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  • Writer's pictureSylvain Lupari

ELECTRIC MUD: The Inner World Outside (2022) (FR)

Même sans être de la MÉ pure, je n'ai pas pu résister à l'envie d'écouter leur dernier CD

1 Exploring the Great Wide Nothing 3:56

2 The Fear Within 7:20

3 Around the Mind in 80 Lies 7:13

4 Those who Leave the world Behind 3:52

5 Guardians of the Weather Machine 4:04

6 Silent Stranger Suite 10:06

7 Sérotonine 5:14

8 Descent into the Forsaken Valley 5:03

9 Moving On 2:04

(CD/DDL 48:56)

(Prog EM, Cinema Music)

J'avais tellement aimé Quiet Days on Earth que je n'ai pu résister à l'envie de demander une copie promotionnelle de THE INNER WORLD OUTSIDE de Electric Mud. Encore ici, nous sommes assez loin du genre Berlin School et autre dérivé de ce style de musique électronique (MÉ) avec une musique progressive centrée sur les équipements de base, soit synthé, clavier, batterie, basse et guitare. Pas de chanteur, juste de la musique. Et de la très bonne musique qui laisse tout de même beaucoup de place aux synthés et claviers et qui sied surtout bien à ces journées où on aimerait aiguisé nos oreilles avec un autre style. La texture sonore et la construction des titres ont évoluées entre ce nouvel album du groupe de Hagen Bretschneider et Nico Walser et le dernier. Les additions de Timo Aspelmeier et David Marlow aux claviers, orchestrations et batteries, de même que Judith Relzik aux violons et au violoncelle expliquent en grande partie cette enveloppe musicale encore plus riche, notamment au niveau des orchestrations. Ce nouveau trio de musiciens a aussi participé pleinement aux compositions de cet album qui privilégie un peu plus un accès direct au rythme, reléguant loin derrière ces longs passages atmosphériques que nous trouvions dans Quiet Days on Earth. Ça ne veut pas dire qu'il n'y en a plus…

Comme cette superbe ouverture à l'album qu'est Exploring the Great Wide Nothing. Cette procession pour mélodie déconstruite est guidée par de somptueux arrangements dans une texture musicale cinématographique à donner la chair de poule. Sérotonine est du même moule, avec une texture légèrement plus ténébreuse sur une belle et harmonieuse flûte ainsi que de belles orchestrations de violons pour devenir un bon rock théâtral lourd, pesant et lent. Théâtrale, la musique de Electric Mud peut en embaumer les imaginations les moins fertiles. Prenons l'ouverture de The Fear Within et ses filaments réverbérants qui serpentent sous une pluie en imitant de longs ululements organiques. Le piano électrique fait frissonner quelques notes glaciales qui suivent la lente cadence d'une basse et les coups de tambour épars. À haut volume, la peur se cache dans tous les coins de notre salle d'écoute. Mais voilà, le piano refuse d'intégrer cette phase avec ces notes limpides qui courtisent une flûte. Le carrousel des arpèges est enivrant et guide nos sens vers une ligne de basse rampant comme les meilleurs coulisses de Patrick O'Hearn. C'est à ce niveau, un peu après la 4ième minute que The Fear Within se transforme en un rock progressif cathédralesque avec des nappes et des mélodies ambiantes de l'orgue sur de fortes percussions et des arrangements vocaux digne d'un Vangelis de la première heure. C'est un angélus diabolique qui manipule l'ouverture de Around the Mind in 80 Lies. La basse est décapante et entraîne la musique parmi riffs et saccades, rappelant un peu l'immensité de Mike Oldfield dans Amarok avec des passages acoustiques et doucereux qui flirtent avec ses contraires. Et les contraires étant des effets vocaux bizarroïdes et autres extrêmes de même acabit dans une texture dure et délicieuse. Comme dans Quiet Days on Earth, les guitares ont ce son très Oldfield.

