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  • Writer's pictureSylvain Lupari

STEVE ROACH: At the Edge of Everything (2013) (FR)

At the Edge of Everything est une odyssée musicale fascinante au cœur du mysticisme des visions aborigènes par Steve Roach

1 The Edge Opens 15:26 2 Serpents Rebirth 12:24 3 Hyperpassage 9:48 4 Cloudwatching with the Trancemaker 15:28 5 Crossroads of Three 5:43 6 Apparition Collabration 7:29 7 Refractions of Remembering 7:11 Timeroom Edition | TM29

(CD/DDL 73:35) (Tribal ambient EM)

Enregistré lors du célèbre festival E-Live au Pays-Bas en 2000, AT THE EDGE OF EVERYTHING nous propulse dans les furieux rythmes tribaux, statiques mais furieux, de la période transe clanique et shamanique de Steve Roach. Accompagné de Jeffrey Fayma au Frame Drum et de Vidna Obmana aux flutes et au Fujara, Steve Roach avait livré toute une performance de rythmes et d'ambiances claniques aux arômes hallucinogènes dont les témoins en parlent encore sur les réseaux sociaux quelque 14 ans plus tard.

Et dès les premières minutes de The Edge Opens nous sommes immergés dans ces rythmes et ambiances où des sorciers shamaniques s'emparent des enveloppes corporels de Roach, Fayma et Obmana. Ces ambiances sont noires, étoilées de bleus et traversées par des stries translucides qui crissent sous le poids d'un rythme statique. Une nuée de percussions tonnent, comme grondent, des tonnerres passifs alors que des crotales shamaniques appellent une étrange danse cataleptique où nos esprits magnétisés errent entre un monde industriel (j'entends des trains) et un univers totalement organique. Les percussions embrassent des tons de bois. Du bois qui s'entrechoque et tinte pour former un rythme inactif plus bruyant que bougeant. Des cris et des halètements forgent une ambiance païenne alors que tranquillement la structure de The Edge Opens étend son ombrage avec un décor ambiosonique intrigant où les bruits de toutes sortes émergent au-dessus des percussions chevrotantes qui grelottent autour d'autres plus sobres dont les coups cliquent avec la précision d'un métronome. Des souffles rauques et des hurlements de possession recouvrent ce rythme devenu aussi hyperactif que passif qui tranquillement se calme pour s'éteindre dans une immense toile ambiosphérique où les crotales excitent une lourde de ligne basse qui crache son venin plein de gargouillis sous les ondes d'un synthé teinté de noir. Mystérieux et envoûtant, The Edge Opens étend les grandes lignes de AT THE EDGE OF EVERYTHING avec des rythmes souples qui tonnent, roulent et tournoient comme des lassos lancés dans des ambiances truffées de bruits organiques, de croassements éthérés et de lignes de synthé remplis de poussières des déserts qui déchirent plus les approches méditatives qu'elles de les décorent de sérénité. Le duel entre les rythmes païens et ceux plus raffinés, entre les ambiances shamaniques et celles électroniques ajoutent une dimension éclectique qui fait tout le charme de ce dernier testament sonique de Roach. Chaque titre alterne entre ses ambiances et ses rythmes avec une fragilité qui enivre l'écoute.

Les premières minutes de Serpents Rebirth sont animées par des tambours dont les roulements se font par vagues répétitives. Les ambiances sont moins noires et moins agressives que sur The Edge Opens mais le rythme est plus alerte. Il finit par s'éteindre en deuxième partie, plongeant Serpents Rebirth dans une phase méditative où des vents sombres sillonnent une sérénité inquiétée par des ululements de spectres qui agitent leurs crotales dans un bouillon sonique imprégné de bruits composites qui sont très loin de faciliter une coite tranquillité d'esprit. Après cette vague ambiosonique, Hyperpassage rampe sournoisement sous les gargouillis du frame drum. Faut entendre le rythme s'élever comme les hélices d'un hélicoptère au-dessus d'une toundra sonique qui reste calme malgré les apparences d'une tempête. On entend comme les mille-pattes d'un iule mécanique rouler sur une structure de rythme qui se perd dans des vents poussiéreux et des ondes astrales plus enveloppantes pour revenir avec plus de force sous les chants de ces synthés qui sont très discrets dans cette jungle de rythmes aborigènes brillamment orchestrés par le tandem Roach/Fayna. Cloudwatching with the Trancemaker tangue aussi entre les ambiances et ces rythmes claniques aborigènes. On assiste à un duel de flûtes et de didge qui tisse un épais nuage de brume mystique et introduit un genre d'incantation chamanique dont les derniers murmures restent suspendus entre les ondes des synthés et les billes de crotales qui roulent dans une forme rythmique insaisissable qui flotte sous les caresses d'un synthé aux vents chauds, apaisants et enveloppants. Et les tam-tams de renaitre. Cette fois-ci le rythme est superbement plus soutenu que sur The Edge Opens avec un crescendo qui tonne et roule et dont l'amalgame brode une transe enchanteresse sous des chants de sorciers et une aurore boréale synthétisée par des ondes de synthés aux mouvements astraux. Sans aucun doute, c'est le point fort de AT THE EDGE OF EVERYTHING qui voit ses phases rythmiques battent avec une douceur hypnotisante dans Crossroads of Three et ses brises et murmures de sorcières qui effraient et s'éteignent dans les douces flûtes de Apparition Collabration qui chantent sous un ciel noirci d'ondes de synthés et de didge réverbérantes et se taire dans le plus astral et poétique des titres de cet album; Refractions of Remembering.

Avec ses rythmes et ses ambiances aux croisades dramatiques dont les habiles crescendos éveillent constamment l'écoute et embrasent la curiosité sonique, avec ce maillage de percussions aux tonalités si impressionnantes et aussi éclectiques qu'ésotériques sous un ciel sonique bardé de couches de synthé aux dimensions que seule l'inconnu peut en prétendre la paternité; AT THE EDGE OF EVERYTHING est une fascinante odyssée musicale au cœur du mysticisme des visions aborigènes de Steve Roach. Le spectacle a dû être impressionnant à voir. Il ne reste que les sons, la musique. Mais elle est sculptée avec tellement de passion que l'on peut aisément imaginer bien plus que ce que les spectateurs ont vu. Une œuvre magistrale, point!

Sylvain Lupari (03/04/14) *****

Disponible au Projekt Records Bandcamp

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