“Couches de synthé vintage, séquences de Kraftwerk, boucles de guitare hypnotiques, ambiances psychédéliques. Ça et un joint… on est au paradis”
1 The Bleep Maskerade 11:47
2 Shift of Perspective 12:29
3 Dark Meadows 17:10
(DDL 41:26)
(Ambient, Berlin School)
Lorsqu'il y a seulement 10 ventes sur le site Bandcamp de cet album, je me pose de sérieuses questions. Possible qu'il y en ait eu qui ne voulait pas que le nom apparaisse. Mais peu importe, le volume des ventes n'est juste pas aux rendez-vous pour une musique de si grande qualité. Est-ce un problème de marketing? Ou que tout simplement que les amateurs se perdent dans le style Krautrock et Musique Électronique des années vintages? Des années Ashra Temple et des petites boucles irisées des riffs de Manuel Göttsching? Parce que THE END OF TIME en est imprégné avec une vision Berlin School planante. Un artiste à découvrir autant dans ce style de Son of Ohm que dans celui de Astral Sun, où effectivement il fait dans le Krautrock planant, Leonardo (Soundweaver) Wijma, propose un son vintage qui n'est jamais à bout d'idées.
Imaginé être confortablement assis, un livre entre les mains ou tout simplement seul à rêver. À faire des projections sur votre futur ou tout simplement flâner entre les ficelles du temps et entendre ces doux pépiement d'oiseaux électroniques roucouler sur une séquences ascendante à la Kraftwerk. Vous avez l'essentiel de The Bleep Maskerade. Ce mouvement minimaliste aime introduire une cavité creuse où le rythme boitille légèrement avant de redevenir comme avant. Il progresse au neutre en se laissant envahir par de longs beep-beep astraux, des nappes oisives et des réverbérations sourdes dont le mouvement saccadé aide le rythme à ajouter des ions afin d'augmenter sa vélocité. À mi-chemin, les ambiances du rythme deviennent plus massives avec l'ajout de filaments de synthé dont la pointe lumineuse sculpte des graffitis rutilants. Et toujours, le rythme suit la parade des ambiances en pénétrant dans une phase organique un peu avant la huitième minute. The Bleep Maskerade évolue dès lors sur un rythme sautillant dans des ambiances glauques, pour ne pas dire effroyables. Les aspects cosmiques sont toujours présents alors que le ronronnement discret d'une machinerie est remplacé par une ligne biologique qui n'a pas peur d'afficher la couleur de ses tonalités organiques. C'est dans ce contexte que The Bleep Maskerade pour se lancer dans les riffs en boucles de Shift of Perspective. Une seconde ligne de riffs injecte plus de dynamisme à cette structure où rythme et harmonie sont à la conjoncture de la complicité. À la croisée d'une vision spasmodique et/ou ambiante, ce rythme suit le design de sa tranchée linéaire à ciel ouvert sous un ciel maculé de beaux éléments comme d'éléments plus perturbants. Outre les différents éléments électronique-cosmiques, Leonarda forge des lignes qui fredonnent comme des gros bourdons avec des trous dans les ailes ou qui rugissent comme de défectueux klaxons d'automobile ou comme des vuvuzelas soufflés par un asthmatique ou encore, qui chantent comme des sirènes d'alerte au tsunami. C'est à l'approche de devenir trop prévisible que la mathématique rythmique de Shift of Perspective se dissout afin de proposer l'arrivée de Dark Meadows.
Ce long titre de 17 minutes s'annonce avec une suite d'accords mélodieux, de style New Age, donnant la vision d'une harpe jouée à l'orée d'une rivière. Les ambiances sont tissées dans des nappes de synthé au caractère sibyllin, jouant avec le sombre comme avec les nuances de la luminosité tout en étant chatouillé par des vents chantants. D'ailleurs ces vents sont les éléments les plus dominants de ce long titre cousu de la même façon, mais avec des couleurs et des tissus différents, finissant par offrir une belle ode à la sérénité. Ici aussi, avant de repérer une structure archi prévisible, Son of Ohm injecte un léger bruissement de rythme qui peu à peu réoriente Dark Meadows vers une ambiance de machinerie avec ce moteur sourd où s'attachent différents éléments industriels qui éveilleront en nous tout ce que Pink Floyd pouvait faire avec le synthétiseur EMS (Synthi AKS). Des éléments organiques, de même qu'une grosse mouche tsétsé, complètent ce décor industriel. Ça avec des herbes hallucinogènes…Et nous sommes au paradis.
Finalement, les ambiances de ce THE END OF TIME lui vont à ravir. Tout comme cette musique et sa décennie qui coule harmonieusement dans de bons écouteurs. Faites-vous plaisir et allez faire un tour du côté de la MÉ organique de Son of Ohm au https://www.sonofohm.com/
Sylvain Lupari (03/08/20) ***¾**
Disponible Son of Ohm Bandcamp
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