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  • Writer's pictureSylvain Lupari

Skoulaman & Ron Boots Hot August Afternoon (2022) (FR)

Pour un concert improvisé c'est magique! De la magie pure et simple!

1 Unexpected Two 12:57

2 Exit A33 12:16

3 Hot detuned 11:55

4 Dry Fields 14:40

5 In the Barn 16:59

(CD/DDL 68:49)

(Berlin & Netherlands Schools)

Ron Boots et Hans van Kroonenburg, Skoulaman, eurent à combler à pied levé l'absence de Detlev Keller lors du tout récent festival Electronic Circus qui se tenait à Borgholzhausen, une petite ville située dans le comté de Detmold en Allemagne. C'était au mois d'aout dernier et il faisait une chaleur suffocante, d'où le titre, lors de cette prestation qui se tenait dans une grange. À pied levé égal improvisation! Bien que Ron eût une base sur quoi débuter le concert, le modèle improvisation est à la base de cet enregistrement. Le principe engendre de lentes introductions, autant que de longues finales qui construisent ces ponts, ces passages atmosphériques entre deux titres. Et les deux extrêmes encadrent des structures de rythmes ambiants et/ou entraînants qui sont évolutives. C'est exactement la teneur de ce HOT AUGUST AFTERNOON. Sans rien enlever à Skoulaman, dont j'adore la musique, la présence de Ron Boots est plus que rassurante dans ce genre d'évènement où il possède une vaste expérience. Le musicien Hollandais connait le tabac et sait comment monter une structure de rythme à partir de rien. Et c'est ainsi que ce déroule cet enregistrement où tout doucement le rythme impose sa présence avec des structures de rythmes ambiants qui convergent vers du solide Berlin School très entraînant. Les amateurs de Tangerine Dream, des années Baumann, seront ravis par les ambiances de cet album

Ainsi Unexpected Two débute lentement. Divers effets sonores; arpèges miroitant en suspension, brises de voix chtoniennes, poussées de vents et de grondements atmosphériques, et autres éléments appartenant au modèle Dark psybient ornent son ouverture. Une onde de flûte se dépose, ajoutant un élément féérique à cette introduction modulée par deux idées en attente de complicité. Les mugissements des bourrasques artificiels conservent leurs emprises gothiques, alors que le séquenceur sculpte tranquillement une ligne de rythme avec des arpèges dont la marche hésitante reste en symbiose avec la lente ouverture de Unexpected Two. Si ce n'est pas accrocheur pour les pieds, c'est alléchant pour les oreilles! Surtout lorsque les synthés se mettent à rugir de leurs plus belles tonalités électroniques. Le rythme ambiant épouse une marche processionnelle sous ces souffles de synthé, où traine encore un air de flûte, jusqu'à la porte des 8 minutes. Là où un mouvement pulsatoire fomentait quelques secondes auparavant. Ce mouvement accentue la cadence sous des harmonies de trompettes célestes si chères aux tonalités du Dream dans sa tournée nord-américaine de 77. Des riffs de brume ajoutent encore plus de profondeur à ces souvenirs d'une autre époque, alors que le rythme reste pulsatoire statique et se débat sous une immense membrane de tonalités électroniques avec ces synthés qui imposent leurs effets et leurs solos sous formes d'harmonies sous un ciel devenu quasiment cacophonique. Cette richesse des synthés est le point d'ancrage de cet album et entoure les lignes de rythmes qui s'entrecroisent et/ou se juxtaposent dans le rythme stationnaire, élément de plaisir plus pour les neurones que les pieds, dans Exit A33. Les parfums du Dream sont d'ailleurs toujours présent sur cette structure de rythme où une ligne de basse-séquences ondulent avec une bonne vitesse, construisant le principal lien rythmique, alors que des oscillations, certaines organiques, et des éléments percussifs, majoritairement des cliquetis, virevoltent en tous sens, décrivant un rythme qui bouillonne en ayant toujours l'idée de devenir hors-contrôle. Le duo garde cette option pour plus tard dans HOT AUGUST AFTERNOON. Effectivement, plus on avance dans cette captation du concert et plus les structures de rythme évoluent avec plus de dynamisme. C'en est ainsi dans le rythme sautillant, comme lorsqu'on met les pieds sur un plancher frigorifier, de Hot detuned. Le synthé modulaire de Skoulaman s'est désaccordé sur ce titre et Hans a été incapable de le raccorder, d'où le titre. Mais peu importe, le rythme, aussi sournois que les pas d'un loup observant sa proie, fait tinter ses arpèges séquencés et suit sa croisière minimaliste dans ce décor séraphique qui est rempli entre autres par des lignes de synthé aux solos élancés et torsadés, de brume gothique, de voix sibyllines et de souffles d'une flûte éthérée.

