“Du E-rock dynamité, 220 Volt Live est l'album à ne pas manquer de cette époque moins glorieuse de Tangerine Dream”
1 Oriental Haze 6:52 2 Two Bunch Palms 5:48 3 220 Volt 9:01 4 Homeless 9:48 5 Sundance Kid 8:04 6 Backstreet Hero 8:49 7 The Blue Bridge 4:47 8 Hamlet 8:30 9 Dreamtime 3:46 10 Purple Haze 3:32 11 Treasure of Innocence 3:41 Miramar | MPCD2804
(CD 72:40) (E-Rock!)
L'univers est truffé de bizzaretés! Prenez ce 220 VOLT LIVE. Enfin je vais vous en parler! À chaque fois que je voulais aborder le sujet, je m'en sentais incapable. Incapable de bien trouver les mots, incapable de lui donner les lettres de noblesse qu'il mérite amplement. En chronologie, j'avais déjà abandonné le bateau d'Edgar Froese après le très décevant Lily on the Beach. Déjà que Melrose m'avait désappointé je m'étais finalement dit que s'en était fini avec Tangerine Dream. Mais voilà, le groupe se pointe à la Place des Arts de Montréal à l'automne 92. J'y vais dans l'espoir d'entendre le genre de concert que le trio avait donné quelques 6 ans plus tôt à la Place des Nations. Le résultat en était tout autre avec de la vrai dynamite compactée et un concert survolté qui était trop rock électronique et pas assez ambiant. J'étais mi-figue mi-raisin. Comme la MÉ était difficilement accessible de ce côté de la planète, j'ai trouvé par pur hasard 220 VOLT LIVE dans une boutique d'albums usagés des années plus tard. J'ai acheté et je l'ai mis de côté. Un soir que j'étais en voiture, j'ai finalement mis le CD dans le lecteur et...boom! J'en ai eu le souffle coupé. C'est mon histoire d'amour avec TD. J'ai aimé, j'ai quitté. J'y suis retourné parce que j'espérais et j'ai requitté parce que j'étais déçu à nouveau. Et toujours, il y a un truc qui me recolle. Comme avec cet album.
Une série de lignes de synthé s'échappe des applaudissements pour s'enchevêtrer en une longue onde qui entre dans nos oreilles comme un effet de cinéma THX. Des séquences fébriles agitent les ambiances ornées de nappes de voix tandis que des percussions sculptent un bon rock électronique nappé de lignes de synthé qui sortent de la période métallique du Dream. Et lorsque le rythme se repose un peu, mais toujours avec ces séquences stationnaires en toile de fond, le saxophone de Linda Spa, qui passe un peu mieux ici, et les notes de claviers jettent une aura mélodieuse à saveur très New Age de la Côte Ouest américaine. Oriental Haze donne le ton à un album bourré d'addictifs soniques qui sied très bien à la portée unique de son titre. Ce n'est pas toujours bouillonnant, ni plein de rythmes dynamités. Oriental Haze offre une finale très ambiosphérique, ce que l'on a appris à surnommer les ponts musicaux, avec des parfums de Legend qui flottent jusqu'à ce notre ouïe foule l'ouverture de Two Bunch Palms. Les séquences miroitent avec splendeur et une ligne de basse jette des impulsions qui donnent une touche dramatique à l'introduction d'un titre qui sortira le brillant Zlatko Perica de l'ombre. C'est là que l'énergie contagieuse de cet album débute. La guitare est féroce et crache autant de riffs que de solos, tout en structurant un apport mélodique qui survit très bien à l'agitation stationnaire des séquences et à une batterie électronique soutirée d'une boîte à rythmes déchaînée. Et plus les minutes passent et plus la guitare deviendra la pierre angulaire de cet album en concert d'une rare énergie pour de la MÉ. Les séquences et basses pulsations jouent au jeu du chat et de la souris avec des passages brusques qui n'ont rien à voir avec le pattern de séquences. Two Bunch Palms s'évanouit dans une finale plus mélodieuse qui met la table au fougueux 220 Volt et son rythme spasmodique où séquences et percussions se tiraillent sous de bons effets de synthé que l'on a entendu en ouverture de Oriental Haze. Un titre énergique sans vraiment d'âme, 220 Volt trouve son point d'intérêt en période médiane où le rythme est moins fou et la guitare de Zlatko Perica plus présente. Disons que c'est un long titre qui aurait gagné à être plus court. Idem pour Homeless, sauf qu'ici la guitare sauve la mise en plongeant le rythme dans un bon lent tempo assez éthéré pour les ambiances. Après une introduction mélodieusement nostalgique, Sundance Kid expose une série de séquences dont les vives oscillations tissent le mouvement ondulatoire d'un long drap rythmique emporté par les vents. Des percussions ajoutent plus de poids avec de lourds martèlements alors que les nappes de voix si cher à Edgar tapissent une toile de fond qui se perd de plus en plus sous l'avalanche de percussions, de percussions basses et de séquences qui déboulent maintenant à vive allure. C'est une bonne structure rythmique qui s'évapore dans les ambiances éthérées d'une longue finale. Backstreet Hero reprend la route des rythmes endiablés qui sont continuellement agressés par la guitare très incisive de Zlatko Perica. The Blue Bridge suit avec une belle approche de Jazz Bluesy avec une Linda Spa moins pénible à supporter. Un beau petit titre mélodieux qui invite Edgar à prendre sa six-cordes électriques pour les fougueux solos de guitare de Hamlet; le point fort de cet album et l'un des très bons titres du répertoire de Tangerine Dream dans ses années Miramar. Un gros rock électronique fougueux avec un rythme entraînant, très entraînant, et dynamisé par une âme. Celle d'Edgar qui est aussi juteux que dans les années 70. Dreamtime sonne la finale avec une belle ballade où les synthés, la guitare et le saxophone s'échangent des harmonies qui deviennent de plus en plus saisissantes. Idéal pour verser quelques larmes dans un film d'amour! Purple Haze? Nah nah, pas capable! Treasure of Innocence conclut cet album en concert avec une ballade du style que l'on retrouvera dans Turn of the Tides. Pas mauvais, mais pas vraiment intéressant. J'aurais fini avec Dreamtime!
Je sais que ça peut paraître bizarre. Que je manque de crédibilité considérant que j'ai toujours détesté cette période de Tangerine Dream, et croyez-moi j'ai essayé d'aimer Rockoon et Lilly on the Beach, mais ce 220 VOLT LIVE m'a rentré dedans comme une tonne de briques. De la dynamite pure avec un beau degré d'émotivité. Chose que l'on ne trouvera pas chez sa copie plus longue, Arizona '92 qui manque cruellement de cette énergie que l'on retrouve ici. Qu'est-ce qui fait la différence? Le mixage? Le mastering? On s'en fout!!! C'est juste très bon, même lorsque ce l'est moins.
Sylvain Lupari (05/09/11) ****¼*
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