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  • Writer's pictureSylvain Lupari

HOLLAN HOLMES: Milestones (2020) (FR)

Milestones propose 10 petits court-métrages pour écrans noirs où notre imagination s'accroche à tous les fils de son immense mosaïque

1 Transmitter 5:01

2 One Giant Leap 5:17

3 The Truth Laid Bare 5:45

4 Slipstream 7:02

5 West Texas Backroads 7:06

6 Bulletproof 6:21

7 Inner Sanctum 7:13

8 The Phone Call 7:11

9 Something Wicked this Way Comes 6:50

10 Ayyappan 7:20

(CD/DDL 65:12)

(Light sequenced, Pacific School)

Tissé entre les filets de ses guitares et les riffs de claviers qui superposent leurs visions harmoniques sur des nids de rythmes stationnaires, quelquefois plus sédentaires, MILESTONES hisse la carrière de Holand Holmes à un niveau international avec ce premier album sur Spotted Peccary. Et lorsque l'on connait la qualité des productions et les excellents mixages du label américain, la musique du sympathique musicien Texan atteint aussi une toute autre dimension. Structuré autour de 10 titres de MÉ pure avec des ambiances et des pointes d'émotivité qui s'arriment à des séquences circulaires, qui sont parfois en mode Berlin School, MILESTONES va vous surprendre par sa fraîcheur musicale où les sons, leurs formes et leurs destinées, se transforment en éléments d'obsession.

Des notes réverbérantes hésitent à structurer un rythme, laissant plutôt des séquences au grelots harmonieux ce soin de propulser le décor rythmique de Transmitter. Et dès lors, nous constatons d'oreille ce micmac de filets harmonieux tendrement ficelé qui s'accrochent à des pulsations sombres et a une ligne de pads en formes riffs. Et c'est la débâcle de sons dans un contexte musical où les multiples lignes et jets de synthé tracent autant de filaments harmonieux que dessinent de riche décors panoramiques dans cette mosaïque sonore. Les ions sauteurs du séquenceur et les riffs planants de la guitare du barde Texan solidifient une structure de rythme noyée sous le poids des ambiances et des harmonies circulaires de Transmitter. Il y a beaucoup de sons et de propulsions du séquenceur autour des 10 titres de cet album, mais ce n'est pas tous les rythmes qui vont nous faire danser. Prenez One Giant Leap et son ouverture nimbée de voix familières d'astronautes de la NASA. Malgré la puissance et l'intensité déployées dans une couche de bourdonnements, de sons pulsatoires et des bouts d'harmonies émiettés dans une courbe intermittente, One Giant Leap est taillé dans le rythme abstrait. Un long filament de séquences clignotantes et une ligne de pulsations organiques s'agitent sous cette robe diamantée de pixels musicaux. The Truth Laid Bare pétille dans ses attraits de New Age Expérimentale. Une structure électronique gonflée par une oblongue ligne du séquenceur, qui gardera sa vision minimaliste, recueille cette fascinante odyssée où tout ce qui s'annonçait noble et frivole tourne vers une vision plus expérimentale où les voix astrales deviennent des beaux chants de synthétiseur. C'est comme si Enya décidait de faire du rock cosmique psychédélique! Avec sa structure en suspension scintillant comme les milles reflets argentées du soleil sur un lac pur, le calme et beau Slipstream nous ramène aux origines de la carrière Hollan Holmes. C'est un très bon titre qui est vite devenu un compagnon de mon sommeil. West Texas Backroads continue sur cette vision avec une série de riffs de guitare collés sur une ligne sautillant de ses coupures ininterrompues. L'écho tisse une onde sonore où rayonnent des particules soniques et pulse une ligne de basse aux notes tentantes pour du gros rock électronique. Cette ligne flottante devient un long mouvement sphéroïdale dont les répétitions sculptent un rythme ambiant circulaire. Intense et assez émouvant par moments, West Texas Backroads accroit notre niveau d'obsession avec de bons arrangements et une armada d'étoiles scintillantes qui continue de clignoter dans une finale plus dramatique.

Très intense, Bulletproof exploite à merveille le sens de son titre avec un opaque tissu musical d'où s’extirpent des filaments de synthé plus près des valeurs psychédélique. La structure est hyper-pulsatrice, comme une majorité des titres, et jette les canevas d'une base bouillonnante sous l'imperméabilité de la musique. Un titre qui gagne à être réécouter, vu son intense nébulosité. Inner Sanctum est ce genre de titre qui prend possession de notre paire d'écouteurs sur le champs. Il s'annonce avec des accords grésillant de luisance rythmique. Le mouvement est lent et méthodique. Un essaim de séquences vient lui manger le dos, redéfinissant une paisible structure de rythme hybride. D'ambiant, le titre se transforme pour un beau rodéo astral qui tournoie avec une lenteur permettant de voir toutes les particules sonores fusionnées dans un mouvement très harmonieux. The Phone Call est un titre agité par une ligne de séquences aux pulsations convulsives. Les nappes de voix astrales et les larmes de guitare sont plus audibles dans ce qui est le titre le plus linéaire, le moins complexe de MILESTONES. Something Wicked this Way Comes est un peu comme la seconde peau de Bulletproof. Plus lent à se mettre en marche, et explorant de très belles avenues mélodieuses, le titre progresse avec ce ruisselet de séquences qui scintillent et luisent dans une enveloppe à la M'Oceans de Michael Stearns. Ça devient du bon rock électronique toujours en suspension, même avec la férocité de son bouillon. Exploitant continuellement ces boucles de sons qui se bousculent en structures rythmique syncopées, Hollan Holmes ajoute un filet de séraphisme au très beau Ayyappan. Une ballade ambiante où les sons explosent en fragments de mélodies qui s'aboutent si aisément alors que son mouvement flottant est orné d'une nappe de voix chastes. Des accords de guitare et de clavier disposent de leurs visions mélodieuses dans cette texture onirique qui caresse pour quelques secondes égarées celle d'un rock électronique avant de faire marche-arrière et faire jaillir à nouveau cette vision très ésotérique de Ayyappan.

On s'entend pour dire que Holand Holmes est dans la lignée des Robert Rich et Michael Stearns, mais avec une vision qui rend sa musique plus accessible. À ce niveau, MILESTONES propose 10 petits court-métrages pour écrans noirs où notre imagination s'accroche à tous les fils de son immense mosaïque. Les sons, les effets, les ambiances comme les rythmes et les mélodies s'entrelacent dans un immense collage musical fragilisé par ses surprises. Bon, j'ai moins cliquer sur The Phone Call, mais les 9 autres titres ici sont des trésors où le genre Pacific School rayonne de ses multiples capacités.

Sylvain Lupari (20/03/20) ****¼*

Disponible chez Spotted Peccary Music

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