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  • Writer's pictureSylvain Lupari

ROBERT SCHROEDER: Paradise (83-14) (FR)

“Paradise est un splendide opus qui montre la grande polyvalence de Robert Schroeder, tant au niveau de la musique que des structures de rythmes et des sonorités”

1 In Memory of Paradise 8:05 2 Moments 5:04 3 Deep Dream 5:00 4 Balance 0:57 5 Future Memories 3:35 6 Skywalker 5:03 7 Time Machine 8:58 8 Timeless 7:17 9 SkyWalker (version 1990) 10:48 10 Paradise Epilogue 7:17 IC KS 80.029 Spheric Music SMCD-2030

(CD 61:35)

(New Berlin School)

Voilà une sortie qui a créé tout un enthousiasme dans le cercle de la MÉ. Plus de 40 ans après sa sortie initiale et après un puissant sound-lift en 2009 sur son propre label, News-Music, Robert Schroeder passe un nouveau coup de brosse à son PARADISE. Autant le dire d'emblée, il n'y a pas beaucoup de différences entre la version de 2009 et celle-ci. J'entends une sonorisation plus nuancée, un son plus riche. Il y a aussi un intéressant titre de plus et cette nouvelle version de Spheric Music est disponible en format CD manufacturé. La version de 2009 présentait une modernisation et une amplification du son sur un format CD-r très professionnel, une nouvelle mode afin de diminuer les coûts de production. PARADISE 2014 ne fait pas peau neuve. En ce sens que Robert Schroeder ne remixe pas les bandes originales. Il les revoit et les révise avec les technologies d'aujourd’hui afin de garder intact toute la profondeur ambiosphérique de cette œuvre phare de la New Berlin School. Donc ne vous attendez pas à des nappes de synthé et des gazouillis électroniques supplémentaires. De ce côté, Schroeder opte pour le respect de son œuvre plutôt que de la canarder avec toutes sortes de nuances soniques. Ce qui est très bien car PARADISE n'a pas besoin de retouches ni d'artifices pour séduire et nous faire entendre combien l'œuvre est excellente. Je vous inviterais à lire la chronique que j'ai écrite à son sujet en Juin 2010 qui est tout de suite après cette introduction. Mais je peux vous parler de Paradise Epilogue et de son intro ambiosonique où scintillent mille prismes soniques. Des accords séquencés minimalistes tracent un rythme sobre mais entraînant comme une danse de penseurs qui est supporté par des percussions tout autant modérées et enveloppé par des larmes de synthé aux couleurs de bruine. Les ambiances sont aussi mélancoliques que sur les autres titres qui forgeait la face A. Des chœurs errants sur des harmonies soumises plongent les ambiances de Paradise Epilogue dans un sombre motif patibulaire alors que les synthés, et leurs habits de Vangelis, tracent des solos rêveurs et des paysages cosmiques qui caressent un rythme dont la danse des séquences et les frappes de percussions de la deuxième portion animent d'un rythme biphasé. Trop bon, j'en veux d'autres!