Those who Leave the world Behind se développe lentement avec une vision dramatique pour explorer les hymnes du style Canterbury où les parfums folkloriques de celui à qui on doit Hergestridge parfument des ambiances qui me rappellent les meilleurs phases de Jethro Tull. Les riffs de guitare sont assassins dans Guardians of the Weather Machine, un titre qui amorce sa virée dans une sidérante tempête de vents agonisants. Des effets percussifs tintent, de même que diverses sources de bruits se font entendre dans une ouverture qui glisse dans un rock acide avec le bouquet Funk de la guitare. Et que fait le violon pleureur ici? C'est la magie des contrastes de THE INNER WORLD OUTSIDE. Par la suite, nous entrons dans une seconde moitié d'album plus tranquille. Nostalgique est le piano qui débute Silent Stranger Suite! Ce plus long titre de l'album exploite une approche méditative avec le piano, le clavier, la guitare acoustique, le synthé et le violon qui s'échangent leurs présences et leurs délicates harmonies ambiantes. Ce piano n'a pas fini de séduire, puisqu'il ouvre les destinées de Descent into the Forsaken Valley dont les 60 premières secondes reposent sur la douceur de Silent Stranger Suite. Sauf que le titre se développe avec une intensité cinématographique pour film de peur avec ce piano qui est toujours dominant, alors que peu à peu la musique s'éveille sur d'éphémères soubresauts rythmiques. Moving On termine cet autre très bon rendez-vous musical proposé par Electric Mud par encore une fois ce splendide piano émouvant. Et même si quelques bruits de fond tentent de faire exprimer cet élan de schizophrénie qui sommeille toujours en nous, ceux qui mastiquons les réserves sonores de ces groupes et/ou musiciens toujours à la quête de l'excellence, Moving On reste majestueux et donne ces munitions nécessaires pour repartir l'aventure illico en ramenant l'intensité de Exploring the Great Wide Nothing à nos oreilles.

Mais pas trop vite, puisque le téléchargement de THE INNER WORLD OUTSIDE donne droit à 3 titres cachés qui ont été coupé au mixage final de l'album. Ces 3 titres sonnent comme des antépisode à ce nouvel album en ayant une essence de Krautrock qui s'arrime plus à la musique de Quiet Days on Earth, un peu comme si Hagen Bretschneider et Nico Walser se retrouvaient seuls. Last File of the Digital Nomad est savoureux dans son approche de reggae avant-gardiste qui se transforme en bon rock entraînant. Le titre exploite une finale un peu olé-olé mais ça respecte la facture créative du duo. Metamorph Diaries est le plus beau de ces 3 cadeaux et aussi dans la pure tradition des krautrock avec guitare dans une structure qui se débarrasse de son enveloppe ambiante pour marcher vers un rythme structuré sur une répétition de riffs percussifs pour être finalement solidifié par des percussions. Magique, ça ressemble étrangement à une musique pour un Pocahontas assez différent. Les parfums sont là…! Après une ouverture intense, Empress of the last Days glisse sur les douceurs d'une guitare acoustique très rêveuse. La structure de la musique, même si très belle, n'est pas sans rappeler les visions de Pink Floyd sur Ummagumma en exploitant un intense passage apocalyptique pour se terminer par un bon rock arrimer à de somptueux arrangements orchestraux. Nous sommes loin de cet Ummagumma, je vous le concède, mais pas au niveau de la créativité. Vous n'êtes toujours pas rassasié? Eh bien Electric Mud vient tout juste de réaliser un mini-album, Lost Places, tout à fait gratuitement sur sa page Bandcamp. On y retrouve 3 autres titres supplémentaires, en plus des 3 titres décrits plus hauts, dont l'excellent Giant Kraut Chromosome, rendant encore plus savoureuse la conquête de cet autre excellent album de ce brillant groupe Allemand.

Sylvain Lupari (20/04/22) ****½*

Disponible au Electric Mud Bandcamp

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