“Malgré la beauté et la noblesse derrière les bases de sa création, Trepenation reste un opus difficile à apprivoiser. Mais l'insistance vaut la peine”
1 The Key to Conscience 6:48
2 Preparation 5:29
3 3–4 Days Before The Echo 16:42
4 No Part of me Could Summon A Voice 10:09
5 A Prospect that is Simple 6:55
6 Beat 9:23
7 Oneness to Deceive 6:54
8 Number of the Mind 17:09
(DDL 79:33)
(Ambient Textures)
Ça fait un bail que j'ai cet album. Ben Cox de Spotted Peccary m'en avait parlé en bien. Me prévenant que ça prendrait quelques écoutes avant de m'habituer à l'enveloppe atmosphérique de Markus Reuter. J'ai tenté une première écoute et j'ai gelé à 3–4 Days Before The Echo. Par la suite, j'ai entendu [´ramp] et Ceasing To Exist. Et c'est là que j'ai découvert les subtilités de l'univers Markus Reuter. Un guitariste audacieux qui manipule la fameuse guitare Warr. Une guitare à cordes frappées avec une sonorité amplifiée.
TREPANATION est une opération qui consiste à enlever un morceau d'os frontal afin d'enlever un peu de pression sur le cerveau. Une pratique abandonnée qui devait instaurer un climat de tension et de paranoïa sur le sujet. Et c'est absolument ce que Markus Reuter transpose avec émotion et habilité sur ce dernier opus. Un voyage à l'intérieur d'un esprit tourmenté, au plus profond de son incompréhension. Et ça débute avec The Key to Conscience. Un long mouvement atone où des boucles modulaires et leurs tonalités basses croisent la réverbération des notes de guitares résonnant dans un espace vide. Cette résonance attire des notes plus harmonieuses et carillonnées qui voltigent à travers des explosions de cordes éparses. Preparation respire la réalité avec ses délicates basses pulsations hypnotiques qui reposent sur un beau sentier synthétisé et cette voix morne qui tente d'infiltrer notre état d'hypnose. Une fois les explosions sonores assimilées, 3–4 Days Before the Echo trouve sa raison d'être. Un long morceau atmosphérique, très ambiant et très spatial avec des voix internes qui augmentent le stress de la schizophrénie. Les fissures lumineuses infiltrent un firmament statique où tout semble coaguler dans les filtres sonores. Le synthé module des impulsions avec fluidité sans vraiment prendre de forme rythmique. De la pure musique de suspension qui se développe par l'accumulation des nappes de synthé avec des effets sonores cosmiques dont les explosions éparses ont ce goût métallique / industriel de Blade Runner. No Part of me Could Summon a Voice progresse sur des modulations aigües qui laissent filtrer des voix d'enfants parmi des cliquetis mécaniques. A Prospect That Is Simple amène une touche plus chaleureuse et humaine à l'univers atonie et torturé de TREPANATION. Les nappes de synthé flottent dans une ambiance sereine où les modulations croisent de brefs segments harmonieux. Beat reprend les notes carillonnées du début qui tintent sur les lourdes pulsations bourdonnantes de la guitare Warr. Hypnotique et envoûtant, le titre résonne avec une opacité carillonnée qui a besoin de la tendresse de Oneness To Deceive; un long mouvement secoué par des pétarades qui semblent trouver silence dans un l'écho du vide. Number of the Mind termine cet opus par un long mouvement inerte. Une berceuse pour esprits torturés par l'incompréhension, par l'ignorance de la technologie face aux déviances et aux absences humaines.
Malgré la beauté et la noblesse derrière les bases de sa création, TREPANATION reste un opus difficile à apprivoiser. Mais l'insistance vaut la peine, surtout si les expériences sonores inhabituelles vous attirent. Un voyage sombre et tortueux dans l'esprit de la perdition mentale. Tel est la toile de fond d'une œuvre élaborée avec minutie par Markus Reuter; un brillant guitariste Allemand qui nous offre une croisade sonore enrichissante qui est idéale pour tester la calibration de vos enceintes acoustiques.
Sylvain Lupari (04/07/14) ***¼**
Disponible au Markus Reuter Bandcamp
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