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  • Writer's pictureSylvain Lupari

GERT EMMENS & RUUD HEIJ: Lost in the Swamp (2012) (FR)

Même si plus atmosphérique, Lost in the Swamp reste un album un brin magique

1 Lost 13:32 2 Swallowed by Immensity 12:00 3 Learning to Survive 27:25 4 Life in the Swamp 9:01 5 Serenity of Nature 15:25 6 The Way Out 2:12 Emmens/Heij | EH-007

(CD/DDL 79:47) (A mix of ambient and sequenced Netherlands School)

Album concept sur les aléas d'un homme aventureux qui s'égare dans un immense marécage, LOST IN THE SWAMP est un des albums les plus tranquilles du duo Emmens/Heij. C'est un album qui dépeint à merveille les visions de ses 2 auteurs avec des lourdes ambiances de folie nocturne tissées dans un habile pattern ambiosphérique par de synthés qui crachent diverses tonalités aux antipodes de la raison. Mais des synthés uniques à la signature de Gert Emmens avec des solos charmeurs qui chantent et flottent autour d'une perpétuelle brume mystérieuse d'un Mellotron qui alimente la paranoïa d'un visiteur nocturne dans l'antre marécageuse d'une faune de petits reptiles dont on entend les pas, les battements d'ailes et les menaces par ces séquences papillonnantes qui sont la marque de commerce d’un duo créatif qui relève un imposant défi.

Des vents chantant par des arbres creux ouvrent la sinistre introduction de Lost. De nos oreilles nous voyons les marécages dépeints par le duo Hollandais. Un synthé aux arômes d'une flûte bienveillante danse avec des lignes ondoyantes au-dessus d'une mare aux multiples tonalités patibulaires. Flottant comme un nuage de réconfort parmi ces particules sonores discordantes, elle étend un voile de douceur parmi des remous qui bouillonnent et éclatent en de pulsations menaçantes, éveillant les premiers balbutiements d'une ligne de séquences. Tout de suite l'auditeur est en pays de connaissance avec ces séquences qui papillonnent sur les cliquetis des cymbales, moulant un rythme flottant dont les pulsations confinent dans un rôle stationnaire alors que les harmonies et les solos de synthé, toujours aussi uniques au monde enchanteur de Gert Emmens, sont imprégnés d'une mélancolie enrichie par ces intenses brouillards argentés. Des brumes oniriques versent un brin de chaleur sur ce rythme aux fines ruades dociles qui se laissent bercer par des solos aussi mirifiques que morphiques, initiant un album qui sera constamment à la croisée des chemins, entre ses rythmes domptés et ses ambiances indomptables. Swallowed by Immensity veut tout dire! C'est un long titre d'ambiance où les vents, les poussées de brises noires, les lamentations spectrales et les réverbérations glauques brodent un spectacle auditif imprégné d'un sinistre inconfort de perdition qui se faufile jusqu’à l'introduction de Learning to Survive et de ses Maracas shamaniques. Ce long titre épique dépeint à merveille l'univers d’ambiguïté qui sépare le repos de son tourment et la beauté de sa laideur. Les voix de sirènes éperdues qui meublaient l'ambiance angoissante de Swallowed by Immensity y sifflent alors que tranquillement un rythme timide émerge un peu après la 4ième minute. Limpide il arque ses séquences résonnantes qui forgent un de ces étranges ballets horizontaux du duo Hollandais avec ses ions qui cisaillent le vide en attente d'une progression spontanée. Sauf que le rythme reste tranquille. Pétillant sur place il reçoit les accords d'un clavier aux riffs mélodieux, teintés des arômes Dreamiennes, et les tonalités hybrides d'un synthé qui égare sa flûte stridente dans des souffles plus suaves, alimentant de plus belle la dualité de l'état d'esprit de l'infortuné égaré. Après une autre brève phase ambiosphérique, Learning to Survive embrasse un rythme soutenu qui dessine de belles voltiges harmoniques. Un rythme qui épouse les courbes des montagnes russes mais avec des inclinaisons dociles et où les tunnels sombres sont remplacés par un synthé aux chœurs et aux brumes angéliques. Ce rythme embrasse parfois des tangentes lourdes avec des percussions sobres qui laissent une latitude aux ions séquencés pour papillonner à leur guise dans les harmonies teintés de brume d'un synthé aux suaves solos.

Life in the Swamp est le titre le plus animé de cet album. L'intro mord nos oreilles avec des ions sauteurs qui s'agglutinent sur place et oscillent farouchement sous les ondoyantes brumes d'un synthé aux approches toujours empreinte de mysticisme. Le rythme s'alourdit avec l'arrivée des percussions qu'un synthé étreint de lignes harmonieuses et de superbes solos qui dansent et chantent dans de denses brumes oniriques Très bon! Serenity of Nature est la deuxième phase ambiosphérique de cette ode musicale pour aventurier égaré dans les marais. Et comme dans Swallowed by Immensity, les ambiances sont riches et noires. La faune musicale est inondée de bruits intrigants, un peu comme la vie nocturne d'un marécage amplifiée cent fois afin de mieux saisir le désarroi et l'appréhension qui habite notre promeneur infortuné. Mais au-delà de cette faune multi-sonique émerge des vents tièdes, à la limite musicaux, qui guident notre ermite d'une nuit errante vers la sortie et le rythme frais, aéré de The Way Out qui crache ses ions dans une approche rythmique aussi bouillonnante qu'explosive. Et les solos! Hum…du très grand Gert Emmens.

Une nuit dans un marécage! C'est à travers les visions de Gert Emmens et Ruud Heij que nos oreilles peuvent embrasser la mystérieuse aventure de notre infortuné aventurier d'une nuit. Même si plus atmosphérique que d'habitude, LOST IN THE SWAMP demeure pas moins une réussite au niveau des ambiances. Ces ambiances riches, tant en sonorité qu'en climat de d'angoisse, cernent ces rythmes uniques au duo qui tissent des contrastes éclatant, amplifiant encore plus une histoire que l'on vit les yeux fermés. LOST IN THE SWAMP est une belle réussite qui cible un public friand d'ambiances et de ses éléments soniques organiques.

Sylvain Lupari (06/03/13) ***½**

Disponible au Emmens & Heij Bandcamp

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