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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Mario Schönwälder Hypnotic Beats (1990) (FR)

Updated: Sep 25, 2023

Il y a une tonne de MÉ très intéressante dans ce splendide album, du début à la fin, fortement inspiré des années numériques de Klaus Schulze

1 Moogazyn 21:49

2 A Dream, Merely A Dream 7:45

3 The Garden of Sanssouci 21:46

4 Niemandsland 4:32

5 Hypnotic Beats 20:57

6 White Tower 3:00

(DDL 83:01)

(New Berlin School)

Bien avant Keller & Schönwälder, il y avait Mario Schönwälder. Avant ce succès qui l'a fait connaitre avec Detlev Keller, il connaissait déjà une belle carrière solo qui lui a offert toute une perspective sur les possibilités de la MÉ, l'amenant à mettre sur pied le label Manikin Records. Il a su diversifier les horizons de ce label en devenant un leader dans le domaine de la recherche et la conception d'instruments de MÉ dont le célèbre Memotron. On doit aussi à ce label les nombreux coffrets de Klaus Schulze et de Ashra Temple dans son catalogue qui propose près de 200 titres très sélectifs aujourd'hui. Amant du Berlin School, il est aussi connu pour ses nombreuses collaborations avec des artistes comme Thomas Fanger pour la série Analog Overdose et Frank Rothe dans la série des Filter-Kaffee, en plus d'artistes prestigieux comme Bernd Kistenmacher, Klaus Hoffmann-Hoock et Harald Grosskopf, notamment dans ce HYPNOTIC BEATS. Le musicien Allemand roule sa bosse depuis le milieu des années 80. C'est en 88 que son nom devient familier avec l'album Musique Intemporel, un album-compilation où on trouvait deux de ses titres avec des artistes aussi dominants à l'époque que Bernd Kistenmacher et Rolf Trostel. Son premier album solo, The Eye of the Chameleon paraissait sur le label de Kistenmacher, Musique Intemporelle. HYPNOTIC BEATS est son deuxième effort individuel à sortir sur ce label. Écrit entre Novembre 1989 et Juin 1990, il est imprégné des sentiments des Berlinois suivant la chute du mur de Berlin. Et la musique fut entièrement conçue à partir de synthétiseurs et de percussions digitales. Ne cherchez pas Amadou Delbasse Bokou jouant de la batterie sur la pièce-titre, il s'agit de Harald Grosskopf.

Les CD ont tous été vendus, une deuxième édition apparaissait en 1992 sur le label fraichement innové Manikin Records. Là aussi les CD ont tous été vendus, ne laissant que des miettes pigées dans Napster à l'époque, avant que SynGate saisisse les droits dans une édition revampée en Avril 2005. On note dans cette édition que Spirit of Love a été supprimé. En plus le merveilleux The Garden of Sanssouci est entièrement réédité dans son vrai format de 21:46, comparativement aux 10:26 de la version originale, et que le titre White Tower est ajouté, comme c'était initialement convenu. Un beau casse-tête pour les fans du sympathique Mario Schönwälder qui se sont procuré cette édition afin de réunir les pièces manquantes. Au niveau sonore, que vaut cette édition? Après en avoir discuté auprès des chanceux qui possèdent les deux versions, la version de SynGate, remasterisé par Gerd Wienekamp de Rainbow Serpent, est plus feutrée, comme un brin tamisée comparativement à celle de Musique Intemporelle. Je suis tout à fait d'accord, même que je trouve l'étendue sonore de la version originale plus profonde avec plus de puissance. C'est important puisque les percussions jouent un rôle prépondérant dans cet album. Maintenant, place à la musique…

