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  • Writer's pictureSylvain Lupari

INDRA: Archives Platinum FOUR (2016) (FR)

“Le voyage de la série Archives achève, mais en attendant l'avant-dernier album est remplie de belle musique dont le splendide Feliciano”

CD 24

1 Feliciano 49:07

2 Roll It 9:48

3 The Living Nada 6:47

4 Ambiosonic 10:56

Indra Music (CD/DDL 76:40)

(Roumanian & Berlin Schools)

Un long titre de 50 minutes! Qui fait ça de nos jours? Je sais qu'il y a beaucoup d'artistes sur Bandcamp qui expérimentent des sonorités et des textures ambiosphériques de plus d'une heure. Mais qui peut le faire avec autant de panache et d'éclat qu'Indra? Je ne veux pas parler de Klaus Schulze, car je crois qu'Indra l'a supplanté en imposant sa vision contemporaine sur celle du maître Allemand qui a toujours eu de la difficulté avec ses longs titres. La recette est pourtant simple; une structure minimaliste hypnotique à laquelle on greffe des éléments qui peu à peu ont l'effet d'un boléro. Comme Feliciano! Simple!? Mais combien y arrive? Les fans du synthésiste Roumain se rappellent son plus long titre Elixir, que l'on retrouve sur l'album Tripura Sundari, et ces boucles rotatoires qui nous conduisent d'une ouverture ambiante à un solide Trance, unique au style Indra. Si le principe s'applique à Feliciano, le résultat est assez différent. Comme ces points multicolores qui se cachent sous nos paupières après avoir rincé nos yeux de rayons de soleil, ce sont des boucles éparses qui ornementent son introduction. Des dizaines du bulles qui scintillent avec des tonalités brèves et d'autres un peu plus allongées. Des nappes de chloroformes et des battements sourds s'invitent dans cette chorégraphie de tonalités séquencées. Ces bulles de sons sont la première base du rythme ambiant de ce long fleuve musical de 49 minutes. Une ligne de basses séquences, aussi sourde que les premiers battements, étend discrètement son approche Berlin School avec ces perpétuels mouvements ascendant dont l'effet est diminué par cette nouvelle masse de nappes d'où se forme une chorale angélique. Alors que les bulles stationnaires sont devenues l'élément mélodieux de Feliciano, des percussions délicates viennent solidifier cette base de rythme en la picossant délicatement. Et puis c'est la ligne de basse qui copie le mouvement des basses séquences. Subtilement, le rythme est devenu une sorte de transe morphique unique à la Roumain School, surtout avec l'amplification des percussions qui battent nerveusement cette structure devenue spasmodique. Des effets électroniques viennent soutenir la mélodie hypnotique qui se bat maintenant contre une vision rythmique plus intense et plus accélérée. Une vision rythmique enjolivée par une fascinante écho en forme de crotales des percussions et l'effet des filaments fluides et passagers du synthétiseur ajoute encore plus à l’envoûtement dont nous sommes victime depuis les premières bulles mélodiques de Feliciano. Bulles qui sont isolées à la frontière des 20 minutes, avant que le tempo retourne à sa besogne jusqu'à la 26ième minute. Jusqu'à un point de méditation où Indra regarde en arrière comme au-devant afin de visualiser où il peut bien amener l'auditeur qui est suspendu à ses doigts. Et c'est une approche plus Groove qui émerge. Le rythme est plus fluide avec des percussions qui batifolent et prennent les commandes dans une structure bonifiée par les ornementations d'un synthé qui tangue entre une vision psychédélique ou d'encens tonal pour méditation. Un solide titre qui s'écoute sans arrêt tellement son effet d'ensorcellement est intense.

Il y a 3 autres titres sur PLATINUM FOUR. Et chacun a sa propre identité qui est parfois à des années-lumière de Feliciano. Roll It s'inspire de son approche transe morphique. Il s'en démarque en revanche avec ce jeu d'éléments percussifs dans son décor. Il y aussi cette délicate nuance dans son ossature de rythme et de mélodie où émergent un très beau chant du synthétiseur et, plus loin, une oraison tonale un peu plus expérimentale. C'est un très bon titre avec une structure de rythme aussi entraînante que mélodieuse et qui ne souffre pas trop de l'imposante structure de Feliciano. The Living Nada est un titre d'ambiances folkloriques des contes Roumain. Une voix de divinité bohémienne danse avec un violon tzigane. Il faut être dans le mood parce que ça détonne des rythmes hypnotiques qui ont dominés nos oreilles depuis la première bulle de PLATINUM FOUR. Il ne faut surtout pas se fier au titre Ambiosonic afin de juger de sa profondeur musicale. Un peu comme Steve Roach, Indra a ce don de créer une symphonie en soulevant une roche. Ici, ce sont des poussières cosmiques qu'il délivre et qui se jettent dans un courant d'air chaud qui devient une ode lyrique avec cette fusion entre des pads de synthé et une voix morphique à peine audible. L'intro est ambiosonique et sonne un peu comme celle de Worlds Away du groupe canadien Strange Advance. Mais le rythme fougueux est remplacé par une structure cousue par un séquenceur nerveux où les ions agités peinent à suivre la cadence des nappes et des effets de synthé. Des bulles soniques tintent et se rapprochent des harmonies flottantes de Feliciano. Elles sont immergées par les complaintes d'un synthé qui accrochent ses lamentations sur les fils de la structure d'Ambiosonic. Une ligne encore plus nerveuse du séquenceur lance sa boucle qui roulent à répétition dans les coups résonnants des percussions morphiques, conduisant ainsi Ambiosonic jusqu'à sa dernière seconde.

Là où l'envie de refaire jouer PLATINUM FOUR est plus forte que tout! Moi, je n'ai su résister à l'appel ensorceleur de Feliciano. Mais comme vous savez que je suis un fan fini de la musique d'Indra. Vous doutez. Eh bien c'est pareil pour moi. Parce qu'à chaque fois que je chronique un de ses albums je me dis : comment fait-il pour être si bon tout le temps? Je crois que je me suis connecté à ses vibrations dès les premières analyses de sa musique. Pour finir, PLATINUM FOUR est un solide opus pour ceux qui aime ces longues structures qui servent de canevas à l'immense créativité d'un artiste dont le potentiel a fait ses preuves depuis des années. Un artiste comme Indra.

Sylvain Lupari 18/07/19 *****

Available at Indra's Bandcamp

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