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Writer's pictureSylvain Lupari

JOHANNES SCHMOELLING: Time and Tide (2011) (FR)

Encore une fois, Johannes Schmoelling m'étonne et me captive avec un album dont la première écoute m'avait laissé indifférent

1 Splendid Isolation 7:55

2 Lone Warrior 3:49

3 The Gift 6:47

4 The Answer 5:53

5 Zero Gravity 7:47

6 Beacon of Hope 5:50

7 Life in the Dark 4:26

8 Genetic Diversity 7:44

9 Time and Tide 9:11

(CD 59:20)

(Melodious EM)

Une onde de synthé morphique vient recouvrir la froideur des stridents échos laissés par l'empreinte d'une note métallique qui étire ses réverbérations afin d'introduire le fascinant ballet de Splendid Isolation. De séquences, tirées d'une ligne de basse séquences à la Legend gambadent sous une ondoyante ligne de synthé. Serpentant des obstacles invisibles elles titubent parmi les débris de verre et des souffles iridescents, avançant et arrêtant comme une fragile proie pour émigrer vers une ligne de basse dont les furtives pulsations éveillent des réminiscences d'un célèbre trio. Entre des accords zigzagants sous des brises acuités, des errances flottantes et des bribes d'harmonies l'intro de Splendid Isolation est un long et superbe prélude à une magnifique approche mélodieuse qui secoue notre contemplativité un peu après la barre des 4 minutes. Le rythme est franc et assis sur des séquences aux touches alternant avec vélocité. Des séquences dansant en de fébriles pas-de-deux dans une spirale spasmodique sous les mélodieuses attaques d'un synthé qui divise ses airs, saupoudrant ses fines mélodies en forme de solos à travers son intense brume mélancolique. Splendid Isolation est le coup de départ d'un autre très bel album signé Johannes Schmoelling. Toujours très structuré, son univers reste pourtant très diversifié et celui de TIME AND TIDE démontre amplement toute la maîtrise que le musicien Autrichien a sur ses compositions. Avec son fils Jonas Behrens, il offre 9 nouvelles compositions aux structures évolutives où chaque minute est exploitée comme dans ce titre introductif de l'album. De très belles mélodies se terrent dans des ambiances tantôt éclectiques et tantôt poétiques et où la magie du musicien Autrichien éveille les souvenirs d'un univers que l'on ne veut jamais oublié. Parce que oui, ses structures mélodieuses ont tous ce parfum d'une autre époque.

Prenons l'exemple de Lone Warrior. Ses 3:49 minutes sont remplies au maximum. Ça débute avec un synthé dont les souffles aux trompettes de Jéricho se fondent à une lourde chevauchée électronique surplombée de solos. Des solos forgeurs de mélodies qui épousent des séquences autant rythmiques que mélodiques, entraînant le rythme vers de fins passages ambiants pour renaître de ses chevauchées et galoper sous un ciel et ses brumes iridescentes. Après une intro rongée par l'incertitude de notes hésitantes, The Gift s'éveille au son de lourds riffs et des percussions qui martèlent un rythme soutenu et léger qu'une guitare et un synthé déchirent avec de juteux solos. The Answer est une belle mélodie contemplative qui débute avec un délicat piano dont les mélancoliques notes dessinent de fragiles larmes qui s'emmitouflent d'un voile de morosité. Angélique et mélodique, The Answer se dégage de son emprise de solitude pour se laisser bercer par une ligne de basse aux fines pulsations et des percussions sobres que des lames de synthé caressent de leurs valsant voiles morphiques, entraînant le doux rythme vers les labyrinthes d'une sérénité indécise. Zero Gravity est un titre divisé entre son approche mélodieuse, son rythme lourd et ses ambiances ténébreuses. Des notes de piano électriques chutent en tourbillonnant dans les brumes. Si le piano est mélodieux, l'ambiance est tout son contraire avec ses vapeurs ocrées et cette étrange aura de mystère.

Beacon of Hope avance sur un rythme sec et léger qui s'approprie autant les lourds riffs de guitare que les délicates brumes d'un synthé créatif. Un synthé dont la belle mélodie sifflée sera le seul vestige de cette fine approche harmonique. Life in the Dark offre une étonnante chevauchée statique forgée dans de secs mouvements d'un synthé orchestral et de ses spasmes de violons en staccato. Le rythme est lourd, comme une chevauchée dans des plaines ténébreuses, et la guitare crache ses riffs et ses solos noirs dans un hallucinant paradoxe rock symphonique. Autre titre aux évolutions insoupçonnées, Genetic Diversity débute avec des arpèges cristallins qui traînent leurs errances dans un couloir sans vie rythmique. Des pépiements électroniques en suspension forment graduellement un essaim rythmique qui avance comme des coups de ciseaux dans le vide pour s'arrimer à des percussions roulant sous les roucoulements d'un synthé à la signature musicale unique à Johannes Schmoelling. La pièce-titre est le joyau de la couronne TIME AND TIDE. Un synthé, dont les souffles saccadés sonnent tellement comme dans Tangram, recouvre les tambourinements de glockenspiel qui ouvrent la lente procession de Time and Tide. Le rythme est lent, voire statique, mais extrêmement envoutant avec des percussions qui se détachent et martèlent une marche funèbre. Des accords de claviers se dandinent à l'ombre de ces nappes flûtées et de brume aux ondoyantes valses astrales. Des coups de percussions tonnent tout au long de ce boléro processionnel qui emmagasine les couches de brumes, les effets réverbérants ainsi que les majestueux solos qui déchirent la placidité de ce superbe défilé musical qui, contre toute attente, nous replonge dans les plus belles émotions du Dream et de Tangram.

Encore une fois, Johannes Schmoelling m'étonne et me subjugue avec un album dont la première écoute m'avait pourtant laissé indifférent. Mais TIME AND TIDE se révèle être un superbe album. À travers ses ambiances suspectes et éthérées et ses rythmes furtifs et progressifs Johannes Schmoelling réussit l'improbable en extirpant de soyeuses mélodies venues de nulle part. Et c'est la force de Schmoelling, autant que ce l'était à l'époque de Tangerine Dream

Sylvain Lupari (17/06/12) *****

Disponible au Johannes Schmoelling Store

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