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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Liese, Spyra & Vikaluk inSPYRAtion II (2020) (FR)

Updated: Nov 12, 2023

Un excellent album qui plaira assurément aux amateurs de Spyra et de Berlin School qui niche présentement dans mon Top 5 de 2020!

1 Sternenstaub 18:22

2 Ejli 13:18

3 Rico's Chat 8:20

4 Staubzeit 24:17

Spyra Music

(CD 64:17)

(Modern Berlin School)

InSPYRAtion II a cette chance de venir après InSPYRAtion. Je m'explique… Cet audacieux projet, initié dans le cadre du WorldWideWindow, s'est tenu à Berlin les 8 et 10 Mai 2019 en lien avec la foire des synthés modulaires Superbooth. Comme avec le premier volet, les extraits de ces soirées ont été joués et enregistrés dans leurs formes originales. Mis à part un petit travail de studio sur les introductions et les finales, le reste de la musique est enregistré sur CD sans retouches (overdubs). Donnant ainsi une vision plus juste du travail d'improvisation des trois artistes présents; Wolfram Spyra, Roksana Vikaluk et d'un nouvel artiste invité à ces soirées, Hajo Liese. Cette présence du vétéran musicien donne un sérieux coup de pouce au duo en donnant plus de profondeurs, tant dans les rythmes que les ambiances, à une vision musicale déjà exploitée une année plus tôt. Les rôles de Zeitstaub et Staubzeit sont des parfaits exemples. Ce fait et l'addition de Hajo Liese font de InSPYRAtion II une plus belle réussite et un des plus beaux albums de 2020. Et voici pourquoi...

Des vents sombres, poussés par de subtiles modulations, refoulent les ambiances de Sternenstaub jusqu'à mes oreilles. Ces nappes ondoient comme des draps invisibles sur les mers avec des tintements aléatoires. Ce premier élément de charmes me conduit aux doux murmures séraphiques de Roksana Vikaluk. Des orchestrations très Vangelis recouvrent cette partie, étendant son voile anesthésiant jusqu'à cette chute de tonalités qui éclaboussent mes oreilles. Un peu comme ces tests de Surround THX, le calme renaît de ces réverbérations qui atteignent le point des 6 minutes. Les tintements d'ouverture réapparaissent en même temps que le séquenceur libère une ligne d'ions sauteurs qui bondissent en alternance dans une tonalité limpide. Un peu comme si j’écoutais Crystal Lake de Klaus Schulze en accéléré. Si la tonalité s'apparente, ce ballet rythmique utilise une vélocité agréablement enchanteresse alors que des nappes bourdonnantes, les murmures et les solos de synthé la recouvre dans une belle chorégraphie morphique. Des boucles s'ajoutent dans les acrobaties des solos qui empruntent par moments une phraséologie musicale alors qu'une lourdeur atmosphérique remplie les rares moments blancs de Sternenstaub. Ce mouvement très Berlin School ambiant accélère un peu sa cadence en adoptant un effet de saccade dans sa série de séquences bondissantes qui rend les armes autour des 15 minutes. Le titre tombe alors dans une finale exploratoire digne des sessions d'improvisations où les chants séraphiques de la nouvelle muse de Spyra domine les 3 dernières d'un superbe mouvement qui avait toute les justifications d'étirer sa présence. Ejli s'attache à cette finale pour structurer dès ses premiers instants un mouvement fluide du séquenceur dont les oscillations ressemblent à une chorégraphie de sabots sauvages et leurs ruades nuancées. Les chants Elfiques de Roksana occupent les ambiances qui se distordent dans une cacophonie de résonances blanches. Les ruades des sabots sont plus sauvages, donnant le coup d'envoi à une structure plus vivifiée et plus lourde qui peu à peu s'échappe dans un bon techno sans frontières.

C'est par une goutte de son qui étend sa magique radiation que Rico's Chat s'invite dans mes oreilles. C'est dans les aléas d'une gestation rythmique que ce titre le plus rythmé de InSPYRAtion II prend forme. Le schéma du séquenceur est complexe avec une ligne qui tournicote et virevolte dans un parcours alambiqué. Les ions sauteurs sont indisciplinés et gambadent comme des lapins en folie sous un ciel bardé de solos d'un synthé qui recouvrent cette symbiose émanant d'un duel entre deux séquenceurs. Peu à peu, Rico's Chat épouse la forme de ces trains rythmiques de la Düsseldorf School qui est intimement liée à la Berlin School. La ligne de rythme monte et descend alors que le synthé lance solos et harmonies qui épousent cette forme légèrement chaotique. Et Rico's Chat pourrait justement être lié à un événement en train que je ne serais pas surpris, tant le rythme s'affiche comme le roulement d'un train et que la finale resplendit de clameurs d'une gare. Mais peu importe, c'est le du point A à Z. Un très bon titre qui se déguste dès son hésitation, alors que Staubzeit m'a demandé plus d'effort, même si son enveloppe musicale me semblait familière. Son introduction, plus grondante, est dans la même vision que Sternenstaub avec ces ondes ondoyantes qui zèbrent les ambiances d'une touche lugubre. C'est une forme de Dark Ambient animé par cet amas d’implosion qui atteint sa zone de décompression avec un effet Surround THX dans un décor semi paradisiaque à cause des chants de moineaux virtuels. Cette longue phase introductive atteint le point des 9 minutes lorsque le séquenceur travaille sur une texture rythmique qui flirte avec un fort penchant astral. Et si on fait travailler notre case; mémoire un peu plus fort, on constate que cette structure fait très Klaus Schulze mais aussi très Spyra dans une formule de décomposition du titre Zeitstaub qui ouvrait InSPYRAtion. La structure est nettement plus riche ici avec une aura musicale aussi dense que nébuleuse avec d'oblongs huit qui survivent avec une approche devenue spasmodique et saccadée sur un parcours de +/- 24 minutes avant de sombrer dans une courte finale lunaire et coloriée d'éléments de synthé psychédéliques.

Je vous dirais que ce InSPYRAtion II est supérieur, et à plusieurs niveaux dont la qualité sonore qui est plus profonde et onctueuse, au projet de 2019. Il y a ces deux longues introductions des 2 titres majeures que j'ai trouvé un peu longues (les aléas des improvisations), mais pour ce qui est du reste c'est un excellent album qui rejoint l'admirable Dunst paru en 2018. La communication entre Spyra et Hajo Liese semble très bonne et ça se reflète sur les structures de rythmes mais aussi sur les toiles atmosphériques qui recouvrent ces rythmes. Pour un album du genre qui nous est proposé sans overdubs, la production est très bien réalisée. L'album est offert en CD manufacturé pour l'instant et Spyra n'écarte pas la possibilité de le rendre accessible en téléchargement, mais ça ne fait pas parti de ses plans à court terme. Donc, un excellent album qui plaira assurément aux amateurs de Spyra et de Berlin School qui niche présentement dans mon Top 5 de 2020!

Sylvain Lupari (15/05/20) ****½*

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