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Writer's pictureSylvain Lupari

OWANN: State of Mind (2019) (FR)

Updated: Sep 30, 2021

Un bel opus qui s'inscrit dans la continuité de Particles et Eternal Return

1 The time is Now 8:12

2 Serenity 4:24

3 Dawn of a New Day 7:04

4 A Sacred Place 6:32

5 Nebula 6:32

6 Evendim 7:16

7 Varanasi 6:32

8 The Blue Planet 12:37

(Digipack/DDL 59:11)

(Mostly ambient Berlin School)

Photographe qui aime contempler les merveilles naturelles de notre Planète, Owann nous livre un vibrant témoignage scindé à ses appréhensions pour le futur de notre Terre. Constitué de 8 titres dotés d'une perception de sensibilité et d'intensité de par ses avalanche d'orchestrations et de sérénades de synthé aussi perçantes que poignantes, STATE OF MIND propose des approches lentes et minimales. Sa vision et l'idée que l'on s'en fait gravitent autour d'un promeneur dans les montagnes qui contemplent les panoramas devant ses yeux avec un regard nostalgique de ce que pourrait devenir ces mêmes paysages dans 20 ans, peut-être même 10! Un voyage dans les craintes du photographe Johan De Paepe qui propose 8 clichés musicaux sous sa plume de compositeur; Owann…

Une lointaine onde de synthé se fraye un chemin jusqu'à nos oreilles lorsque des nuages entre en contact. Un fracas étouffé installe ainsi The time is Now entre mes Totem. Un monologue sur le temps présent se fait entendre sur une levée de wooshh et de waashh. Des accords scintillent sur ces ondes dont les effets de réverbérations augmentent l'intensité oisive des ambiances. Les orchestrations se substituent aux ondes, augmentant encore plus le niveau d'accentuation qui rencontre son sommet avec des percussions lourdes et sans vie. La musique de Serenity me fait penser aux capsules Interludes des recueils musicaux de Mannheim Steamroller. Le piano est aussi délicat et onirique que celui de Jackson Berkey avec une approche minimale où les notes tombent sur les mêmes ondes orchestrales que dans la pièce introductive. La musique respire la portée du titre avec un autre niveau d'intensité qui murmure le long de notre colonne vertébrale. Sensible et très beau! Dawn of a New Day fait partie des très bons titres qui nichent sur l'imposante collection Ambient Nation 5 du label Belge Wool-E Discs. Un must! A Sacred Place utilise aussi ce même pattern de piano songeur que dans Serenity. Les notes tombent avec hésitation et avec d'autres accords plus pastoraux. Le séquenceur tisse un rythme ambiant qui prend plus de volume lorsque des cliquetis se greffent tout autour. À date, le premier segment de STATE OF MIND est brodé autour de panoramas sonores aussi ambiant que les décors du haut des montagnes. Il y a bien sur Dawn of a New Day, mais le reste est très aérien.

Nebula change la donne avec un rythme minimal ambiant sculpté par l'ascension continuelle d'une ligne de basse séquences. Des tintements de cloches, de vifs cognements de percussions et des effets d'écho ajoutent une profondeur à cette obsédante procession qui est nappée de lignes de synthé dont la couleur des effets va en gradation; soit des brises flûtées à des fredonnements et des violons chatouillés par des anges. Une voix astrale recouvre les accords toujours hésitants de ce qui sonne comme une guitare acoustique et qui permute en piano. Les vagues d'un océan murmurent lorsqu'un mouvement du séquenceur lance les oscillations de Evendim qui sont soutenues par les retours des vagues. Ce chant d'oscillations est rejoint par une chorégraphie d'arpèges ascensionnels qui tintent et dansent en symbiose sur le parquet mouvant de l'océan. Des séquences s'invitent, accentuant le champs rythmique d'un titre qui privilégie tout autant les lentes orchestrations de violons toujours très poignants. Un beau titre avec une finale plus éthérée, plus anesthésiante. Varanasi nous amène vers un autre niveau avec une musique Orientale animée de percussions manuelles et enjolivée par une Sitar qui tinte dans un complexe univers de multicouches de synthé. Cette musique spirituelle Hindoue détonne un peu parmi cette collection de titres ambiant et d'ambiances séraphiques qui n’ont aucune attache tribale, ni folklorique. Le rythme est aussi lascif et ensorcelant que ces délicates transes Hindoues et les voix de rue me font penser à du Mind Over Matter (Freak Street). C'est surprenant, et même dérangeant dans ce petit paradis de musique méditative, mais ça apporte aussi une autre dimension, une autre couleur aux ambiances de STATE OF MIND. Ceux qui se rappellent Ray Lynch savoureront l'ouverture de The Blue Planet dont les cloches tibétaines et les ambiances de Deep Breakfast remplissent oreilles et sens. Le mouvement est lent avec de belles orchestrations qui dérivent entre les tintements des clochettes et des pointes émotives qui convergent avec intensité. Des séquences se mettent à sautiller autour des 3:30 minutes. Leurs fragiles papillonnements flirtent avec les réflexions des clochettes, ainsi que leurs échos, augmentant peu à peu un flux rythmique devenu plus électronique. Près de 4 minutes plus tard, The Blue Planet retrouve son point d'équilibre avec une phase atmosphérique qui stimule une structure de grondements célestes. Des tonnerres et de la pluie! Une créature céleste, un dieu quelconque, étire finalement le bras afin d'éteindre la lumière naturelle du jour pour déposer ainsi la noirceur d'une autre nuit sur Terre. Une de moins ou une de plus…

STATE OF MIND est un bel opus qui est dans la continuité de Particles et Eternal Return; deux albums qui témoignent de la grande sensibilité, jumelée à son œil critique, d'Owann. Le musicien-photographe Belge réussit à bien équilibrer ses ambiances avec une approche autant acoustique qu'électronique qui donne l'impression de voyager sur ses regards durant ses excursions et ses pèlerinages, entre rythmes séquencés et moments de sérénité. Sa marque de commerce depuis Particles.

Sylvain Lupari (11/06/19) *****

Disponible au Owann Bandcamp

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