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Writer's pictureSylvain Lupari

PETE FARN: Schwebewald-Biospheres Vol 1 (2012) (FR)

Pete Farn a trouvé le bon moyen de mettre en musique ses étranges visions d'un monde vivant sous ses rêves, là où se tient Schwebewald

1 Schwebewald I 10:50

2 Schwebewald II 21:29

3 Schwebewald III 10:58

4 Schwebewald IV 11:47

5 Schwebewald V 6:14

(CD-R/DDL 61:18) (V.F.)

(Abstracted and experimental EM)

Le label Allemand SynGate étend ses activités en créant une division spécialisée pour la musique d'ambiance et/ou abstraite. Luna en est l'appellation toute poétique et défini fort bien ce qui attend l’auditeur lorsqu'il trempe ses oreilles dans l'extension de ce nouveau monde de fantaisie et/ou de relaxation électronique de SynGate. À tout seigneur tout honneur, c'est le sculpteur des profondes ambiances para-psychédélicosmiques, Pete Farn, alias Peter Schaefer, qui débouche la bouteille de la jouvence ambiosphérique avec un album qui explique sans emphases les destinées de SynGate-Luna. SCHWEBEWALD – BIOSPHERES Vol.1 est un curieux album où Pete Farn enferme l'observateur des sons et ambiances au cœur des forêts surréalistes, là où ces sons et ambiances sont les compagnons imaginaires d'un étonnant voyage virtuel.

Schwebewald I nous interpelle de loin avec ces étranges cerceaux imparfaits qui flottent tels des spectres de sylvestres. Les oreilles aux aguets, nous filtrons cet univers de sonorités éthérées où des murmures d'hiboux et de criquets harmonisent leurs chants dans de fins nuages de réverbérations, amenant cette première phase de l'album dans un puissant délire sonique où on entend des chiens jappés de leurs voix métalliques dans de lourds nuages de radiations industriels qui bourdonnent comme un essaim de guêpes meurtrières. Étrange? Vous n'avez encore rien entendu car l'aventure commence! L'atmosphère est tétanisant et un brin angoissant. Après une lourde finale bruyante, Schwebewald II débarque avec une ambiance plus sereine où une nuée de tonalités bigarrées respire comme la flore après un déluge. On entend des oiseaux picorés et rêvés au-dessus de cette végétation onirique qui offre sa luxuriante salade verdoyante en un festin organique où se sustente un univers entomologique dont les tonalités forgent des silhouettes de bestioles non répertoriées. Faut l'admettre, Pete Farn a une très bonne façon de mettre en musique ses étranges visions d'un monde habitant sous ses rêves. Schwebewald II n'est pas de musique, de même que tout l'album en passant. C'est une symphonie organique qui se laisse caresser par d'oblongues, et très discrètes, lignes de synthé dont on entend un peu plus les reliefs lorsque les vols de palmipèdes effleurent la surface des eaux dont on entend jamais les clapotis. Les cerceaux qui s'entrechoquaient et produisaient les étranges jappements de Schwebewald I reviennent sur Schwebewald III. Cette fois-ci, le tintamarre glapit avec intensité sur d'ondoyantes lignes d'un synthé qui éparpille des brises de mélodies noyées dans cet intense concert d'aboiements. La deuxième partie devient plus sereine et expose les radiances de cette mélopée ambiosphérique qui survit à une nouvelle attaque d'une horde en délire. C'est un très beau passage ambiant. Un concert de carillons inusités ouvre Schwebewald IV qui étend une lourde brise d'angoisse avec de lourdes réverbérations qui bourdonnent comme des nuages de radioactivités sur une terre de désolation. Si les 4 premières minutes sont angoissantes, la deuxième partie offre une approche de sérénité apocalyptique avec des tintements écarlates miroitant dans des tumultes passagers. Un peu comme si la mort, la dévastation ne voulait donner un deuxième souffle à la vie sylvicole. Et Schwebewald V enracine cette perception que nous avons de ce constant déchirement entre la beauté de la nature et les effrois de son agonie.

Je ne vous ferai pas de cachettes en vous disant que SCHWEBEWALD – BIOSPHERES Vol.1 s'adresse à un auditoire très ciblé. Ceux qui aiment les rythmes et mélodies en seront quittes pour kicker du pied. C'est un festin de sons et d'ambiances au diapason d'un univers que l'on imagine toujours tranquille et mirifique mais qui pourtant est toujours à l'assaut de sa loi, de sa Mère Nature et de l'insouciance d'un propriétaire qui cherche toujours à en gruger une partie, an après an, quitte à l'anéantir. Et c'est ce qui nous vient à l'esprit lorsque l'on découvre tout cet univers que Pete Farn dessine adroitement à coups d'échantillonnages sonores d'une faune organique et de synthés qui mettent du bleu et du vert sur du noir et du rouge.

Sylvain Lupari (12/04/13) *****

Disponible au SynGate Luna Bandcamp

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