“Ami des sons? Amoureux des tons? Blow My Tears est tout sauf des rythmes et des harmonies. C'est de l'art abstrait à son meilleur”
1 Blowing Up 6:49
2 Orang Orang 4:14 3 Stampferl 4:05
4 Granz 3:15 5 Sync Dirt 6:37
8 Vong 4:55 9 Go! 4:29
10 Metal Sky 4:57 11 Obö 4:42
12 Rolling Tears 4:16 13 Palästina 4:18 SynGate Lunar | CD-r pf14
(CD-r/DDL 61:52) (V.F.) (Abstract form of EM)
J'avais eu les oreilles un peu peureuses, et passablement douloureuses, après mes premières expériences avec l'univers de sons de Pete Farn. Et je dois admettre qu'elles étaient de marbre lorsque mes yeux scrutaient les aquarelles pastelles de la pochette de ce BLOW MY TEARS où son art abstrait dégage plus de couleurs que la pochette de Cryptids qui avait un net penchant pour le science-fiction. J'anticipais, et à juste titre, un album encore plus difficile d'accès et je n'étais même pas au bout de mes peines. Avant de débuter, situons les axes de cette dernière audace de Peter Schaefer qui entraîne scrupuleusement l'auditeur dans les terres psychédéliques de Zeit (Tangerine Dream) ou encore de Interstellar Overdrive (Pink Floyd) avec une approche qui se veut un livre d'idées et une corne d'abondance de sons et de tons dans un univers de parallélisme qui borde les confins d'une musique qui fuie les étiquettes. En fait cette mosaïque de sons me fait littéralement penser à un orchestre d'instruments de musique de tout acabit, tant philharmoniques que de rues, qui se disperse à travers les dédales d'une cité où les rues sont tellement étroites que l'écho d'un fragment de cette orchestre bruite sur les souffrances d'un autre.
D'étranges chants métalliques (une sitar déguisée en cornemuse?) ouvrent les excentricités de cette dernière aventure en sons et tons de Pete Farn. Déjà nos oreilles sont prises d'assaut par l'introduction de Blowing Up. Ne chercher pas de rythmes ni d'harmonies! Les ambiances sont au sommet de leur art avec ces origines de bruits, de brises ou de chants qui traînent des poudres d'acier et dont les arcs de sons éraflent les oreilles. Le port d'un casque d'écoute est proscrit ici, tant la profondeur des radiations sonores est intense. À mesure que l'on avance dans le titre, on reconnait en effet un genre de sitar (très métallisé) qui émiette ses accords pincés dans des ambiances tordues où un genre de gros tuba souffle sa nostalgie dans des nuages de prismes statiques. C'est lent et affligeant avec une direction (on parle tout de même des ambiances ici) qui sont totalement détournées de leurs axes de passivité avec des mouvements brusques. Des violons et violoncelles pleurent dans un tintamarre indescriptible où un langage, étranger pour moi, insuffle un moment de tragédie à la Japonaise dans Orang Orang. Je me demande comment Peter Schaefer fait, mais il réussi carrément à faire grimacer et hurler le néant. Mais je sais pourquoi mes voisins chialent! Il faut baisser le son, les ambiances deviennent intolérables pour certains (Allo ma belle!). Alors que Stampferl réussit à surprendre avec une bonne approche rythmique qui frôle l'Électronica, le morceau s'émiette avec une nuée de bruits iconoclastes à nos oreilles. Le guide de presse annonce qu'il y a de bonnes surprises dans BLOW MY TEARS. Ça dépend du point de vue que l'on se place! Les titres suivant sont tous des essais sonores qui éparpillent tons, sons et bribes de rythmes dans des territoires inconnus. Udung est le premier titre à offrir une structure homogène (un genre de free jazz très progressif) sur sa longueur. Par la suite Go!, Obö et sa délicieuse marche funèbre dans un Nouvel-Orléans très avant-gardiste, et Palästina, une superbe structure de n'importe quoi je dois avouer, nous aide un peu plus à découvrir un univers où le bruit des sons et l'envers de la musique prennent une toute autre dimension. Pour aventureux et audacieux! En fait pour les marginaux qui aiment se démarquer avec un truc qui laisse absolument sa séparation entre deux univers qui sont pourtant si proche l'un de l'autre.
Sylvain Lupari (27/10/15)
Disponible au SynGate Luna Bandcamp
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