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  • Writer's pictureSylvain Lupari

STEVE ROACH: Future Flows (2013) (FR)

Sa beauté réside dans cette fusion des œuvres ambiantes taciturnes et de celles plus oniriques, plus mélodieuses de Steve Roach

1 An Omnipresent Sense Prevails 10:58  

2 Spectrum of Change 9:35  

3 Air Meditation 5:55  

4 The Texture of Remembering 11:14  

5 Rapt in Night 4:04  

6 Heart of Light 3:52  

7 The Future Flows from Here 16:59

8 Regeneration Revelation 8:21

(CD/DDL 71:03) (V.F.)

(Deep ambient music)

Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu mes rendez-vous avec Steve Roach. Même si le shaman synthésiste de l'Arizona multiplie les œuvres qui ont tous une structure apparente, il subsiste dans chacune d'elles une âme musicale unique qui différencie Steve Roach des autres fabricants de structures ambiantes. Deuxième opus d'une trilogie à terminer qui a débuté avec Soul Tones à l'hiver 2012, FUTURE FLOWS nous entraîne dans un univers sonore expérimental où Steve Roach manipule les sons en les sculptant comme un ébéniste travaille le bois. Son but visé est d'insuffler à sa musique une aura spectrale qui flottera dans nos oreilles comme les fantômes des nomades du désert enrichissent ses légendes.

Et ses souffles de synthé sont toujours aussi chauds. Aussi chaleureux, comme des brises amicales qui nous rappellent à nos émotions intérieures. Sur An Omnipresent Sense Prevails, ils caressent nos oreilles avec des harmonies spectrales que l'on perçoit dans les susurrements diaphanes qui flottent avec une légèreté ombragée. Il y a des mouvements linéaires et d'autres plus mouvants en des couches de synthé qui flottent de leurs longues ailes musicales, tournoyant paresseusement au-dessus de nos perceptions. Ce faisant, deux entités sonores s'affrontent; une placide qui souffle comme des vents bornés sur un horizon noirci de ses spectres et l'autre plus musicale qui flotte comme des murmures séraphiques. Mais l'un comme dans l'autre, nous sommes dans l'antre de la série Immersion, mais avec plus d'incandescence. En fait, oublions ça et parlons plutôt de Structures from Silence, car Spectrum of Change est un havre de sérénité avec son monceau de strates de synthé, aussi douces que musicales, qui flottent entre deux oreilles qui ne peuvent s'empêcher de faire un lien avec ce monument d'atmosphères chloroformiques qu'est Structures from Silence. Surfant sur les vestiges harmoniques de Spectrum of Change, Air Meditation atterrit dans nos oreilles dans une symphonie de souffles spectraux tissés serrés qui fredonnent de l'air et flottent sur des souffles devenus irisés. Les premiers crépitements d'un semblant de rythme déferlent avec une douceur astrale sur l'introduction de The Texture of Remembering. Ce sont des gazouillis électroniques qui pétillent en boucles sur des ondes d'un synthé toujours très introspectif. Ce mariage d'harmonies et d'ambiances aux paradoxes de la sérénité fait émerger de fines éruptions qui tonnent sourdement tout au long de ce concerto pour criquets enrhumés. Et les vents reprennent un peu plus de vigueur, camouflant les chants d'amour des bestioles électroniques et concluant la première partie de FUTURE FLOWS.

Aussi apaisant que Spectrum of Change, Rapt in Night veille sur notre sommeil avec la justesse du dieu Morphée alors que, plus agressif, Heart of Light déchire le silence de ses oblongues strates lumineuses qui flottent avec autant d'acuité que de lourdeur. The Future Flows from Here démontre toute la splendeur de Steve Roach pour sculpter des ombres chantantes à partir du néant. Il y a une étrange vie organique qui scintille et palpite derrière ces morphiques couches de synthé qui valsent avec le vide, étreignant nos songes et les faisant flotter dans des vapeurs d'éther. Certains reconnaîtront des airs de The Magnificient Void alors que moi j'entends les fantômes de Back to Life errer dans ce superbe duel anesthésiant qui tranquillement dérive vers la sérénité des âmes regrettées pour s'immoler dans l'âtre du très morphique et tranquille Regeneration Revelation.

La beauté de FUTURE FLOWS est cette fusion des œuvres ambiantes taciturnes et celles plus oniriques, plus mélodieuses de Steve Roach. Et le résultat est enivrant. On a beau photographier les espaces, les déserts et la nature à tour de bras, qu'il ressort toujours une photo pour subjuguer. Et ce, année après année, voyage après voyage. C'est la façon de voir la musique de Steve Roach. Seul dans son vaste studio et encerclé des ambiances d'un immense territoire riche en légendes et en possibilités astrales, le magicien de Timeroom affiche les reliques d'une vie riche en trésors spirituels. Et pour éviter les pièges des structures mortes qu'il lui-même tellement mises en musique, le synthésiste de l'Arizona fait fi du temps, brode des nouvelles tonalités et jeu sur les deux reflets de son miroir introspectif. Un intense monument d'ambiances…mais il me semble que je me répète!

Sylvain Lupari (08/05/13) *****

Disponible chez Projekt Records Bandcamp


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