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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Martin Stürtzer Microgravity (2022) (FR)

Rythmes ambiants, rock cosmique et Néo Berlin School à leur meilleur

1 Exit Probe 7:18

2 Triode 7:22

3 Approaching 7:52

4 Descent 8:06

5 Microgravity 7:26

6 Resonance 7:14

7 System 5:34

8 Pollux Rising 6:52

(DDL 57:45) (Ambient beats, Cosmic rock, New Berlin School)

MICROGRAVITY est le tout dernier album de Martin Stürtzer à paraître en 2022. Une année prolifique s'il en fut une! Mais l'album est une réédition d'une œuvre proposée en premier lieu par un autre projet du synthésiste Allemand nommé Thalaron. Cet album a vu le jour à l'été 2017 et propose déjà ce changement d'orientation du musicien natif de Wuppertal qui délaisse ici sa nature de Dark Ambient, de musique électronique (MÉ) ténébreuse activée par l'amoncellement de drones sonores pour une approche tournée vers la New Berlin School et sur du rock électronique cosmique. C'est le début d'un nouveau Martin Stürtzer avec un album précurseur dans sa carrière qui explore les différentes probabilités du séquenceur en proposant 8 titres conçus sur des axes rythmiques évolutifs avec des textures polyrythmiques qui flirtent avec une MÉ vivante, comme avec ces délicieux rythmes ambiants qui sont devenus sa signature au fil des dernières années.

Après qu'un gros nuage de bourdonnements se soit dissipé, Exit Probe propose un rythme ambiant dont l'ascension reste en suspension. Cette première ligne de rythme épouse un mouvement ascensionnel plus méditatif qu'entraînant, même lorsque le séquenceur s'amuse à faire varier la vélocité du rythme. Une ombre plus résonnante s'en détache pour faire entendre 4 battements circulaires plus scandés. La fusion entre ces deux éléments donnent l’impression d'accentuer un débit statique dans cet environnement où les horizons du Cosmos tentent de charmer cette ambiance qui flirte avec une musique aux ambiances plus ténébreuses. On accroche dès la première écoute de Triode qui démontre l'aspect plus Électronica psybient de Martin Stürtzer avec un rythme nettement plus entrainant et trop fluide pour respecter les prémices du Berlin School, ou encore du rock cosmique. Des séries de 3 pulsations saccadées sont liées par une autre pulsation isolée, créant un rythme entrainant ayant cette tonalité organique d'un gorgoton qui fait claquer sa luette. Ce rythme fluide allume nos neurones et active nos doigts qui tapotent les bras de notre fauteuil dans un firmament sonore garni de sombres brises sans vie et d'ondes de synthé qui s'étirent en filaments irradiant de réverbérations. On accroche aussi tout de go en entendant la structure polyrythmique de Approaching. Le rythme est le plus vivant de ce MICROGRAVITY et propose une série de séquences basses qui bondissent avec une texture caoutchouteuse de finement souder entre elles. Le séquenceur est très actif ici en élaborant 2 autres lignes de rythmes qui se suivent dans un mouvement ascensionnel où on ne peut ignorer une forme de réminiscence dans l'art de Chris Franke au séquenceur. Le panorama reste toujours assez sombre avec des ondes de synthé qui roulent comme des sirènes apocalyptiques. Le synthé façonnera aussi une autre série d'ondes qui rouleront en boucles cadencées vers la finale d'un titre qui est tout simplement excellent. Descent vit sur deux mouvements du séquenceur dont la dichotomie tonale est son aspect le plus séduisant. Une ligne de basses séquences martèle une procession ascendante dont la nette fluidité résonne sur une nappe de brises de synthé à la fois troubles et cuivrées. L'autre ligne est une suite de scintillements évanescents qui fait plus briller que bouger des arpèges qui chatoient sur place, développant une vague approche mélodieuse qui s'égare dans des brises de plus en plus caverneuses d'un synthé à la texture ténébreuse. Nous restons dans le segment le plus vivant de cet album avec sa pièce titre qui fait entendre un rythme pulsatoire très animé. Chaotique avec un effet élastique dans sa texture, le rythme de Microgravity sautille et pulse dans une vision arythmique élaboré avec une séduisante complexité avec des bonds qui laissent entendre un effet sonore d'essoufflement mécanique du processus rythmique. Il évolue avec une légère accentuation dans son débit du fait de ces basses séquences caoutchouteuses qui accentuent toujours un peu plus l'effet de bondissement. Encore ici, le panorama sonore est peint dans des couleurs abyssales avec une toile de fond sombre et des filaments qui s'étirent en grognant.

Resonance est structuré sur les possibles résonnances de ses atouts rythmiques. Ça débute avec 3 basses pulsations qui vibrionnent lourdement dans une zone où le synthé étend un dense nuage de brume orchestrale. Cette première offrande du séquenceur est très magnétisante et ces effets métalliques qui claquent dans les vents vibratoires des pulsations nous ramènent à la période White Eagle de Tangerine Dream, pensez à Mojave Plan. Tout se suit avec logique, les attributs rythmiques découlant de la résonnance de la précédente. Ainsi, le séquenceur active une autre ligne de rythme un peu avant la 3ième minute. Embaumé de cette brume métallique, la nature du rythme devient difficilement identifiable avec cette autre ligne de battements métronomiques dont les tic-tacs cadencés ont cette personnalité glauque qui résonne comme des pas tentant de fuir dans un pattern en zigzag. De cette nouvelle entité rythmique apparaît une autre ombre finement cadencée qui clignote entre ce qui est devenu une armada de sabots rythmiques sur du bitume électronique. J'appelle ça un titre génial qui a de la suite dans les idées! System propose aussi cette structure de canon rythmique qui ajoute des éléments percussifs à la queue-leu-leu. Le mouvement est très vivant pour les neurones et son principal axe rythmique bat sourdement sous une ligne d'arpèges qui vont et viennent dans une vision harmonique et des tintements métronomiques qui amplifient cette vision. Deux battements méthodiques par des séquences aux tonalités limpides sont à la base du rythme ambiant de Pollux Rising. Leurs tintements bondissants ont une cadence plus accentuée que cette horde d'arpèges aux timbres plus conservateur qui gambade avec nonchalance, donnant cette perception d'élasticité à cette ligne de rythme secondaire, dans une structure inondée de lignes et d'effets réverbérants d'un synthé qui flirte avec plus de certitude avec du psybient ténébreux.

En ce qui me concerne, c'est la 1ière fois que j'entends MICROGRAVITY. Je le précise puisque la réédition de cet album sur le label américain Synphaera Music, offert en un remaster digital de 24 BIT, est effectuée à partir des enregistrements originaux et offre une toute nouvelle version de Approaching. Je ne peux donc pas témoigner de la différence versus la version originale de 2017 et celle-ci. Ce que je peux dire pas contre est que c'est un excellent album qui fait la juste part entre les rythmes ambiants, usuels au répertoire de Martin Stürtzer, et ceux plus animés qui flirtent avec la New Berlin School ou un savoureux rock cosmique très créatif. Excellent, de la première seconde de Exit Probe à la dernière de Pollux Rising.

Sylvain Lupari (03/01/23) ****½*

Disponible au Synphaera Bandcamp

(NB: Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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