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  • Writer's pictureSylvain Lupari

GERT EMMENS: Outland 2 (2020) (FR)

De superbes séquences et de splendides solos, bref, c'est de loin le plus bel album de Gert Emmens depuis très longtemps

1 Sent Back on a Mission 11:57

2 Decoded Message from an Unknown Source 10:42

3 At the Mercy of Loneliness 9:17

4 On Patrol to the Abandoned Landmark 13:46

5 Outpost Part 2 18:56

6 Outlands 13:11 (Recorded Live at E-Live 2014)

(CD/DDL 77:52)

(Cosmic Rock, Berlin School)

Une ombre de poussières s'élève en attirant un chant lointain du synthé et ses orchestrations qui ronflent en dérivant. Une mare d'ions sauteurs organise une structure sautillant dans une aubade circulaire. Typique au monde de Outland et de Gert Emmens, cette structure statique tournoie dans des ondes de synthé qui regorgent de rayonnements réverbérant, laissant l'ouverture de Sent Back on a Mission sur le qui-vive. Des poussières de mécanique, des bruits industriels et des ronronnements de machines ornent cette ouverture qui devient plus intense à mesure que les tonalités limpides du séquenceur dominent ces éléments. Des pleurs de synthé flutés et endeuillés ajoutent une touche de nostalgie alors que subitement s'anime un mouvement interne poussé par les spasmes de percussions. Ces convulsions de la batterie mettent en lumière le côté sentimental du chant rythmique des séquences. Et après un passage lourd de mystères, ce sont l'air fluté et la chorale chtonienne qui impose leur dictat. Toujours papillonnant, Sent Back on a Mission sent une prochaine explosion qui ne sera pas à la hauteur de nos attentes, mais qui nous conduira vers un splendide rock cosmique-exotique avec de bonnes percussions, et surtout les effets percussifs qui retiennent l'attention de mes oreilles ici, et ces spectaculaires solos aux tonalités de saxophone en train de se confesser. Des arrangements en staccato retiennent aussi l'attention autour des 6 minutes, instant aussi où on discerne un peu mieux les percussions et ses effets qui sont au cœur des rythmes de OUTLAND 2. Toujours à la recherche d'une nouvelle peau, Sent Back on a Mission arrive à ce point de ravitaillement d'idées entre la 7ième et la 8ième minute avant de continuer sa longévité dans une formule légèrement plus rock et plus vivante.

Heille! Ça fait bien 2 ans que Gert ne nous avait offert quelque chose d'original. Je parle de MÉ et en solo. Parce que oui, notre sage de la MÉ à tâter du rock progressif avec Somewhere et un album compilation avec Ruud Heij, Forgotten Tracks. L'idée de donner une suite à Outland remonte à la pièce-titre Outlands (Bonus Track) que Gert Emmens a composé en 2014 pour les besoins de sa prestation au E-live festival de Octobre 2014 où il interprétait Outland dans son entier pour la seule et première fois. Il trouvait ce titre tellement bon qu'il jugeait que c'était du gaspillage que de laisser Outlands dans sa catégorie de titre inédit. Il commença à composer de la musique autour de ce titre et en même pas deux mois, il achevait OUTLAND 2. D'habitude il prend plus ou moins un an pour composer un album. Il y avait beaucoup d'inspiration, d'énergie et de temps pour boucler la boucle. Le résultat est assez spectaculaire! Si le conte cosmique est une suite du premier, la musique s'en détache avec des rythmes plus lourds, voire violents par moments, qui s'appuient sur un excellent travail au niveau du séquenceur, des percussions et de fascinants effets percussifs. Ce faisant, les rythmes sont plus nombreux et existent sous différentes formes, d'ambiants à solidement entraînants. Si l'usage du Mellotron nous expose à moins de panoramas d'ambiances, le synthé injecte tout autant de superbes solos. Bref, c'est de loin le plus bel album de Gert Emmens depuis très longtemps. Le prochain titre est là pour le souligner!

