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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Ian Boddy & Nigel Mullaney: Schemes & Ruses (2019) (FR)

Schemes & Ruses est un album incroyable à l'image de deux artistes dont l'art de se surpasser dépasse les frontières de notre compréhension

1 Hidden Rooms 12:52

2 The Trouble with Architecture 8:18

3 Anywhere but Here 6:15

4 Patching Points 13:16

5 The Boundary of Reason 7:19

6 Schemes & Ruses 11:13

7 Showdown 9:00

(DDL/SPOTIFY 68:15)

(Modular Synth Music, Electronica)

Très souvent, le parcours d'un gros consommateur de MÉ a transité par le Heavy Metal. À peu près tous ceux que je connais et qui sont des adeptes de MÉ aujourd’hui sont des ex-amants de Black Sabbath et autres. Où vais-je? Hidden Rooms, à tout le moins ses premières minutes, respirent de cette essence Mob Rules de Black Sabbath. Derrière un tintamarre assourdi, on dirait le bruit d'une cafétéria avec des cliquetis de vaisselles ou de racks à lave-vaisselle, s'éveille une faune sonore dont les marmonnements flasques et visqueux me rappellent E5150. Au lieu d'une série de riffs Heavy Metal, c'est plutôt un piano errant qui émiette ses notes dans un ciel sonore assombri par des torsades pleines de réverbérations et autre bruits iconoclastes que nous serions en mesure d'entendre dans des chambres secrètes remplie de souvenirs soniques des tortures et autres éléments de ces chambres où aucun bruits ne filtre. Bienvenue dans l'antre psychédélique du duo Ian Boddy & Nigel Mullaney. SCHEMES & RUSES est une seconde collaboration entre ces artistes, Triptychen 2001 avec Markus Reuter, et le fruit d'une captation en concert donné dans le cadre du 20ième anniversaire de DiN. Appuyé par Paul Borg et Nino Auricchio, d'Voxx, le duo offre une performance inspirée où le genre électronica et psychédélique du label Anglais respire dans toutes les pores de ses 68 minutes.

Après l'ambiant et intrigant Hidden Rooms, The Trouble with Architecture propose une structure légèrement plus animée avec des percussions dont les claquements étouffés résonnent dans des centaines de petits pas indisciplinés d'une ligne de basse percussive. Ces pas palpitent dans un pattern de rythme en zigzag et ses phases d'excitation qui donnent une énergie au rythme pour battre avec des mitrailles et des rafales de percussions. Le ciel est d'une couleur Erik Wollo, couleur qui respire à bien des endroits dans le firmament de cet album, avec ces gémissements des Ondes-Martenot dans une structure qui flirte avec le rythme et non-rythme de Solar Fields et l'univers des langages marmonnés sans vie de Binar. Nous sommes dans les sphères de la MÉ crée à partir des synthés modulaires et cela s'entend avec des tonalités qui flirtent avec notre extase. Anywhere but Here suit la tangente de musique ambiante colorée d'intrigues depuis l'ouverture de cet album. A prime abord éthérées, avec les larmes sifflantes des Ondes-Martenot, ces ambiances embrassent un carnaval de tonalités qui nous enveloppent avec des vagues de bourdonnements sourds et des rafales de wooshh dans un univers industriel où le métal hurle avec stridence. Même sans rythmes et avec certaines illusions de rythmes, les 25 premières minutes de SCHEMES & RUSES passent très bien entre des oreilles toujours médusées par l'assortiment des sons et des innombrables possibilités de ces synthés.

Né des derniers bourdonnements de Anywhere but Here, Patching Points émerge avec des cliquetis percussifs et une guirlande chatoyante d'arpèges musicaux. Le rythme est en mode stop et non-stop, avec un attrait mélodieux qui oscille en suspension. Les effets de glitch et de ttrriitt-tit-tit des percussions sont au bord d'un Électronica brodé aux frontières du psybient. Le plus long titre de cet album verse vers une phase d'ambiances psychédéliques avant de rejaillir avec plus de force pour ses dernières 5 minutes. Vient ensuite le très dérangeant The Boundary of Reason. Ce titre d'ambiances sillonnent tous les horizons d'une musique pour faire revivre fantômes et matières ectoplasmiques. Nous arrivons au summum de SCHEMES & RUSES avec la pièce-titre qui est une véritable petite bombe sculptée dans l'énergie d'un excellent maillage England School et Électronica. La ligne de rythme déploie ses multiples oscillations dans les sillons de glitch et de bruits-blancs. D'autres effets ectoplasmiques nourrissent ce décor toujours en communication avec les frontières de l'outre-tombe. Il y a des voix, des lames de rasoirs aux mouvements vifs et une ligne de basse résonnante qui ramasse tout ce qui traîne, y compris ces petites mitrailles de percussions et une ligne de séquences qui peinent à s'insérer parmi ces guirlandes sonores scintillant de murmures gelés dans une perle. Il y a comme un effet d'entrecroisement entre les axes oscillatoires du rythme de Schemes & Ruses où un essaim d'insectes se moquent entre nos oreilles dans un langage stridulatoire. Entraînant et vif, ce titre est le pinacle de cet album dont le rappel, Showdown, se déroule avec une violence inouïe dans un rythme très Binar. Un rythme enlevant avec une ligne de basse vicieuse qui nous fait rouler du cou et un trésor de percussions et d'effets percussifs dans les ions surgelés qui a trouvé sa genèse dans le fantastique Schemes & Ruses. Un album incroyable à la mesure, ou la démesure, de deux artistes dont l'art de se surpasser dépasse les frontières de notre compréhension. Solide de A à Z, même dans les phases d'ambiances!

Sylvain Lupari (12/02/20) ****½*

Disponible au DiN Bandcamp

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