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  • Writer's pictureSylvain Lupari

NAGLE & HOWARD: The Species Gap (2021) (FR)

On y danse comme on y pense sur des structures qui nous amènent au-delà des surprises

1 RR173H 8:04

2 moments_in_methane 5:49

3 encounter 7:18

4 deep & weird 4:37

5 critters! 3:54

6 exotic_enzymes 6:06

7 the_zap 8:47

8 cloud_harvest 6:01

9 dilemma & resolution 5:20

10 the_species_gap 7:01

11 an_ending 3:54

(CD/DDL 66:57)

(EM on Buzz)

Les balbutiements électroniques responsables de l'ouverture de RR173H s'embrouillent dans un genre de Funk stationnaire avec une vision psychédélique-organique. Les pépiements des accords virevoltant se collent à une ligne de basses-pulsations, donnant une vitalité caoutchouteuse aux deux premières minutes de ce titre qui nous introduit à SPECIES GAP. Minimaliste et noué autour de vives oscillations, le rythme invite les percussions et les tssitt-tssitt des cymbales afin de le rediriger vers une fusion entre le rock électronique (E-Rock) et la musique de danse électronique (EDM) toujours décoré de ses parures de Funk psychédélique. RR173H donne le ton a un nouvel album de Paul Nagle inspiré par une autre nouvelle de Matt Howard, celui-là même qui a inspiré le très bel album de David Wright The Lost Colony. Les deux artistes ont un style très particulier qui défie souvent les limites de l'imagination. On regarde la pochette de ce nouvel album réalisé par Groove nl et on comprend aussitôt dans quel univers nos oreilles vont se tremper le bout du lobe. Disponible en CD manufacturé et en téléchargement, chaque option donne droit à cette nouvelle en format PDF. La musique suit l'originalité du parcourt de Paul Nagle. On y retrouve ces ambiances de Binar et celles plus psychédéliques de ses albums suivant cette période et finalement du bon Berlin School vintage. On y danse comme on y pense sur des structures qui nous amènent au-delà des surprises qui y sont nombreuses. Tout d'abord on l'album sur le bout des oreilles pour finalement accepter de s'y noyer dès que critters! nous morde les tympans. Audacieux, complexe et captivant comme tout ce que fait Paul Nagle depuis The Soft Room en 1981.

Des effets de longs lassos virevoltant avec des particules radioactives mettent la table à moments_in_methane. Les ambiances d'ouverture me font penser à un jeu vidéo, du genre Metroid, où nos oreilles deviennent des senseurs afin de détecter un organisme dans ce brouhaha de lignes, d'ondes, de voix et de couches de synthé aux couleurs et aux tonalité bigarrées. Une ligne de synthé s'extirpe pour rouler en boucles dans ce décor festoyant dorénavant sur un orgue. Beaucoup de couleurs et beaucoup d'ambiances dans un magma sonore qui peut faire un lien avec son titre. Encounter propose aussi une ouverture hypothéquée par une muraille d'éléments d'ambiances aussi intense, mais plus ténébreuse, que le titre précédent. Le premier coup de génie de Paul Nagle se trouve cependant dans ce titre qui élabore une fascinante structure de rythme avec un élément qui sonne comme le jappement d'un chien croisé avec le couinement d'un canard. Cet élément ressort d'une ouverture cabalistique où le son n'aura jamais été si près d'être confondu à une masse de gémissements de cyborg à l'agonie. Les percussions sortent après une sourde explosion tonale qui se produit entre la 2ième et 3ième minute. Et petit peu à petit peu, Encounter s'anime d'un rythme mécanique, croisé entre ces percussions et les aboiements, dans une faune sonore qui teste notre patience. Ça se déroule un peu mieux, d'écoute en écoute… Grondements mécaniques dans un paysage sonore rongé de bruits blancs et d’effets réverbérants, deep & weird ne fait que passer tout en étant conforme avec son titre! Avec des ambiances de film d'effroi, c'est avec critters! que les esprits commencent à chauffer. Ce superbe titre éclot avec un rythme vibrionnant, comme le mouvement du séquenceur de Chris Franke dans Flashpoint, en symbiose avec de séduisants claquements métalliques. Même les pads de synthé et les nappes de brume ont cette apparence Tangerine Dream.

Ce superbe titre est suivi d'un autre long naufrage sonore en exotic_enzymes, un long titre d'ambiances de métal en fusion dont ses deux minutes font saigner les oreilles. Par la suite, le titre profite d'une relative accalmie afin d'élaborer une texture sonore dont certains éléments meublaient aussi RR173H. Si on a trouvé critters! trop court, the_zap saura faire pardonner le tandem Nagle-Howard avec une superbe structure de Berlin School vintage embourbée dans une vision de zombies psychédéliques. Un très beau mellotron s'abat sur une autre ouverture tapageuse et bigarrée. La structure de rythme s'active à l’orée de la 3ième minute avec le séquenceur qui fait sautiller en boitillant sa ligne de rythme dans de fascinantes mélodies arabiques. Des orchestrations brumeuses du Moyen-Orient enveloppent ce mouvement minimaliste trempé à priori dans une résine caoutchouteuse et dont l'encens sonore est constitué d'une délicieuse faune psychédélique-organique. Excellent! C'est dans un décor de forêt tropicale que nous apparaît le très bon downtempo de cloud_harvest. La structure de rythme accélère légèrement sur de bonnes et riches nappes de synthé. On peut aussi entendre des percussions tribales de même que des riffs de clavier enrichir cette délicieuse texture de MÉ créative. dilemma & resolution propose un paysage ambiant nettement plus méditatif ici avec un beau mellotron. Idem avec les orchestrations qui remplissent les deux premières minutes de la pièce-titre. Des orchestrations à faire pleurer une roche jusqu'à ce qu'une bonne structure de rythme bondissant s'enracine quelque secondes après sa 2ième minute. Par la suite, the_species_gap se développe dans une étonnante texture de rythme nourrie par des percussions électroniques, des éléments organiques percussifs, des rafales de percussions et divers tintements de bouteilles sans oublier les phases de gargouillements caricaturaux. Un très bon moment créatif intense et stupéfiant qui vaut l'achat de SPECIES GAP à mon sens. missed_opportunities, ou an_ending, termine ce fascinant album de Paul Nagle et Matt Howard sur une phase méditative où le mellotron, les brumes et les ambiances électroniques sont plus sages ici qu'ailleurs dans SPECIES GAP.

Sylvain Lupari (13/12/21) ***¾**

Disponible chez Groove nl

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