Decoded Message from an Unknown Source s'éveille avec une brise azurée qui change graduellement pour une ouverture cabalistique avec une ondée de lignes, d'ondes réverbérantes et surtout d'une lamentation écrite dans l'acier maniable dont le son de scie mécanique ajoute à l'aspect lugubre industriel des sources sonores qui donnent vie au titre. Une ligne de rythme ambiant se soulève avec des séquences aux pépiements argentés qui sont assez tenaces pour soutenir ce jardin d'ambiances d'où chantent ces solos de synthé pleurnicheurs. Nos oreilles assistent à ce lent décollage alors que des cliquetis de cymbales et des pulsations de la grosse caisse structurent une ossature plus puissante. Dernier tour de vol incertain où on entend l'engin rythmique glisser dans le Cosmos et se fixer à un très bon rythme lourd et lent. Un down-tempo lunaire rempli de cliquetis et de nappes brumeuses où git un synthé et ses solos mélancoliques. Tous les détails sont vus et corrigés en ajoutant du solide à se mettre dans l'imagination; comme des voix astrales, des lentes courbes aux sinuosités réverbérantes et ce chant éthéré qui survit à une troisième mutation sur ce titre de 11 minutes. C'est tout un scénario rythmique que le musicien Hollandais vient de composer ici. Scénario qui se répètera plus loin dans OUTLAND 2 puisque At the Mercy of Loneliness met en scène un piano perdant ses rêves, ses illusions dans une masse sonore pleine de réverbérations. Il y a une intensité cinématographique dans ce titre dont les wooshh et les waashh traversent la frontière de On Patrol to the Abandoned Landmark. À peine le temps de laisser couler cette intensité que le titre nous embarque avec un rock électronique très entraînant où virevoltent ces solos de synthé aux tonalités nasillardes toujours uniques à la signature Emmens. Des bancs de brume exploitent le côté mystère de la musique qui soutient son rythme jusqu'au plus profond de cette grotte imaginaire où le rythme rencontre un moment de faiblesse éthéré en traversant l'aven. Des souffles de soufre, des wooshh mécaniques, une bruine métallisée et un grondement de machine tente un exorcisme par intimidation dans une ambiance papale. Une séquence bourdonne et se défait de son étreinte, entraînant On Patrol to the Abandoned Landmark dans un immense et créatif rythme de rock électronique. Les nappes de brume accumule leur intensité sur une structure qui crinque sa vélocité. Pas de place pour les solos ici! Juste une ambiance abscons qui nous place devant un inconfort lorsque le rythme est aspiré dans une finale qui arrive trop vite...

Outpost Part 2 est le lien qui unit les deux OUTLAND. Sa structure et son déploiement sont très similaires à celui de Outlands (Bonus track) que Gert a laissé tel quel…ou presque. Son ouverture est un long prélude d'ambiances nocturnes où les spectres fuient les radiations des cloches saintes. Des grosses nappes de brume papale continuent de fournir ces ambiances flirtant avec un monde chtonien qui influence de plus en plus notre imagination. Eh oui, nous sommes dans l'antre de la tournée nord-américaine de Tangerine Dream avec ces nuages de brume venus du sol. Une ligne de basse-séquences s'allument dans le décor, initiant un furieux rythme stationnaire qui recueille les parfums vintages de Gert Emmens et ceux du Dream. Des accords de guitares tournent en rond dans ce tapage stationnaire d'où s'échappe un beau Mellotron. Sa flute dégage des airs divins alors que l'ossature du rythme se déploie comme un engin dérivant dans l'espace. Oscillant faiblement, ce rythme est construit sur une structure entrainante et traverse différentes zones, tout en jouant avec sa vélocité et son intensité, suivant un parcours instable mais toujours près de ces rock cosmiques typiques au répertoire de Gert Emmens. Un très solide album mes amis…

Sylvain Lupari (18/10/20) ****½*

Disponible chez Groove NL

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