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  • Writer's pictureSylvain Lupari

SEIFERT & STEINBÜCHEL: Missions (2021) (FR)

Un très bel album où le New Berlin School rayonne comme jamais

1 SKYLAB Mission 15:52

2 MERCURY Mission 9:38

3 APOLLO Mission 9:33

4 ISS Mission 10:29

5 COLUMBIA Mission 11:54

6 CHALLENGER Mission 17:24

(DDL 74:52) (V.F.)

(New Berlin School, Orchestral Cosmic)

Le Cosmos! Les excursions dans l'espace, les alunages et les fameux échanges entre les astronautes et le personnel de la NASA font partis du folklore de la MÉ. Et c'est encore plus vrai pour ceux qui ont poursuivi le défrichage du genre après Tangerine Dream, Klaus Schulze et autres maîtres des univers tissés dans l'analogue. Il y a 50 ans cette année, les premiers hommes marchèrent sur la Lune avec la mission Apollo 11. L'événement a engendré son lot de CD et téléchargements dédiés à cette aventure dans le milieu de la MÉ. Erik Seifert et Josef Steinbüchel ont fait les choses différemment. Leur nouvel album MISSIONS est un album concept ayant pour thème les missions de la NASA. Pour donner plus de profondeur et d'authenticité, le duo a ajouté les échanges originaux entre les astronautes et les ingénieurs de la NASA sur chacun des titres de MISSIONS. Ce faisant, chaque titre nourrit notre intérêt avec une vision cosmique qui nous plonge au cœur de l'action. Les deux musiciens ont cet art de remplir le vide avec justesse. On sent cette solitude qui pèse sur les astronautes dans ces navettes spatiales, alors que les craquements et les bruits à l'intérieur des navettes sont autant attrayant qu'effrayant. La beauté du Cosmos se vit avec la peur et ça, le duo Seifert & Steinbüchel le fait entendre à merveille. Et dites-vous bien que vous ne serez jamais aussi près de l'espace, de la NASA et de ses aires de lancement qu'avec ce dernier album d'Erik Seifert et Josef Steinbüchel

L'ouverture de SKYLAB Mission est la plus percutante à ce niveau. Les effets sonores et les dialogues s'étendent sur plus de 5 minutes pour disparaitre peu à peu dans des orchestrations lunaires qui ne sont pas sans nous rappeler les valses symphoniques de Software dans leurs premiers albums à saveur cosmique. Ces élans orchestraux dépassent le seuil des 7 minutes où on peut entendre une ligne d'arpèges séquencés sautiller dans un pattern circulaire. D'autres éléments sonores de même acabit se mélangent dans ce décor lorsqu'arrive une franche ligne de rythme autour de la 8ième minute. Papillonnant sur une phase stationnaire, ce rythme électronique attire de bons effets percussifs qui remplissent un décor qui se tourne de plus en plus vers un mélange de rock et de techno électronique nimbé de très bons solos de synthé aussi inspiré qu'inspirant. Dans un gros 7 minute d'un rythme électronique qui nous entraîne dans le milieu des années 80, SKYLAB Mission a aussi besoin de ses 2 dernières minutes pour explorer à nouveau ce côté orchestral- atmosphérique avec ces vents cosmiques qui nous font dériver vers MERCURY Mission. Le titre repose aussi sur une longue introduction de 5 minutes remplies d'orchestrations évasives, de nappes de voix, d'effets sonores cinématographies et de dialogues. Le mouvement du séquenceur est circulaire avec une tonalité très Tangerine Dream, les voix chtoniennes aidant, dans un environnement cosmique. Un synthé soulève ses larmes aiguisées, donnant une apparence céleste à cette rotation du séquenceur. MERCURY Mission se sert des nappes de voix séraphiques pour insérer le discours de la mission Mercury. APOLLO Mission est dédié à la mission Apollo 13. Son ouverture met en scène ces lourdes périodes de silence, qui fait entendre les cloisons bouger, et de solitude qui entourent les astronautes. Et puis, l'explosion! On connait tous l'histoire d’Apollo 13 et de la tension qui s'en dégageait lors du film relatant son histoire. On sent cette tension dans cette ouverture où le temps semblent s'écouler plus vite que sur Terre. Cette tension, le duo Seifert & Steinbüchel la transforme en un style Électronica et up-tempo qui me fait penser à du Moonbooter, sinon aux premiers albums de Stefan Erbe. Un excellent titre avec une belle évolution rythmique, grâce à une superbe utilisation des percussions et des éléments percussifs.