Moogazyn ouvre HYPNOTIC BEATS avec de légers tintements variés, comme des percussions sur fond de bouteilles ou une courte symphonie percussive Tibétaine, qui résonnent dans une ambiance statique nappée de petites couches de synthé flottant entre deux tonalités pour activer un peu plus les cloches du Tibet. Au loin, une nouvelle forme de percussion surgit discrètement, initiant le rythme minimaliste de Moogazyn. La ligne de basse est pesante et superbement sensuel. Elle se dandine avec de lentes implosions, traçant un rythme tribale du Moyen-Orient légèrement groovy. Enregistré en concert à la Cathédrale de Verden en Septembre 1989, Moogazyn résume en une seule pièce les profondeurs hypnotiques de cet album. C'est un long titre structuré sur une seule séquence qui est accompagné par de solides percussions et une bonne ligne de basse. Mario greffe de belles avenues mélodiques et des nappes de synthé qui modulent une ambiance touffue et étoffée par de subtiles variations. C'est un titre immensément captivant, enveloppant et possiblement le plus beau du fondateur de Manikin. A Dream, Merely A Dream est plus animé, plus vif avec de bonnes séquences, un bon noyau de percussions, de bons effets percussifs et une ligne de basse qui est en symétrie avec séquences et percussions. Le synthé est nasillard. Il se promène avec aisance et souffle une superbe harmonie qui accroche instantanément avec sa sonorité du Moyen Orient et les fragrances des premiers mouvements digitaux de Klaus Schulze, une des grosses sources d'inspirations pour Mario Schönwälder. Il y a un léger gasp vers la finale dans les deux versions.

L'intro de The Garden of Sanssouci est désordonné. Une basse bourdonne sur des effets sonores, des fracas et des souffles de synthé qui régnaient sur la pièce précédente. Après une marche hésitante entre deux explosions la basse s'écrase avec fracas. Cette explosion donne naissance à la phase deux de HYPNOTIC BEATS. Une ligne hypnotique, construite sur des percussions discrètes et martelantes et sur une basse méthodique, structure un mouvement qui fait aussi très Klaus Schulze dans Miditerranean Pads. Les harmonies qui flottent sur ce rythme hybride portent un très beau sceau de sensualité arabique mûre pour une danse orientale, le Baladi. Le rythme est plus rapide et intense que la pièce d'ouverture. Il avance sous les nappes et les solos de synthé jusqu'à ce qu'il frappe un mur atmosphérique. Un intermède de cinq minutes où Schönwälder utilise les chœurs et percussions pour créer une ambiance statique qui insuffle plus profondeur à la poursuite hypnotique de The Garden of Sanssouci. Et des sonorités arabes, le synthé prend une superbe teinte plus sensuelle avec ces airs et brises d'un saxophone mendiant l'obscurité de la nuit. J'aime définitivement mieux cette nouvelle version. Même si les dernières minutes expliquent un peu mieux la version originale.

Après le vaporeux, mais intense, Niemandsland, la pièce titre nous replonge dans l'univers minimaliste de HYPNOTIC BEATS. Cette fois-ci, le rythme est vivant avec les percussions de Harald Grosskopf. Plus agité, il sautille sur le jumelage des séquences et des percussions électroniques qui sont liées aux manœuvres de percussionniste de Ashra Temple. Son état spasmodique lui donne une saveur tribale Africaine. Les lignes et les harmonies du synthé flottent lentement avec de fines strates atmosphériques, contrastant avec le jeu animé de Grosskopf. Deux contrastes et deux oppositions qui donnent une symbiose des plus étranges où la nostalgie est au rendez-vous. White Tower termine HYPNOTIC BEATS sur une note ambiante. Le synthé est lourd et triste. Il vogue sur de fines percussions et prend une forme symphonique autour des notes éparses d'une guitare acoustique. Qu'en est-il de Spirit of Love de l'édition originale. C'est un titre aussi beau que Moogazyn, mais avec plus de mordant et de profondeur au niveau des percussions. La musique ressort plus ici avec une enveloppe plus contemporaine. J'adore cet effet de violoncelle qui donne à la musique une teinte de mystère à la Brain Voyager de Robert Schroeder.

Il y a une montagne de MÉ très intéressante dans ce second album de Mario Schönwälder. C'est un artiste brillant que j'aime beaucoup et qui a contribué, et qui contribue encore, à l'essor de la Musique Électronique, style Berlin School. HYPNOTIC BEATS est une variation sur le même thème, en trois étapes différentes, entrecoupée par des pièces un peu plus courtes qui cassent les ambiances, modifiant ainsi notre perception face à l'évolution de cet album hautement inspiré par les textures digitales de Klaus Schulze. Cette version de SynGate serait celle que Mario avait imaginé au tout début de son histoire. Donnant ainsi à cette superbe œuvre tout son sens, sa douceur, sa subtilité et sa profondeur.

Sylvain Lupari (10/08/06) ****¼*

Disponible au Manikin Bandcamp

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