lui composer un titre reflétant ce qu'un artiste faisait pour rester sain d'esprit pendant la longue quarantaine. Proposé en 2 parties, Continuum est ce titre. Continuum Part 1 est de nature atmosphérique avec des fredonnements murmurés par les filles du musicien, Harmonee et Melodee, qui travaillaient à distance avec une étudiante allemande, d'où ce mélange de voix dans un bouillon sonore constitué d'orchestrations se fondant dans un vaste remous atmosphérique. Le résultat est plutôt sibyllin avec de belles textures de voix sur un fond sombre. Continuum Part 2 suit avec une belle séquence ascendante qui escalade une nappe océanique brouillée. À prime abord séraphique avec ces voix qui enserrent cette irrésistible poussée du genre Berlin School, le rythme se développe par boucles répétitives qui finissent par structurer une ascension de plus en plus cadencée pour devenir un rock cosmique théâtrale avec ces orchestrations mues par une vision dramatique. Entre du Bernd Kistenmacher et du Michael Stearns, c'est ce genre de titre intense et complexe qu'on aime redécouvrir à chaque nouvelle écoute. Dans un puits de sons et de voix miroitant sous nos oreilles, de fragiles accords flânent en laissant paraître une certaine mélancolie en ouverture de Adrift in Memory. Une ligne de séquences se met aussitôt en évidence en faisant alterner vivement ses ions sauteurs qui ont cette couleur miroitante du puits dans une structure musicale statique et intense qui tourne sur elle-même, comme si un maitre des sortilèges remuait sa soupe à sons. L'ouverture de Cottonwood est remplie de bruits environnants, la plupart bucoliques, que Craig Padilla a enregistré dans sa cour arrière. Une nappe de résonnance étend son linceul de bourdonnements aux formes élancées où se détache des ondes pleureuses et d'autres ayant un attribut radioactif. Un piano apparaît au milieu de cette marre sonore, moi aussi j’ai pensé à Ray Lynch, et ses notes délicates se perdent dans ce maelstrom de réverbérations cuivrées. Mais un élément pulsatoire fixe notre attention à nos oreilles un peu avant la 4ième minute. Son évolution, entachée par ce foyer de réverbérations circulaires, se fait en sourdine en se creusant un passage souterrain pour revenir à la surface. Ce jeu du chat et de la souris amplifie la violence statique des vents circulaires réverbérants, de même que la nature de la pulsation qui est devenue caoutchouteuse et irradiée de bruits-blancs. La tonalité se métallise graduellement pour atteindre un point de non-retour où les éléments se liquéfient en un bouillon plus séraphique, une 30taine de secondes après la 12ième minute. Cottonwood retourne ainsi à sa conception dans un bouillon sonore où une ligne de séquences aussi saccadée que dans Adrift in Memory hache menu-menu ses derniers moments atmosphériques. Festive Awakening clôture DISCOVERY OF MEANING avec des nappes de violon et d'autres de réverbérations corrosives dans ce mélange de texture de couleurs tonales contrastantes qui entourent les mystères de ce nouvel album de Craig Padilla. Un roucoulement du synthé se fait entendre au-dessus d'une eau tonale pour rejoindre les astres violonnés dans une délicieuse phase de Berlin School flirtant avec une vision plus éthérée de la EDM. Notre imagination forge un train surréel qui sillonne des plaines faites de nappes d'orchestrations et d'harmonies synthétisées aux veilles couleurs des année 70. Un genre de mélange entre Jean-Michel Jarre et Michael Garrison qui ne nous fait pas oublier par contre tout le génie de Craig Padilla pour tisser une MÉ où on a pas assez de nos deux oreilles pour se pendre à un album qui défiera le temps.

Sylvain Lupari (16/02/22) *****

Disponible chez Spotted Peccary Music

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