L'ouverture de ISS Mission respecte les orientations de Seifert & Steinbüchel dans un échange entre les cosmonautes et la NASA. Le rythme qui en éclot autour de la 4ième minute est un mid-tempo ornée d'une splendide mélodie lunaire dont chaque note perlée qui tombe éveille peu à peu une corde de sensibilité. Mais il est trop tard, le ver-d'oreille s'y fit pour y vivre dans le nid de mon tympan. Très beau titre où même les dialogues sont au diapason de la musique! On glisse lentement vers la COLUMBIA Mission qui n'a besoin que de 3 minutes avant de nous servir un autre rythme sec, bien arrimé par de solides percussions et une ligne de basse aux échos multiples. Un rythme très près de celui de Pyramid Peak dans l'album Anatomy et qui a tous ingrédients pour me visser à mes écouteurs. Ce Funk cosmique s'éloigne de l'aspect dramatique de cette mission pour se recentrer sur la mission STS-55 et l'aide de l'Allemagne. Le rythme est donc joyeux avec de belles nappes chloroformiques et des effets cosmiques des années Jean-Michel Jarre mais avec plus de nuances et plus de détails. Et si son ouverture était brève, la finale nous vole du temps de rythme avec 2 minutes d'échanges verbaux sous les caresses de beaux arrangements électroniques. Nous voilà à CHALLENGER Mission, le plus long titre de ce MISSIONS. Des bipbip et des échantillonnages de communications entre la NASA et les astronautes ont cours sous une ligne de synthé dont le parfum apocalyptique inonde les ambiances qui deviennent imbibées de morosité. Mais le titre ne fait pas référence au tragique accident, il désigne plutôt le German Spacelab mission STS-61-A. Et c'est avec une structure de rythme stationnaire, gisant sur un lit trépidant de séquences et percussions, que CHALLENGER Mission termine cette dernière mission rythmique sur MISSIONS. C'est robotique, hypnotique et minimaliste. Et c'est aussi propice pour faire dérouler ces fragiles cerceaux stroboscopiques alors que le synthé multiplie son langage comme ses arrangements flottants sur une structure teutonique. C'est aussi très court comme option rythmique alors que le rythme dure à peine 5 minutes avant que de très belles harmonies lunaires et flottantes se distancent d'une phase de bourdonnements et de grésillements. Si je ne vous l'avais pas dit au début, il faut prendre le temps de bien saisir le phénomène sonore de cet album, et la finale de CHALLENGER Mission démontre les qualités intrinsèques de ces deux concepteurs sonores et musiciens qui nous font entendre et voir de nos oreilles les dimensions de ces vols, l'incertitude, les tensions et la solitude comme étant les témoins de ce qu'il y a de plus beau dans l'univers.

Un très bel album où le New Berlin School rayonne comme jamais, MISSIONS est l'album qui offre la plus juste perspective des vols spatiaux. Il y a de très bons passages dans cet album où plus d'une fois, on sent la terreur passagère, comme la solitude et la claustrophobie lorsque la carlingue craque ou encore de trop longs moments de silence. Les rythmes, les ambiances et surtout les mélodies sont là pour calibrer nos émotions. Et oui, il y a beaucoup de dialogue et d'effets sonores mais en aucun moment ils interfèrent avec la musique. Non, tout est bien pensé dans ce MISSIONS. Offert uniquement en téléchargement, Seifert & Steinbüchel n'ont pas abandonné l'idée d'un pressage CD manufacturé.

Sylvain Lupari (05/09/21) *****

Disponible chez Pleasure Sound Music

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