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Writer's pictureSylvain Lupari

Paul Ellis Panoramas CD-1 (2021) (FR)

Updated: Nov 29, 2022

Un album difficile d'accès mais qui récompense ô combien les oreilles audacieuses

1 Misty Mountain Hideaway 31:58

2 Crown Point Under the Milky Way 30:33

(CD/DDL 62:33)

(Soundscapes, Art for Ears, Ambient)

Un chant aérien et perçant du synthé introduit Misty Mountain Hideaway, ainsi que ses tonnerres. Des lignes bourdonnantes et organiques remplissent un décor de sylve médiévale alors que, sur une autre tonalité, le synthé égare des harmonies ayant une texture nasillarde et psychédélique. Paul Ellis dans le psybient! Et pourquoi pas avec cette lente introduction rempli de drones tortueux et de semi-lignes d'harmonies déjà fanées? Dans cette forêt mythique semble se cacher un esprit malveillant tant les atmosphères créés par Paul Ellis répandent un lourd climat d'inconfort. Une amorce de rythme structurée sur des pads de synthé séquencés nous sort de ces pensées négatives en créant une illusion rythmique ascendant. Malgré tout, le décor et la faune tonale de Misty Mountain Hideawaydébordent d'une énergie négative avec des torsades réverbérants qui nous conduisent vers un violoncelliste étirant la tristesse de ses cordes dans un univers bucolique hanté par la présence d'une bête machiavélique. Nous arrivons vers la 9ième minute et toujours Misty Mountain Hideaway baigne dans un univers rempli de sons. Sans rythme, ni harmonies. Le synthé multiplie ses ondes sinueuses et ses lignes de chants toujours inachevés tout en étalant cette approche dichotomique où le miel sonore flirte avec son contraire. On entend de brefs airs de flûtes intégrés ce panorama ténébreux qui laisse une lente onde de rythme ambiant, dirigée par des accords bas, grimpée les pentes de l'illusion. La musique voulant rester dans les mystères des grandes forêts secrètes et ensevelis d'une flore verdoyante, Paul Ellis la peint avec la justesse de son mystère. Mais l'avancée dans cette forêt reste agréable à l'oreille puisque le musicien américain à cet art de déployer une banque de sons et d'effets toujours intéressants, et souvent captivants à entendre. C'est ainsi que l'on se trouve aux abords de la 20ième minute qu'une orage éclate en même temps qu'un rythme qui n'est pas avare de mélodie. Un solide Berlin School avec des saccades séquencées auxquelles se greffent des airs enchanteurs, eux aussi habillés de mystère. Cette phase de rythme s'éteint plus de 5 minutes plus loin, maintenant un suspense avec sa structure hésitante dont les bruits de télécommunication d'ondes courtes nous ramènent à cette possibilité que le randonneur invisible se soit égaré pour de bon. Pas évident à suivre, mais avec beaucoup d'imagination Misty Mountain Hideaway peut convenir à toutes les causes.

Pensez-y! Deux longs titres de 30 minutes n'est pas ce qu'il y a de plus vendeur, à moins d'être un fan des longs morceaux qui se transforment au défilement de son temps. Où, à moins d'être un fan de Paul Ellis. PANORAMAS CD-1 est le premier de 2 CD que le musicien-synthésiste publie sur l'étiquette Groove nl. Le projet est assez particulier et fait suite à un long processus de composition et d'enregistrements faites selon la technique d'improvisation de courts titres qui n'ont rien en commun et qui sont raboutés afin de former une symbiose entre harmonie, rythme et chaos. C'est exactement de quoi est fait Misty Mountain Hideaway, tandis que Crown Point Under the Milky Way est carrément un projet qui demande de l'écoute, tant les idées et les bouts de musique mis ensemble nous amène à un 30 minutes de musique audacieuse et sa structure de rythme créative. Son ouverture est par contre plus musicale avec des instruments à cordes qui s'échangent des larmes de nostalgie sur un léger débit hypnotique. Oui, il y a encore ces lignes de synthé tortueuses avec de belles couleurs pastel qui n'éraflent pas les oreilles. Cette procession pour orchestre à cordes finie par être agréable à l'écoute. Si on aime la MÉ et ces immenses possibilités, tel que mentionné par Paul dans son synopsis, dites-vous qu'il décortique assez bien les cordes de son petit ensemble acoustique. L'atmosphère change un peu après la 10ième minute pour exploiter une vision de psybient sans rythme mais remplie de tonalités de tout acabit qui n’ont rien en commun, sauf le chaos des sons. Tintements, gazouillis déformés, brume sans oxygène, gaz de vapeur, accords vaporeux et bien plus encore orne un long moment où le rythme prend forme comme par magie autour de la 16ième minute. Des pads de gaz en sont à l'origine. Ils influencent la direction de Paul Ellis qui sculpte un rythme circulaire né pour accroitre tant sa puissance que sa vitesse. Et ce moment récompense notre patience lorsque PE annexe des bruits et des sons qui se font avaler par cette tornade inversée qui prend même un beat Électronica. Un excellent passage où Paul nous en met plein les oreilles. Les pulsations tribales se distancent autour de la 26ième minute et le rythme revient à ces pads de gaz qui font un cha-cha nébuleux dans une vision évasive. Ils résistent au 4 prochaines minutes de turbulences des sons avant de disparaître dans des orchestrations plus célestes que dans l'ouverture.

Voilà, vous avez le topo de premier volet de PANORAMAS, un album difficile d'accès mais qui oh combien récompense ces oreilles audacieuses qui savent que la musique peut avoir différentes formes avant de séduire. Un autre album audacieux, Rainforest And Pavement n'était pas non plus une chose facile, de l'unique Paul Ellis. Panoramas CD-II devrait paraître prochainement.

Sylvain Lupari (10/09/21) *****

Disponible chez Groove nl

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