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  • Writer's pictureSylvain Lupari

JAVI CANOVAS: Hidden Path (2014) (FR)

Une des belles surprises de 2014, Hidden Path fait admirablement le lien entre le vintage Berlin School et celui plus contemporain

1 After Midnight 17:02

2 Coverage 11:44

3 The Outsider 13:52

4 Nature of the Inexistence 14:02

5 Credence 9:42

6 Through the Mountains 4:09

(CD 70:45) (Berlin School)

Comment ne pas tomber sous les charmes d'un album qui nous plonge au cœur de nos souvenirs tout en faisant ce délicat lien entre un Berlin School rétro et contemporain? S'il y a un artiste qui s'élève au rang des nouveaux ambassadeurs de la rétro Berlin School c'est bien Javi Canovas. Près de 10 ans et une douzaine d'albums plus loin, le synthésiste Espagnol quitte les terres de l'anonymat pour rayonner au pays du label Hollandais Groove. Fidèle à son étiquette, Groove, avec son manitou en tête Ron Boots, excelle dans l'art de refaçonner les frontières de la Berlin School vintage. Et ceux qui suivent la carrière de Javi Canovas savent à quel point le synthésiste des Îles Canari affectionnent les lourds mouvements et les sombres ambiances gothiques du trio Franke, Froese & Baumann de même que les fuites d'éther de Neuronium. Donc l'union entre Canovas et Ron Boots ne devait que donner des résultats éclatants. Sans surprises mais très efficaces. À ce niveau, HIDDEN PATHS dépassera les attentes de plusieurs.

After Midnight embaume nos oreilles avec des lignes de bruits blancs et des lamentations de gargouilles repues. Les ambiances sont psychotroniques avec ces lignes de synthé organiques qui flottent comme des nuages dérivant dans une zone radioactive. Une lourde nappe plus musicale perce ces ambiances, initiant surtout les premiers balbutiements des séquences. After Midnight galope alors maladroitement sur cette première esquisse de rythme trouée par des accords de synthé perdus dans nos mémoires. Le rythme devient plus précis mais reste délicieusement incohérent. Sautillant comme un chat sur une nappe d'eau bouillante, il éclate ici et là avec des touches de séquence aux soubresauts aussi inattendus que très coutumiers, alors qu'une douce flûte caresse des bonds qui se veulent de plus en plus violents. Tranquillement, il devient aussi lourd que sombre et reste aussi minimaliste que violent avec des séquences aux chaotiques cabrioles musicales qui sont aspergées par des rayons flûtés. Des rythmes stationnaires, avec une approche basée sur des séquences aux formes et mouvements en constante permutation, et des ambiances éthérées qui sont tissées dans les mystères d'un Mellotron gorgé de brises mystiques et de chants flûtés; telles sont les bases d'un bon Berlin School rétro, telle est la recette de HIDDEN PATHS. Après une intro plus céleste, une introduction qui me rappelle les fuites d'éther de Neuronium, Coverage explore les rythmes infinis des mouvements de séquences entrecroisés. Des rythmes qui montent et descendent, vont et viennent dans un torrent de séquences qui se compare à After Midnight mais avec des mouvements plus nerveux et des ambiances moins gothiques. C'est sans doute le titre le plus près d'une fusion de deux époques de Tangerine Dream.

The Outsider poursuit la mode des ambiances truffées de mystère qui meublent la majeure partie des titres de cet album. Cette intro radioactive s'évapore avec des nappes de synthé flottantes, laissant une ambiance très limpide pour un délicat ballet de séquences qui dansent furtivement avec des accords d'un piano électrique dans un duel harmonique qui n'est pas sans rappeler Redshift. Le rythme est lourd. Tremblant de ses séquences résonnantes, il avance à tâtons pour finir par s'envoler avec des caresses rythmiques entrecroisées dont les vifs mouvements stationnaires cisaillent les délicates harmonies d'un piano solitaire et d'une flûte enchantée. Nature of the Inexistence épouse aussi cette structure aux introductions et finales bourrées de striures cristallisées dans des vapeurs d'iode. Le rythme qui en éclot est par contre plus effréné avec un pattern de séquences qui volètent violemment, entrecroisant leurs vives lignes de rythmes statiques dans des nuages ocrés et quelques bribes de solos d'un synthé plus enclin à forger des ambiances qu'à dessiner des solos. Credence tempère les éléments avec un rythme qui virevolte comme une flopée de neige dans une belle tempête nocturne. Poétique, le rythme se définit un peu plus à mesure que le titre égrène ses secondes dans des beaux nuages mellotronnés pour offrir un mouvement de séquences où les ions s'agglutinent et dansent comme une traînée de billes coincée dans un bol. Through the Mountains conclût HIDDEN PATHS avec douceur et rêverie méditative où un piano très nostalgique se laisse dompter par les charmes d'une flûte plus noire. Ça me rappelle les ambiances très mélancoliques d'un Bernd Kistenmacher plus contemporain. C'est très beau et ça termine un album qui fait admirablement le lien entre le Berlin School vintage et contemporain avec la signature si stylisée de Javi Canovas. Assurément, une des belles surprises en 2014.

Sylvain Lupari (9 Juin 2014) ****½*

Disponible chez Groove

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