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  • Writer's pictureSylvain Lupari

FRORE & SHANE MORRIS: Horizon (2021) (FR)

Des rythmes tranquilles aux transes spirituelles tourbillonnantes, Horizon est un délice pour les fans de musiques d'ambiances tribales

1 The Eye of Everything 12:09

2 Agape 10:57

3 Woven 12:47

4 Lost in Wonder 8:56

5 Ocean of Fire 16:34

(CD/DDL 61:23)

(Tribal ambient music)

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été attiré par les percussions. John Bonham, Carl Palmer et Bill Bruford faisaient mes délices lorsque j'absorbais le rock et le rock progressif comme une éponge, il y a des milliers de lune. En MÉ, les percussions et les éléments percussifs prennent des formes qui défient l'imagination, surtout lorsqu'annexés à un séquenceur manipulé de façon créative. Pensons à Chris Franke ou encore au génie de Mark Shreeve derrière son gros Moog. Tout ce préambule pour expliquer mon affection pour la musique de Shane Morris, un percussionniste aussi génial que Byron Metcalf, et dont l'approche tribale ou jurassique, avec Mystified, évoque certains des plus beaux moments dans le genre de musique tribale ambiante. HORIZON est la 3ième collaboration Frore & Shane Morris. Et ce nouvel album transcende les frontières de l'excellent Eclipse, paru il y a déjà trop longtemps en 2017, avec une panoplie de percussions acoustiques actualisée pour le bonheur de nos oreilles. Les magies de Byron Metcalf, Mark Seelig et Dirk Serries se joignent à cet album, complétant ainsi un horizon sonore aussi près de l'oreille que de notre imagination.

C'est de très loin que les sons et leurs formes instaurent le lent tourbillon de The Eye of Everything. Devenant de plus en plus compacte, cette masse de sons gravite avec des filaments sonores s'expulsant de sa carapace, des bourdonnements gutturaux et des bruissements dont les origines semblent naître des lointaines percussions shamaniques qui rôdent sous de The Eye of Everything. Une écoute attentive permet d'authentifier le fait un peu avant la 3ième minute. Soit un peu avant que les percussions ne se mettent à charmer mes oreilles avec ce titre qui emprunte la voie d'une légère transe païenne sous une zone de réverbérations bourdonnantes bien délimitée par les frontières de Paul Casper (Frore) et de ces ondes de synthé respirant les visions tribales de Steve Roach. Mark Seelig prête ses talents de flûtiste sur Agape qui emprunte une texture de frotte-bedaine dans un lent blues tribal. Mark use de ses lèvres comme un guitariste de ses doigts sur un titre où Frore et Shane Morris lui laisse toute la place. Aimant bien ce que Mark Seelig fait, je n'ai eu aucune difficulté à apprécier Agape. Une onde résonnante n'a pas terminée de monter que les premiers tam-tams de Woven dansent du folklore à travers les agiles doigts de Morris. Les lignes réverbérantes continuent de déballer les ambiances que le rythme des percussions crépite de ses peaux tambourinées, toujours avec de plus en plus de vigueur. À un point tel que nous avons cette impression de visiter les corridors d'un Folk Rock mis à mal par des riffs chevrotant et des grelots shamaniques, témoignant de cette fureur dissimulée non sans difficultés de Woven! Les percussions sont tous simplement divines tout au long de ce rock tribal dont le côté électronique réside dans ces lignes de synthé nerveuses qui s'entrelacent tout autour des battements de percussions qui nous en mettent plein les oreilles.

La présence de Dirk Serries donne une autre texture à Lost in Wonder. Fidèle à lui-même, le guitariste belge multiplie ses strates de guitares gémissant comme des bourdonnements ou chantant de son éternel air prismatique sur une structure pensive. Les gongs ajoutent à cette dimension de recueillement avec des tintements dont les couleurs méditatives se marient à ces odes flutées qui se fanent dans les gémissements de la six-cordes de Serries. Et ainsi, le cycle se reproduit, ajoutant toujours quelques couches supplémentaires pour un plus grand plaisir sédatif. Un beau titre atmosphérique rempli de couleurs tonales à donner le vertige musical! Malgré l'impressionnante chorégraphie rythmique de HORIZON, Frore & Shane Morris ont fait appel au maître des percussions méditatives et médicinales, Byron Metcalf pour le tumultueux rythme de feu dans Ocean of Fire. Un appel d'une corne sonore s'étire en un chétif drone bourdonnant sous les vents chauds de l'océan Atlantique. Les vents fendent l'eau qui s'écarte alors que les tam-tam aborigènes inondent les horizons circulaires avec deux percussionnistes qui réussissent à sculpter un rythme magnétisant sous les ensorcelantes ondes dardées de voix rauques, un peu comme si le didgeridoo avait trouvé ses repères dans ce titre où des percussions tonnent alors que d'autres télégraphient le déboulement des débordements percussifs. Un titre riche et puissant de ces frappes exaltantes chevrotant devant l'extasie qui survient lorsque la vitesse des percussions atteint une forme de dribblage aussi incroyable que deux séquenceurs prisonniers sur un convoyeur qui ne cesse de sauter. Ahhh… ce que peuvent faire deux paires de mains attachées à l'inspiration et à la passion de ces deux magnifiques percussionnistes pour qui l'art aborigène et leurs secrets n'ont plus de…secrets.

Des rythmes tranquilles à des tourbillons de transes spirituelles, menés par tout un arsenal de percussions venant des 4 coins du Monde, HORIZON est un délice pour les oreilles d'anthropologues musicaux. Et présenté dans une superbe production de la maison Spotted Peccary, le plaisir n'en est que quintuplé!

Sylvain Lupari (26/09/21) ****¼*

Disponible au Spotted Peccary Bandcamp

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