Si les 3 premiers titres s'enchaînent, les 2 derniers font pareil. Un peu comme si c'était un rappel. Dry Fields est un excellent Berlin School qui débute avec une expression bourdonnante. Des nappes de synthé et des arpèges luisant enveloppent son ouverture qui se nappe aussi de nappes qui glissent sur une glace de brume. Ces nappes ondoient avec leurs voiles et leurs textures de voix sibyllines ainsi que leurs reflets bourdonnants sur une distance de 5 minutes. Les premiers battements résonnent comme s'ils étaient frappés sur une peau élastique. D'un rythme passif, genre tribal électronique, le mouvement accélère la cadence sous une pluie d’effets torsadés des synthés. Ces effets deviennent de bons solos alors que des éléments percussifs, pour la plupart des cliquetis, se greffent à ce rythme qui chevrote, chambranle et qui est devenu entraînant sans crier gare. Les synthés ont été dominants tout au long de HOT AUGUST AFTERNOON, ils atteignent une forme d'apothéose sur les 2 derniers titres avec une masse de brume gothique où virevoltent une pluie de solos et des pads d'harmonies, sur Dry Fields, qui rappellent plutôt la période de Johannes Schmoelling avec le Dream. Tranquillement, sous des lamentations des synthés et des scintillements célestes, le titre glisse vers In the Barn. Le passage entre les 2 titres se fait sous le signe de musique d'ambiances psychédéliques avec des lamentations acérées et autres effets qui procurent cette touche sibylline, voire gothique au style Berlin School des années 70. L'ossature rythmique émerge avant la 3ième minute avec un lourd mouvement résonnant du séquenceur qui trace de longs slaloms où les basse-séquences donnent l'impression de tituber. Un autre mouvement laisse partir une ligne de rythme plus limpide et circulaire. Les solos de synthé abondent toujours, alors que tranquillement la structure de rythme tournoie en empiétant sur la ligne de basse-séquences, donnant cette illusion de trébucher à peine pour se relever aussitôt. Magnétisant! J'ai écrit quelque part dans la chronique; Si ce n'est pas accrocheur pour les pieds, c'est alléchant pour les oreilles! C'est exactement le cas de In the Barn qui contrôle un très bon Berlin School qui zigzague avec une prose rythme tout à fait en symbiose avec la majestuosité des synthés qui lancent de très beaux solos dans un décor chtonien. L'intensité de la finale de ce titre, et du concert, vous donnera quelques frissons de plaisir…garanti!

Ron Boots et Skoulaman! Deux artistes de qui nous sommes en droit d'espérer le meilleur de la musique électronique (MÉ) de style Berlin School contemporain. Et à ce niveau, HOT AUGUST AFTERNOON est un petit joyau pour ceux qui affectionnent le style de Tangerine Dream des années 70. Je sais que Ron a tangenisé le réel verdict de cet enregistrement du dernier festival Electronic Circus, lui donnant ainsi cet impact surréaliste pour un album tissé de deux imaginations sous un signe d'improvisation. C'est la magie de la complicité et d'une invisible connexion entre 2 artistes qui ont déjà travaillé ensemble. De la magie, pure et simple!

Sylvain Lupari (20/11/22) ****¼*

Disponible chez Groove nl

(NB : Les textes en bleu sont des liens sur lesquels vous pouvez cliquer)

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