Sylvain Lupari
Roger Universe Earth Express (2022) (FR)
Updated: Oct 19, 2022
“N'est pas Jarre qui veut l'imiter ou lui rendre hommage, mais c'est un bon opus du rock cosmique français”

1 Arrival 1:31
2 Awakening 3:37
3 Electrogravity 5:55
4 Far Away 9:23
5 Mariana Trench 7:59
6 Under Ground Over Unity 5:36
7 Sacrifice 5:44
8 Infinite Potential 8:38
9 Memories of Past Futures 6:46
10 Epilogue: Far In 7:02
(CD/DDL 62:15)
(French Cosmic Rock)
Lorsqu'on fait la promotion d'un album en spécifiant qu'il sonne comme du Jean-Michel Jarre du temps de Oxygène et Équinoxe, ça attire inévitablement les curieux comme les fans de la glorieuse époque du musicien français. C'est de cette façon que les penseurs du label Allemand Spheric Music font la promotion de EARTH EXPRESS, un nouvel album d'un musicien au nom étrangement prédestiné pour le genre, Roger Universe. Maintenant, est-ce vrai que ça sonne tel que présenter? Oui! Les 62 minutes de cet album sonne littéralement comme du Jarre. Un Jarre effectivement qui revient dans le passé en retravaillant ses premiers albums de façon à leur donner une texture musicale et sonore qui défiera le temps. Parce que ce EARTH EXPRESS possède toute une texture sonore! Ulrich Mühl est l'homme derrière Roger Universe. Journaliste et rédacteur dans le domaine du jeu vidéo, il a commencé à tâtonner la musique électronique (MÉ) dans les années 80 sur les ordinateurs C64 et Amiga. Il a abandonné cette option afin de se consacrer à des enregistrements vocaux pour les jeux vidéo. Il a recommencé à faire de la MÉ au milieu des années 2010. Il a composé plusieurs titres, tous inspirés par JM Jarre, avant de décéder en janvier 2022. Avant son décès, il a demandé à Gerald Arend, de Klangwelt, son ami de longue date, de finaliser le montage et de mixer EARTH EXPRESS pour le présenter au public.
Arrival nous fait découvrir d'emblée toute la magnificence musicale de cet unique album de Ulrich Mühl. Le son est riche et les diverses sources s'entremêlent dans une intense vision dramatique. L'offrande débute avec un long bourdonnement qui voyage sinueusement entre des séries d'accords de clavier qui tombent en saccade. Ces accords possèdent déjà cette tonalité harmonique des premiers albums du célèbre musicien français. Des vents cosmiques, des basses pulsations éparses et une nappe de basse complètent ce décor cosmique où l'intensité des arrangements est aussi dense que la multiplication des couches de sons. Nos oreilles trempent dans un univers qui transcende ceux de Oxygène et Équinoxe. Vents cosmiques, arpèges scintillant comme des étoiles, mélodies évasives, arrangements lunaires, sourds élans de basse, rythmes électroniques interrompus par des phases atmosphériques, et j'en passe sont autant d'éléments et/ou de textures musicales qui ornent chaque composition de cet album. Parfois, nous retrouvons tous ces éléments à l'intérieur d'un seul titre, témoignant du travail de moine que Gerald Arend a effectué afin de rendre cet album le plus immortel possible. C'est comme si Jarre décidait de remixer ses albums en y injectant de massives couches de musique tout autour. Chaque titre est imbriqué un à l'autre, créant une mosaïque de 62 minutes d'une MÉ cosmique sans interruption. Awakening porte l'essence, la signification de son titre avec une structure qui hésite à éclore dans un contexte atmosphérique bousculé par des accords de clavier. Les différentes teintes des arpèges organisent un combat mélodieux, genre stop'n'go, qui cherche à explorer une vision rythmique qui débloquera avec le dynamique Electrogravity. S'il y a un single, un succès commercial à soutirer de EARTH EXPRESS, c’est bien ce Electrogravity. Un titre énergique, un rock électronique construit sur l'épicentre de Oxygène 4 avec un dynamisme qui flirte avec Rendez-vous 4. Far Away est une longue pause atmosphérique construite sur un mouvement de rythme qui oscille en suspension. Des nappes de voix cosmiques, des arpèges scintillants et des élans pulsatoires d'une nappe de basse composent son décor cosmique que Gerald Arend ne cesse d'enrichir avec cette constante idée que la musique peut exploser à tout moment. Par la suite, Mariana Trench nous rappelle comment Jarre aimait terminer ses albums avec un genre de Rumba cosmique. Une belle ballade lunaire!
Mélangeant phases de rythmes funks et phases atmosphériques et mélodieuses, guidées par des solos de synthé très musicaux, Under Ground Over Unity nous plonge plutôt dans le genre de En Attendant Cousteau, la portion rythme des îles caraïbéennes. Sacrifice propose une phase atmosphérique cosmique avec de latentes élans de rythme qui meurent sur place. Les premiers instants de Infinite Potential restent dans cette texture atmosphérique cosmique avec des couches d'arpè