“La route menant à The Path of Isolation est de gros rythmes dans des ambiances ocrées”
1 The Uncertainty 14:52
2 The Threat 7:42
3 I'll be There 9:18
4 The Makeover 10:23
5 Tears in my Eyes 13:00
6 We'll Meet Again 12:30
(CD-r/DDL 67:47)
(Belgian School)
Une vague de sons venant d'aussi loin que les sternes de mer coiffent la lente ouverture de The Uncertainty. Des bruits d'une nature qui veut reprendre ses droits explosent un peu partout alors que la mutation du cri du sterne pour celui d'un pachyderme infirme nous fait réfléchir sur l'actuel état de notre planète. Est-ce si pire? Danny Budts n'a pas de réponses! Juste des pistes de réflexions qu'il partage avec nous à travers les 6 chapitres et les 68 minutes de THE PATH OF ISOLATION. Complice de l'actuelle pandémie et de l'isolement qui en découle, ce nouvel album de Syndromeda nous propose un musicien et son regard mélancolique, comme en fait foi ce morose mais très beau chant d'un synthé à la Pink Floyd qui inonde nos oreilles autour de la 3ième minute de The Uncertainty. Un nouveau rush de vagues sonores nous amènes à un premier mouvement du séquenceur qui fait balancer une ligne d'ions sautillants dans une horde de voix chthoniennes. Va et vient, monte et descends et continuellement traversé par ces vagues de sons, le rythme est du pur Belin School analogue avec un mystifiant effet d'écho lorsqu'un élément de rythme reste accroché à cette spirale ascensionnelle. En fait, c'est une permutation rythmique qui tente de survivre dans une lente transformation où le rythme continu d'avancé sous de plus gros effets de vagues de sons, un peu comme des réacteurs d'avions. The Threat est le seul titre de THE PATH OF ISOLATION a ne pas procéder avec une longue ouverture et une lente finale. Le séquenceur sort son venin grésillant dans un mouvement d'alternance en stéréo des ions qui semblent trop lourds pour supporter le poids de leur rage. Tant qu'une seconde ligne vient appuyer la première en même temps que les cliquetis de percussions crépitent et que les solos de synthé embellissent cette démarche incertaine. L'image que j'ai est l'équivalent d'une horde de guerriers ramant avec fureur. On atteint ce point où ce rythme est plus menaçant avec son statut élastique autour de la 4ième minute. Des arpèges virevoltent dans un niveau de créativité qui me fait penser à du bon Synergy. S'ayant tu pour quelques secondes, le rythme hoquète avant de reprendre sa forme toujours aussi menaçante que l'esprit de son titre, The Threat. Les effets sonores d'un orage explosif en ouverture de I'll be There sont d'un réalisme décapant! Ces ambiances accaparent les 4 premières minutes du titre qui se met à marcher dans la signature de Syndromeda. Le mouvement est minimaliste et circulaire. Permettant à Danny Budts de le surcharger avec des tonalités organiques et de très beaux solos qui sillonnent la route des 5 dernières minutes du titre.
The Makeover propose la partie résonnante d'un gros gong dont la poussière vibrionnante et amplifiée devient un gros bourdonnement toxique. Des pulsations naissent et résonnent autour des 90 secondes, préparant la table à une première structure de rythme titubante, alors que la seconde est plus stable. Ces deux lignes font sauter leurs ions simultanément dans une structure linéaire que le synthé arrose de solos de solos qui chantent en symbiose avec le rythme à peine plus entrainant qu'ambiant. Les solos plus acuités et le séquenceur en mode dribblage d'ions sauteurs, The Makeover plonge, autour de la 6ième minute dans une phase atmosphérique nourrie par la toxicité qui se dégage dès ses premiers effets réverbérants. Un effet de voix, j'entends presque Tears in my Eyes, nous surprend dans ce 5ième titre de THE PATH OF ISOLATION. Cette nappe d'ambiances ondoyante est un peu touchante et débloque sur un vocodeur. Son monologue est difficile à décrire, mais pas les ambiances de désolations qui me rappelle ces phases d'éther flottant dans les premiers albums de Neuronium. Un gros woosshh macule la 5ième minute, moment choisi par le séquenceur pour sculpter une ligne qui dribble en sautillant. L'enveloppe est très rétro, au cœur des années analogues, avec cette ligne de rythme qui peu à peu se retrouve seule sous les incantations du vocoder dans les ambiances d'une nuit martienne retournant à ses origines. Un vocodeur qui est aussi présent dans l'ouverture de bruits organiques de We'll Meet Again. Une ouverture intense, tant par la voix qui chante Sunny Days que par les effets réverbérants sur une nappe de synthé aux senteurs ocrées. Une séquence sort de ces régurgissements réverbérants, sautillant maladroitement sur un mode ascensionnel. Il sert la cause du synthé qui signe de beaux solos sur une structure spasmodique ambiante. Le rythme prend une nouvelle tangente autour de la 7ième minute. Les oscillations sont plus vives et rapprochées. Elles courent sur des pads de synthé qui enduit le mouvement d'une brume jaunâtre. Une autre séquence sort, comme un sortilège, se démenant comme un pantin désarticulé sur un bon Berlin School victime d'un traumatisme… il y a des lunes. Et comme dans Tears in my Eyes, We'll Meet Again fait la route inverse pour retourner à ses origines introductives.
Il n'y a rien de facile dans l'univers de Syndromeda, tant Danny Budts aime surprendre son public. L'élément surprise de THE PATH OF ISOLATION est plus que le vocodeur! C'est cette couleur ocrée qu'il injecte sur ses ambiances qui sortent du cadre cosmique dans cet album. Quand aux rythmes; ils sont lourds, vrombissants…ils sont Syndromeda.
Sylvain Lupari (06/05/21) *****
Disponible au SynGate Bandcamp
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