La partie concept débute avec l'étonnant In Memory of Paradise pour se conclure avec Future Memories. C'est avec le mot, difficilement déchiffrable, Paradise que débute son introduction. Le mot circule en boucle, dans un audacieux collage pour l'époque, reproduisant un effet d'essoufflement sur des couches et riffs en série d'un synthé qui se démarque dans une autre faune sonore aux tonalités analogues uniques au répertoire du musicien d'Aachen. La structure de rythme est nouée autour de ces riffs qui forgent une cadence ascendante avec le jet d'un séquenceur aux résonances légèrement métallique et d'autres riffs dont les accords tâtonnent comme des pas de chats. La juxtaposition de ses accords à la tonalité du séquenceur résulte en une délicate mélodie qui suit une tangente à la fois innocente et dramatique avec des élans de synthé plus graves, alors qu'une guitare acoustique orne le tempo de ses notes fragilisées. In Memory of Paradise poursuit son évolution minimalisme à travers les bruits d'une autoroute légèrement achalandée. Même si le tempo ne se ressemble pas vraiment, il est difficile d'éviter toute comparaison avec l'hypnotique approche de la pièce Autobahn de Kraftwerk, mais avec une approche plus éthérée, plus poétique. Subtilement nous arrivons à Moments et sa suave guitare acoustique qui attache ses notes à des accords de verre et aux délicats solos d'un synthé perçant. Des solos qui abondent et cernent Moments de beaux élans torsadés alors que le tempo accroît sa vitesse par des riffs plus saccadés. Ces riffs s'arriment aux tintements de verres tandis que la musique est inondée d'une fiévreuse approche de brumes de Mellotron et de solos de synthé acrobatiques qui enveloppent ce rythme hypnotique dont le pas sautillant séduit depuis les premiers battements de In Memory of Paradise. Deep Dream tempère les émotions avec une rythmique aussi hésitante qui sert de fondation depuis l'ouverture de PARADISE. Le tempo est largement chancelant et zigzague dans une faune sonore aux tonalités métalliques ou de tendres couches de synthé endorment un mouvement agrippé de notes d'une guitare acoustique errante et aussi éphémère que dans Balance, avant que Future Memories redirige le rythme vers sa forme minimaliste introductive et ces les mots qui se répètent en boucles de son intro.

Une onde de synthé vacillante ouvre la porte au tempo fluide et soutenu de SkyWalker. Les percussions et séquences répétitives martèlent un rythme souple, minimaliste et accrocheur qui est cerné de sèches nappes de synthé dont l'effet de riffs se mélange habilement aux légères oscillations résonnantes limitrophes à une étonnante guitare électronique. Très synth-pop, SkyWalker est le premier succès commercial de Schroeder et sonne comme une trame sonore de films d'action du genre Beverly Hills Cop ou Miami Vice. Time Machine nous replonge dans les rythmes suaves et lents de la face A. Le tempo minimaliste est doux et hypnotique. Un tempo pulse et va en croissant légèrement le pas sous le poids des séquences lourdes et résonnantes alors que le synthé libère de brefs accords avant de façonner des solos ondulants, chantant comme des solos de guitare, sous une fine brume métallique. Avec ses couches de synthé plaintives et caramélisées dans du métal, Timeless trempe dans un étrange univers où le temps semble figé. De fins accords de guitares acoustiques errent dans les couloirs aux chants de sirènes aigries et dont les ululements flottent comme des menaces froides dans un bois érodé et dévasté par pluies et vents. Un titre sombre et métallique, Timeless est assez représentatif du personnage très particulier qu'est Robert Schroeder. Cette nouvelle édition de PARADISE offre un titre en prime et c'est un SkyWalker revampé par de furieux riffs et solos de guitares qui en fait la conclusion. Plus sauvage, plus musicale et tout autant rythmé cette version qui exploite un peu plus l'approche Berlin School que le synth-pop. Quoique la ligne reste très mince entre les deux. J'aime bien! En fait, j'aime mieux!

PARADISE démontre encore la grande versatilité de Robert Schroeder, tant au niveau des styles que de la maîtrise des équipements qu'il conçoit. Ses synthés et claviers laissent entendre un mélange de sonorités très éclectiques avec une étrange passion pour les guitares dont la fusion avec celles de Guenther Beckers est plus qu'étonnante. C'est une belle incursion dans un univers musical ambivalent où les émotions naviguent sur le dos de rythmes toujours aussi alambiqués et d'ambiances aussi mielleuses qu'envoûtantes. En ce qui me concerne, c'est un album aussi beau qu'Harmonic Ascendant et presqu'aussi parfait que Galaxie Cygnus-A.

Sylvain Lupari (06/06/10) *****

Disponible chez Spheric et CD Baby

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