“Phil Wilkerson est un maître dans l'art de dessiner des formes de musique ambiante et Sojourner le montre amplement”
1 Epiphany 12:12
2 Sanctuary 6:09
3 Sunlit Drift 5:06
4 Gates of Mercy 15:56
5 An Endless Light 9:45
6 The Awaiting Presence 22:16
(CD-r/DDL 71:44)
(Ambient soundscapes EM)
On ne peut pas voyager dans plus ambiant que SOJOURNER! Pour son dernier album, Phil Wilkerson a voulu entraîner un auditeur captif, par d'enveloppantes nappes de synthé morphiques, dans un intense voyage introspectif dessiné par des paysages sonores immersifs qui se nourrissent de notre ambiguïté à les définir. Un intense voyage méditatif qui offre les tous les versants d'un univers de méditation où les tourments profanent les désirs de tranquillité sur de longues structures, de profonds espaces ambiants que le musicien américain module en apportant de significatives nuances à chaque titre afin de maintenir un intérêt toujours captif.
Une onde à la tonalité grave ouvre les douceurs contemplatives de Epiphany. Ici, comme partout dans l'album, le rythme s'absente pour laisser la vie sonique rayonner de ses strates rêveuses dont les lentes sinuosités bercent nos songes endormis. Ceux qui connaissent la douceur océanique de M'Oceans, par Michael Stearns, seront familiers avec les lents mouvements des couches de synthé qui flottent entre deux espaces irradiant de leurs translucides brises océaniques. On dérive entre des vagues soniques ou des espaces cosmiques que le sentiment de vide nous submerge avec une implacable réalité. Et l'effet est encore plus saisissant avec des écouteurs. Mais comment décrire la musique ambiante? C'est un peu comme décrire une toile blanche bariolée de fines lignes à courbes et formes contiguës mais dont l'attrait reste magnétique ou obsédant. Sanctuary et Sunlit Drift sont deux courts titres qui offrent une approche plus cathédralesque avec des lignes de synthé amorphes qui planent comme des clairons séraphiques. Le ton est plus lumineux. Gates of Mercy offre une approche plus ambiosphérique très près des songes interstellaires de Steve Roach. Les fins mouvements de synthé dessinent de lentes harmonies dont les souffles irisés glissent comme les chants des sirènes astrales. Le synthésiste et sculpteur d'ambiances introspectives architecture sa musique avec une lente et subtile gradation émotive qui suit la courbe des oblongs mouvements aux profondeurs sibyllines. À ce niveau le ténébreux An Endless Light est plus qu'efficace et caresse même les portes d'un ambiant sombre. Quoique Phillip Wilkerson veuille éviter une possible immersion dans les univers abscons de la musique d'ambiance sombre, il trébuche avec une étonnante grâce dans The Awaiting Presence. L'ouverture est étrangement musicale avec des brises matinales qui soufflent sur de délicats arpèges avançant furtivement sur un long tapis de souffles oniriques. Encore ici, on ne peut ignorer l'influence des structures électroniques mortes de Steve Roach avec ce fin mouvement de rythme sourd qui sculpte un fascinant pèlerinage introspectif. Et peu à peu les souffles des synthés opalescents enveloppent le silence des pas perdus avec une impressionnante kyrielle de souffles où voix absentes et brises spirituelles se fondent en une immense toile immersive, plongeant l'auditeur au plus profond de lui-même. Là où Phil Wilkerson visait.
Sylvain Lupari (27/08/13) ***½**
Disponible au Phillip Wilkerson Bandcamp
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