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  • Writer's pictureSylvain Lupari

FaBIO SBRIZZI: Evangelum Secundum (2011) (FR)

Si vous avez le goût de quelque chose de différent et d'audacieux

1 Annuntiatio (4:14)

2 Bethlehem Anno Primo (8:04)

3 Jesus in Templo (11:26)

4 Canae Nuptiale (4:24)

5 Beatitudines (4:20)

6 Seminator (2:21)

7 Granum Senapi (2:20)

8 Qui Sine Peccato est Primum Lapiderm Mittat (4:11)

9 Lazarus Amicus Meus (3:02)

10 Qui Bibet hanc Aquam Nunquam Sitiet (11:16)

(DDL 55:36) (V.F.)

(Progressive EM)

Voici un autre étrange album à atterrir dans les bacs de la MÉ. Sauf que EVANGELUM SECUNDUM est plus progressif et expérimental qu'électronique, même si entièrement réalisé à partir de synthétiseurs, de séquenceurs et de mellotrons. Le dernier opus de FaBIO Sbrizzi remonte à 2006 avec le superbe Comunicare. Un album qui démontrait tout le talent de compositeur et de sculpteur de sons du synthésiste Italien. Album plus théâtral que musical, plus poétique que mélodique où chaque titre cache une dimension plus claustrophobique que paradisiaque, la Seconde Évangile est un album sombre qui est assez difficile à apprivoiser. Les rythmes y sont tortueux, décousus et courent en tous sens, encadrant des mélodies inachevées. Des mélodies qui meurent dans des souffles hermétiques des lourds mellotrons, bâtisseurs de murailles sonores infranchissables avec d'intenses mouvements de violons et de violoncelles qui enterrent des chorales aux intonations diversifiées.

Annuntiatio débute avec de lugubres couches de synthé qui flottent tels des ailes de vieux orgues au-dessus des frappes éparses de percussions errantes. Sans rythme précis, la musique est en constant tiraillement avec la lourde approche mélodieuse des couches d'un synthé monastérien qui étouffent autant les percussions que les accords de guitares dispersés. Cette impression de tiraillement entre les rythmes et les harmonies est la pierre angulaire de la complexité de cet album et se poursuit avec Bethlehem Anno Primo qui coule avec de belles nappes flûtées chantant sous les coups de séquenceurs aux accords de basses. Le rythme est lourd et un brin menaçant. Il ondule paresseusement en suivant le cours des séquences et des accords saccadés qui secouent les temples de l'ouïe avec des coups secs, dispersant aux quatre vents les chœurs et les cloches angéliques. Des vents sombres font tinter des carillons qui éveillent une douce chorale angélique. L'intro de Jesus in Templo s'anime alors d'un mouvement fluide où les séquences martèlent un rythme circulaire qui épouse le tournoiement des carillons. L'ambiance devient dense et étouffante avec des chœurs sombres qui chantonnent sur des envolées orchestrales où les archets saccagent structure de brefs coups secs. Jesus in Templo trébuche dans un dédale de rythmes et d'ambiances décousus où mellotron et le séquenceur se livrent le combat de la stigmatisation sous les étoiles des carillons avant d'étouffer dans cet étrange amalgame de violoncelles et flutes dont les lamentations sclérosées errent parmi des accords perdus. Une séquence furtive émerge des limbes brumeux de Canae Nuptiale pour courir avec les accords incertains d'un synthé onirique. Une belle danse des temps s'ensuit avec des accords d'un séquenceur qui encerclent les souffles d'un synthé rêveur, entraînant Canae Nuptiale vers une autre rythmique disloquée.

Beatitudines est une belle mélodie ambiante où les chants des oiseaux épousent à merveille les mouvements éthérés des chœurs et des couches de mellotron. Seul bémol; la finale qui est très abrupte. Phénomène qu'on observe sur la très grande majorité des titres sur EVANGELUM SECUNDUM. Avec des séquences qui sautillent et s'entrecroisent sous des coups de percussions secs Seminator et Granum Senapi sont deux courts titres aux structures rythmiques qui s'apparentent. Des rythmes lourds et violents, plein de retenus qui se lient à de sombres approches mélodieuses où de belles couches de synthé voltigent parmi les lourdes frappes des notes de piano qui résonnent parmi des sonorités électroniques ainsi que des violons et des chœurs flottants. Qui Sine Peccato est Primum Lapiderm Mittat présente une belle structure dont le rythme progressif évolue furtivement sur un beau crescendo synthétisé. Les tambours des galères d'esclaves supportent le poids d'un synthé qui subdivise ses tonalités, créant une mélodie théâtrale un brin dramatique. Avec ses souffles perdus et ses accords d'harpes qui chevauchent une séquence aux larges boucles ondulantes, Lazarus Amicus Meus est une belle mélodie électronique moulée dans le verre et le souffle des anges. Le rythme est délicat et les synthés dégagent un bel arôme éthéré avec une belle enveloppe de brume. Qui Bibet hanc Aquam Nunquam Sitiet embrasse une tangente plus orchestrale avec des synthés aux souffles symphoniques. Des accords de piano traînent parmi des notes de guitares, alors qu'un étrange bruissement accompagne cette lente agonie processionnelle. C'est un long titre complexe érodé d'éléments musicaux dramatiques et orchestraux, unissant les univers épiscopaux de Vangelis et théâtraux de Jean Pierre Thanès où le rythme se perd dans son reflet, débauchant de courtes et belles mélodies abandonnées à la surface du remords.

Plus près des mouvements progressifs italiens que des structures électroniques usuelles, EVANGELUM SECUNDUM est un album noir et alambiqué aux structures rythmiques échevelées et moirées. Il y a une atmosphère étouffante dans cet album aux rythmes et mélodies fracturées et éparpillées dans une production claustrophobique. Il en résulte en une étrange musique de film ou de théâtre qui a l’envoûtante profondeur viscérale de Goblin et de son délicieux Suspiria. C'est un album qui est très difficile à apprivoiser et qui peut paraître frustrant aux premières écoutes à causes de ces rythmes et mélodies éparses. Mais si vous avez le goût de quelque chose de différent et d'audacieux, cet album sera à la hauteur de vos attentes. Faudrait aussi que FaBIO Sbrizzi remixe son album car les finales de ses titres sont parfois trop abruptes…, d'où ma note moyenne!

Sylvain Lupari (22/01/12) ***½**

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