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  • Writer's pictureSylvain Lupari

POLYPORES: Hyperincandescent (2022) (FR)

Un autre coup de génie issu de l'habilité d'un artiste à exploiter les nombreuses capacités des synthés et séquenceurs modulaires

1 Hyperincandescent 21:58

2 Floating in the Meme Pool 21:54

(CD/DDL/ 180gr Vinyl 43:52)

(Exp. Modular Synth Music)

Un mélange de fritures et de gribouillis sonores allume le fascinant chant d'un rossignol synthétisé en ouverture de la pièce-titre de ce nouveau cd du label Anglais DiN. Déjà, il faut aiguiser nos oreilles. Enroulé en de multiples boucles séquencées, ce chant magnétisant est encerclé par une faune de tonalités des plus invraisemblables toutes peinturées de couleurs pastel. Les 5 premières minutes du titre sont ainsi harmonieusement barbouillées par un amas de taches sonores qui reflètent plutôt bien la photo couverture de la pochette de cette fascinante mosaïque sonore de Stephen James Buckley qui se plaît à déjouer nos oreilles sous le nom de Polypores. Une première mutation dans HYPERINCANDESCENT s'opère autour la 5ième minute lorsqu'une texture de Lounge se balance entre nos oreilles avant de culbuter vers une courte phase d'effets sonores appartenant à une tribu d'une autre galaxie et de poursuivre son cheminement vers une texture d'ambiances éthérées. Comme quoi les extrêmes cohabitent à merveille ici! Cette affirmation sera encore plus difficile à expliquer avec Floating in the Meme Pool. Mais en attendant, une belle ligne de flûte orne ce passage méditatif et rejoint cet étrange rythme conçu sur divers battements aléatoires qui anime les ambiances après la 10ième minute. Son chant joyeux donne une allure de fête psychédélique pour les habitants d'un village dessiné à l'encre du LSD. Une courte période illusoire avant qu'une gorge remplie de drones bourdonnants emplisse nos oreilles pour les 4 prochaines minutes de cette 3ième transformation de Hyperincandescent. Une texture séraphique aussi séduisante que la première envahit alors nos oreilles quelques secondes après la 16ième minute. Cette dernière phase offre des arpèges glissant sur une eau ruisselante où un enfant-centaure gratifie les ambiances d'un autre très beau chant d'une flûte enchanteresse. Des décorations sonores, genre serpentins et graffitis pour fête d'enfants sans rires ornent cet instant qui dégage aussi un léger soupçon spectral avec ce chant roulant en boucles magnétisantes que quelques accords percussifs structurent en un balancier sur une horloge fictive. Une série de basse-pulsations actionne un levier rythmique aussi entraînant qu'envoutant sur cette belle phase méditative qui respire par un New-Age plaquée dans l'univers du Psybient.

Il y a des choses qui ne s'inventent pas? Il faudrait en glisser un mot à Ian Boddy qui guide les destinées de DiN pour amener son label vers des frontières que même le USS Enterprise NCC-1701 n'a cru bon explorer. Si vous suivez les activités de ce label qui ne cesse de réinventer, de transcender l'art de la MÉ, Polypores ne vous est pas tout à fait inconnu puisque le talentueux musicien Anglais a offert un titre, Clocks, Unravelling, sur le Tone Science Module No.5 Integers and Quotients l'an dernier. Et HYPERINCANDESCENT semble sortir des visions de ce titre avec 2 longues structures exploratoires qui s'amusent à prendre des tangentes imprévisibles où le terme psychédélique se réinvente en chaos sonore contemporain et dont les termes gazouillis et expérimentations deviennent de lointains ancêtres. Anti-musical? Hum…Il faut en découvrir, en entendre plus puisque si la pièce-titre s'apprivoise après quelques essais, il en est tout autre avec le très audacieux Floating in the Meme Pool qui débute par le sentier entrepris par la finale de Hyperincandescent. Une gargantuesque nappe d'orgue étend son manteau de prisme résonnant qui coule par à-coups afin d'y accueillir un essaim de pulsations tissées tellement serrées que le rythme implose dans un tissu aussi étouffant qu'une névrose spastique. Intense, sans rythme et rempli de vaguelettes stériles qui ondulent en suivant le gracieux mouvement d'un maestro légèrement ivre, cette ouverture respire de ses contradictions sur une distance de plus ou moins 5 minutes. Un xylophone en folie sonne la charge de façon abrupte une 15zaine de secondes plus tard. Son mouvement débridé est aussi frénétique qu'une danse de cannibales sur le point de souper. Une ligne de basse-pulsations s'y colle, ajoutant au débit une fluidité qui s'enrobe d'une danse de carillons dont les tintements rencontrent une laconique chorégraphie de bouchons de liège se lovant dans un étroit écrin de caoutchouc. Si vous trouvez ces termes étranges et démesurés, ils sont à la grandeur de ce tissu de sons et de séquences qui forge un bouillant rythme pulsatoire qu'un sitar enveloppe de ses caresses astrales quelques 4 minutes plus loin. C'est ainsi que Floating in the Meme Pool emprunte une phase de méditation remplie de patchoulis qui se remplit peu à peu de torsades, de gazouillis et de boucles synthétisés dans un style qui transcende les territoires du Psybient. Le rythme pulsatoire réapparait encore plus vivement quelques secondes avant d'arriver à la 15ième minute. D'abord vives, les basse-séquences coulent avec une savoureuse difficulté qui en arrête quasiment le débit dans une course où le tube élastique regorge de coudes et autres pièges pour ralentir la hargne éphémère du mouvement qui perd sa vie dans une poche de statisme une 15zaine de secondes avant la 18ième minute. C'est le point d'entrée pour une finale atmosphérique guidée par une nappe de synthé plus musicale qui coule vers une oisive tranquillité en nous rappelant que tout ce qui fait du tapage fini par devenir source de silence.

Plus qu'une aventure musicale pour oreilles avides de nouveaux espaces sonores, comme musicales, HYPERINCANDESCENT est un autre coup de génie issu de l'habilité des artistes à exploiter les nombreuses capacités des synthés et séquenceurs modulaires. Polypores ne fait pas de quartier en offrant un album à la démesure de cet art qui est autant capable d'étonner que de séduire en rapiéçant des textures dont les coupures abruptes finissent par se souder en une fascinante musicalité.

Sylvain Lupari (19/05/22) ****¼*

Disponible chez DiN Records

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